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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
les sermons du pauvre cure d'ars
23 septembre 2013

VOS AFFAIRES VONT-ELLES MIEUX ?

 

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Un autre désordre qui règne dans les ménages et entre les ouvriers, ce sont les impatiences, les murmures, les jurements. Eh bien ! Mes frères, que gagnez-vous par vos impatiences et vos murmures ? Vos affaires en vont-elles mieux ? En souffrez-vous moins ? N’est-ce pas tout le contraire ? Vous en souffrez davantage, et ce qu’il y a encore de plus malheureux, c’est que vous en perdez tout le mérite pour le ciel. Mais, me direz-vous peut-être, cela est bien bon pour ceux qui n’ont rien à endurer ; si vous étiez à ma place, vous feriez peut-être encore pis. Je conviens bien de tout cela, mes frères, si nous n’étions pas chrétiens, si nous n’avions pas d’autre espérance que les biens et les plaisirs que nous pouvons goûter en ce monde. Si, dis-je, nous étions les premiers qui souffrions ; mais, depuis Adam jusqu’à présent, tous les saints ont eu quelque chose à souffrir, et la plus grande partie, beaucoup plus que nous ; mais ils ont souffert avec patience, toujours soumis à la volonté de Dieu, et à présent, leurs peines sont finies, leur bonheur qui est commencé ne finira jamais. Ah ! Mes frères, regardons ce beau ciel, pensons au bonheur que Dieu nous y prépare, et nous endurerons tous les maux de la vie, en esprit de pénitence, avec l’espérance d’une récompense éternelle. Si vous aviez le bonheur, le soir, de pouvoir dire que votre journée est toute pour le bon Dieu !

Je dis que les ouvriers, s’ils veulent gagner le ciel, doivent souffrir avec patience la rigueur des saisons, la mauvaise humeur de ceux qui les font travailler ; éviter ces murmures et ces jurements si communs entre eux et remplir fidèlement leur devoir. Les époux et les épouses doivent vivre en paix dans leur union, s’édifier mutuellement, prier l’un pour l’autre, supporter leurs défauts avec patience, s’encourager à la vertu par leurs bons exemples et suivre les règles saintes et sacrées de leur état, en pensant qu’ils sont les enfants des saints, et que, par conséquent, ils ne doivent pas se comporter comme des païens qui n’ont pas le bonheur de connaître le vrai Dieu. Les maîtres doivent prendre les mêmes soins de leurs domestiques que de leurs enfants, en se rappelant ce que dit Saint Paul : que s’ils n’ont pas soin de leurs domestiques, ils sont pires que des païens, ils seront punis plus sévèrement au jour du jugement. Les domestiques sont pour vous servir et vous être fidèles, et vous devez les traiter non comme des esclaves, mais comme vos enfants et vos frères. Les domestiques doivent regarder leurs maîtres comme tenant la place de Jésus Christ sur la terre. Leur devoir est de les servir avec joie, de leur obéir de bonne grâce, sans murmures, et soigner leur bien comme le leur propre. Les domestiques doivent éviter entre eux ces actes extrêmement familiers qui sont si dangereux et si funestes à l’innocence. Si vous avez le malheur de vous trouver dans une de ces occasions, vous devez la quitter, quoi qu’il vous en coûte : c’est précisément là où vous devez suivre le conseil que Jésus christ vous donne, en vous disant que si votre œil droit, ou votre main droite vous sont une occasion de péché, arrachez-les et les jetez loin de vous, parce qu’il vaut mieux aller au ciel avec un œil ou une main de moins, que d’être précipité en enfer avec tout votre corps ; c’est-à-dire que, quelque avantageuse que soit la condition où vous êtes, il faut la quitter sans délai, sans quoi, jamais vous ne vous sauverez. Préférez, nous dit Jésus Christ, votre salut, parce que c’est la seule chose que vous devez avoir à cœur ! Hélas ! Mes frères, qu’ils sont rares ces chrétiens qui sont prêts à tout souffrir plutôt que d’exposer le salut de leur âme.

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23 septembre 2013

PARTOUT OU LE PECHE SE COMMETTRA

 

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Comment, vous vous plaignez de ce que vos bêtes périssent ? Vous avez sans doute oublié tous ces crimes qui se sont commis pendant cinq ou six mois de l’hiver dans vos écuries ? Vous avez oublié ce que dit l’Esprit Saint : « Que partout où le péché se commettra, la malédiction du Seigneur tombera. » Hélas ! Combien de jeunes gens qui auraient encore leur innocence s’ils n’avaient pas été à certaines veillées et qui, peut-être, ne reviendront jamais à Dieu ? N’est-ce pas encore, au sortir de là, que vont courir les jeunes gens qui forment des liaisons qui, le plus souvent, finissent par le scandale et la perte de la réputation d’une jeune fille ? N’est-ce pas là que ces jeunes libertins, après avoir vendu leur âme au démon, vont encore perdre celles des autres ? Oui, mes frères, les maux qui en découlent sont incalculables. Si vous êtes chrétiens, et que vous désiriez sauver vos âmes et celles de vos enfants et de vos domestiques, vous ne devez jamais tenir de veillées chez vous, à moins que vous n’y soyez vous, un des chefs de la maison, pour empêcher que Dieu ne soit offensé. Lorsque vous êtes tous entrés, vous devez fermer la porte et n’y laisser entrer personne. Commencez votre veillée en récitant une ou deux dizaines de votre chapelet pour attirer la protection de la Sainte Vierge, ce que vous pouvez en travaillant. Ensuite, bannissez toutes ces chansons lascives ou mauvaises : elles profanent votre cœur et votre bouche qui sont les temples de l’Esprit Saint, ainsi que tous ces contes qui ne sont que des mensonges et qui, le plus ordinairement, sont contre des personnes consacrées à Dieu, ce qui les rend plus criminels. Et vous ne devez jamais laisser aller vos enfants dans les autres veillées. Pourquoi est-ce qu’ils vous fuient, sinon pour être plus libres ? Si vous êtes fidèles à remplir vos devoirs, Dieu sera moins offensé et vous, moins coupables.

 

 

22 septembre 2013

LE TUYAU DE L'ENFER

 

 

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Il y a encore un désordre d’autant plus déplorable qu’il est plus commun, ce sont les paroles libres. Non, mes frères, rien de plus abominable, de plus affreux que ces paroles. En effet, mes frères, quoi de plus contraire à la sainteté de notre religion que des paroles impures ? Elles outragent Dieu, elles scandalisent le prochain. Pour parler plus clairement, elles perdent tout. Il ne faut souvent qu’une parole déshonnête pour occasionner mille mauvaises pensées, mille désirs honteux, peut-être même pour faire tomber dans un nombre infini d’autres infamies, et pour apprendre aux âmes innocentes le mal qu’elles avaient le bonheur d’ignorer. Eh quoi ! Mes frères, un chrétien peut-il bien se laisser occuper l’esprit de telles horreurs, un chrétien qui est le Temple de l’Esprit Saint, un chrétien qui a été sanctifié par l’attouchement du corps adorable et par le sang précieux de Jésus Christ ! O mon Dieu, que nous connaissons peu ce que nous faisons en péchant ! Si notre Seigneur vous dit que l’on peut connaître un arbre à son fruit, jugez d’après le langage de certaines personnes quelle doit être la corruption de leur cœur, et cependant, rien de plus commun. Quelle est la conversation des jeunes gens ? Ont-ils autre chose à la bouche ? Entrez, oserai-je le dire avec saint Jean Chrysostome, entrez dans ces cabarets, c’est-à-dire dans ces repaires d’impureté. Sur quoi roule la conversation, même parmi les personnes d’un certain âge ? Ne vont-ils pas jusqu’à se faire gloire à celui qui en dira le plus ? Leur bouche n’est-elle pas semblable à un tuyau dont l’enfer se sert pour vomir toutes les ordures de ses impuretés sur la terre, et entraîner les âmes à lui ? Que font ces mauvais chrétiens, ou plutôt ces envoyés des abîmes ? Sont-ils dans la joie ? Au lieu de chanter les louanges de Dieu, ce sont les chansons les plus honteuses qui devraient faire mourir un chrétien d’horreur. Ah ! Grand Dieu ! Qui ne frémirait pas en pensant au jugement que Dieu en portera. Si, comme Jésus Christ nous l’assure lui-même, une seule arole inutile ne restera pas sans punition, hélas ! Quelle sera donc la punition de ces discours licencieux, de ces propos indécents, de ces horreurs infâmes, qui font dresser les cheveux ? Voulez-vous concevoir l’aveuglement de ces pauvres malheureux, écoutez ces paroles :

« Je n’ai point de mauvaise intention, vous disent-ils encore ; c’est pour rire, ce ne sont que des bagatelles et des bêtises qui ne font rien. »

«Eh quoi ! Mes frères, un péché aussi affreux aux yeux de Dieu, un péché, dis-je, que le sacrilège seul peut surpasser ! C’est une bagatelle pour vous ! Oh ! C’est que votre cœur est gâté et pourri. Oh ! Non, non, l’on ne peut pas rire et badiner de ce que nous devrions fuir avec plus d’honneur qu’un monstre qui nous poursuit pour nous dévorer. D’ailleurs, mes frères, quel crime d’aimer ce que Dieu veut que nous détestions souverainement ! Vous me dites que vous n’avez point de mauvaise intention : mais dites-moi aussi, pauvre et misérable victime des abîmes, ceux qui vous entendent en auront-ils moins de mauvaises pensées et de désirs criminels ? Votre intention arrêtera-t-elle leur imagination et leur cœur ? Parlez plus clairement en disant que vous êtes la cause de leur perte et de leur damnation éternelle. Oh ! Que ce péché jette des âmes en enfer ! L’Esprit Saint nous dit que ce maudit péché d’impureté a couvert la surface de la terre. Non, mes frères, non, je ne vais pas plus loin en cette matière ; j’y reviendrai dans une instruction, où j’essaierai de vous le dépeindre encore avec bien plus d’horreur.

 

 

 

 

22 septembre 2013

SAINT NICOLAS ROULAIT AUTOUR DE TROIS DEMOISELLES

 

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Mais, dites-moi, mes frères, sur quoi sont fondés tous ces jugements et ces sentences ? Hélas ! C’est sur de faibles apparences et, le plus souvent, sur un on dit. Mais, peut-être me direz-vous que vous avez vu et entendu. Hélas ! Vous pouvez la même chose vous tromper en voyant et en entendant, vous allez le voir… Voici un exemple qui va vous montrer, comme on ne peut pas mieux, que nous pouvons facilement nous tromper, et que nous nous trompons presque toujours. Dites-moi, mes frères, qu’auriez-vous dit si vous aviez vécu du temps de Saint Nicolas, et que vous l’eussiez vu venir, au milieu de la nuit, tourner autour de la maison de trois jeunes demoiselles, examinant bien et prenant bien garde que personne ne le vît. Voilà un évêque, auriez-vous tout de suite pensé, qui déshonore son caractère, c’est un fameux hypocrite. Dans l’église, il semble être un saint, et le voilà, au milieu de la nuit, à la porte de trois demoiselles, qui n’ont pas trop bonne réputation. Cependant, mes frères, cet évêque qui très certainement serait condamné, était un grand saint et très chéri de Dieu. Ce qu’il faisait était la meilleure œuvre du monde. Afin d’éviter à ces jeunes personnes la honte de demander, il venait la nuit et leur jetait de l’argent par leur fenêtre, craignant que la pauvreté les fît s’abandonner au péché.

Ce qui doit nous porter à ne jamais juger des actions de notre prochain sans avoir bien réfléchi auparavant. Et encore, seulement lorsque nous sommes chargés de la conduite de ces personnes, comme les pères et mères, les maîtres et maîtresses. Pour toute autre personne, nous faisons presque toujours mal. Oui, mes frères, j’ai vu des personnes jugeant mal les intentions de leur prochain, dont je savais très bien que les intentions étaient bonnes. J’avais beau le leur faire comprendre, cela ne faisait rien. Ah ! Maudit orgueil, que tu fais de mal et que tu conduis d’âmes en enfer ! Dites-moi, mes frères, sommes-nous mieux fondés sur les jugements que nous portons sur les actions de notre prochain, que ceux qui auraient vu saint Nicolas qui roulait autour de cette maison, et qui tâchait de trouver la porte de la chambre de ces trois demoiselles ? Ce n’est pas à nous que les autres doivent rendre compte de la vie, mais à Dieu seul. C’est vouloir nous établir juge de ce qui ne nous regarde pas. Les péchés des autres seront pour les autres, c’est-à-dire pour eux, et les nôtres, pour nous. Le bon Dieu ne nous demandera pas compte de ce que les autres ont fait ; mais bien de ce que nous aurons fait nous-mêmes. Prenons seulement garde à nous et ne nous tourmentons pas tant des autres, en pensant et en disant ce qu’ils ont fait ou dit.  Tout cela, mes frères, n’est que peine perdue, qui ne peut venir que d’un fond d’orgueil semblable à celui de ce pharisien qui n’était occupé qu’à penser et à juger mal de son prochain, au lieu de bien s’occuper de lui-même et de gémir sur sa pauvre vie. Non, mes frères, laissons la conduite du prochain de côté, contentons-nous de dire, comme le saint roi David : « mon Dieu, faites-moi la grâce de me connaître, tel que je suis, afin que je voie ce qui peut vous déplaire, pour que je puisse me corriger, me repentir et obtenir le pardon. » Non, mes frères, tant qu’une personne s’amusera à examiner la conduite des autres, ni elle ne se connaîtra, ni elle ne sera au bon Dieu.

22 septembre 2013

OH ! TOUT LE MONDE LE DIT !

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Dira-t-on du bien d’une fille en racontant ses bonnes qualités ? Ah ! Vous dira l’un, si elle a de bonnes qualités, elle en a bien aussi de mauvaises. Elle fréquente la compagnie d’un tel qui n’a pas trop bonne réputation. Je suis bien sûr qu’ils ne se voient pas pour faire le bien. Et voilà une telle, qui va bien parée et qui pare bien ses enfants : elle ferait bien mieux de payer ce qu’elle doit. A voir une telle : elle paraît bonne et affable à tout le monde, si vous la connaissiez come moi, vous en jureriez bien autrement : elle ne fait toutes ces grimaces que pour mieux cacher ses désordres. Un tel va la demander en mariage, mais s’il me demandait conseil, je lui dirais ce qu’il ne sait pas… Qui est cette personne qui passe ? Dira un autre. Hélas ! Mon ami, quand vous ne la connaîtriez pas, il n’y aurait pas grand mal. Je ne vous en dis rien de plus. Fuyez seulement sa compagnie, c’est un véritable scandaleux. Tout le monde le regarde comme tel. Tenez, c’est encore comme cette femme qui fait la sage et la dévote, il n’y a pas de plus mauvaise personne que la terre puisse porter. D’ailleurs, c’est l’ordinaire que ces personnes qui veulent se faire passer pour être vertueuses ou, si vous voulez, pour être sages, sont des méchantes, et les plus rancuneuses.

« Peut-être que cette personne vous a fait quelque outrage ? »

« Oh ! Non mais vous savez bien qu’elles sont toute de même. Je me suis trouvé un jour avec une de mes anciennes connaissances, c’est un bon ivrogne et un fameux insolent ».

« Peut-être, lui dira l’autre, qu’il vous a fait quelque chose qui vous a fâché ? »

« Ah ! Non, il ne m’a jamais rien dit qui ne fût de dire mais tout le monde regarde comme cela. »

« Si ce n’était pas vous qui me le disiez, je ne voudrais pas le croire. »

« Quand il est avec ceux qui ne le connaissent pas, il sait assez faire l’hypocrite, pour faire croire qu’il est un homme honnête. C’est comme, un jour, je me suis trouvé avec un tel que vous connaissez bien, c’est aussi un homme vertueux. S’il ne fait de tort à personne, il ne faut pas lui en savoir gré, c’est bien quand il ne peut pas mieux faire. Je vous assure que je ne voudrais pas me trouver seul avec lui. »

« Peut-être, lui dira l’autre, qu’il vous a fait tort quelquefois ? »

« Non, jamais, parce que je n’ai rien eu à faire avec lui. »

« Et comment savez-vous donc qu’il est si mauvais sujet ? »

« Oh ! Ce n’est pas malaisé de le savoir, tout le monde le dit. C’est comme celui qui était un jour avec vous : à l’entendre parler, l’on dirait qu’il est l’homme le plus charitable du monde, et qu’il ne peut rien refuser à celui qui lui demande quelque chose ; tandis que c’est un avare fini, qui ferait dix lieues pour gagner deux sols. Je vous assure que maintenant, l’on ne peut avoir confiance en personne. C’est comme celui qui vous parlait tout à l’heure : il fait bien ses affaires, il se tient bien, tous ceux de chez lui vont bien rangés. Ce n’est pas bien malaisé, il ne dort pas toute la nuit. »

« Peut-être que vous l’avez vu prendre quelque chose ? »

« Oh ! Non, je ne lui ai jamais vu rien prendre. Mais l’on a dit qu’une belle nuit, il est rentré chez lui bien chargé. D’ailleurs, il n’a pas trop bonne réputation. »

Il conclut, en disant : « Je vous assure que je ne suis pas sans défaut, mais je serais bien fâché de si peu valoir que ces gens-là. »

Voyez-vous ce fameux pharisien qui jeûne deux fois la semaine, qui paie la dîme de tout ce qu’il possède, et qui remercie le bon Dieu de n’être pas comme le reste des hommes, qui sont injustes, voleurs et adultères ! Voyez-vous cet orgueil, cette haine et cette jalousie ? »

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22 septembre 2013

LA LANGUE DU MEDISANT, UNE CHENILLE

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Une pauvre personne, une fois sur la langue des médisants, est semblable à un grain de blé sous la meule du moulin : ils ont déchiré, écrasé et entièrement détruit. Ces personnes-là vous prêteront des intentions que vous n’avez jamais eues, elles empoisonneront toutes vos actions et vos démarches : si vous avez de la piété, que vous vouliez remplir fidèlement vos devoirs de religion ; vous n’êtes plus qu’un hypocrite, un dieu d’église et un démon de maison. Si vous faites des bonnes œuvres, elles penseront que c’est par orgueil, pour vous faire voir. Si vous fuyez le monde, vous serez un être singulier, une personne qui est faible d’esprit. Si vous avez soin de votre bien, vous n’êtes plus qu’un avare. Disons mieux, mes frères : la langue du médisant est comme un ver qui pique les bons fruits, c’est-à-dire les meilleures actions du monde et tâche de les tourner en mauvaise part. La langue du médisant est une chenille qui salit les plus belles fleurs en y laissant la trace dégoûtante de son écume.

22 septembre 2013

VOTRE COEUR N'EST QU'UN TAS D'ORGUEIL

 

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Mais, me direz-vous peut-être, nous ne jugeons que ce que nous voyons, et d’après ce que nous avons entendu, et ce dont nous sommes les témoins :

« Je l’ai vu faire l’action, donc je l’assure. Je l’ai entendu de mes oreilles, ce qu’il a dit. D’après cela, je ne puis pas me tromper. »

Eh bien ! Moi, je vous dirai de commencer à rentrer dans votre cœur qui n’est qu’un tas d’orgueil, qui en est tout rôti : vous vous reconnaîtrez infiniment plus coupable que celui que vous jugez si témérairement, et vous avez grandement lieu de craindre qu’un jour, vous ne le voyiez entrer dans le ciel, tandis que vous serez, vous, traînés avec les démons dans les enfers ! « Ah ! Malheureux orgueilleux, nous dit Saint Augustin, vous osez juger votre frère sur les moindres apparences du mal, et savez-vous s’il ne s’est pas repenti de sa faute, et s’il n’est pas au nombre des amis de Dieu ? Prenez garde seulement qu’il ne prenne pas la place que votre orgueil vous met en grand danger de perdre. » Oui, mes frères, tous ces jugements téméraires et toutes ces interprétations ne viennent que d’une personne qui a un orgueil secret, qui ne se connaît pas, et qui ose vouloir connaître l’intérieur de son prochain : ce qui n’est connu que de Dieu seul. Hélas ! Mes frères, si nous pouvions venir à bout de déraciner  ce premier péché capital de notre cœur, jamais notre prochain ne ferait mal selon nous. Jamais nous ne nous amuserions à examiner sa conduite. Nous nous contenterions de pleurer nos péchés et de travailler, tant que nous pourrions, à nous corriger, et rien autre.

 

22 septembre 2013

LES MAUVAISES LANGUES

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Les uns médisent par envie, c’est ce qui arrive, surtout parmi les gens du même état, pour s’attirer les pratiques. Ils diront du mal des autres : que leurs marchandises ne valent rien, ou qu’ils trompent, qu’il n’y a rien chez eux et qu’il leur serait impossible de donner la marchandise à ce prix, que plusieurs personnes s’en sont plaintes… Qu’ils verront bien qu’elle ne leur fera pas bon usage… Ou bien que le poids n’y est pas ni la mesure. Un journalier dira qu’un autre n’est pas bon ouvrier, que voilà combien de maisons où il va, et qu’on n’en est pas trop content ; il ne travaille pas, il s’amuse. Ou bien : il ne sait pas travailler. « Ce que je vous dis, il n’en faut rien dire, ajoutent-ils, parce que cela lui porterait perte. « Il faut, lui dites-vous ? Il valait bien mieux, vous-mêmes ne rien dire, cela aurait été bien plus tôt fait. »

Un habitant verra que le bien de son voisin prospère mieux que le sien : cela le fâche, il en dira du mal. D’autres parlent mal de leur voisin par vengeance : si vous avez dit ou fait quelque chose à quelqu’un, même par devoir ou charité, ils chercheront à vous décrier, à inventer mille choses contre vous, afin de se venger. Si l’on dit du bien, cela les fâche, ils vous diront : « Il est bien comme les autres, il a bien ses défauts. Il a fait cela, il a dit cela. Vous ne le connaissez pas ? C’est que vous n’avez jamais eu à faire avec lui. »

Plusieurs médisent par orgueil, ils croient se relever en rabaissant les autres, en disant du mal des autres. Ils feront valoir leurs prétendues bonnes qualités. Tout ce qu’ils diront et feront sera bien, et tout ce que les autres diront ou feront sera mal. Mais, la plupart médisent par légèreté, par une certaine démangeaison de parler, sans examiner si c’est vrai ou non. Il faut qu’ils parlent. Quoique ceux-là soient moins coupables que les autres, c’est-à-dire que ceux qui médisent par haine, par envie ou par vengeance, ils ne sont pas sans péché. Quelque motif qui les fasse agir, ils ne flétrissent pas moins la réputation du prochain.

Je crois que le péché de médisance renferme presque tout ce qu’il y a de plus mauvais. Oui, mes frères, ce péché renferme le poison de tous les vices, la petitesse de la vanité, le venin de la jalousie, l’aigreur de la colère, le fiel de la haine et la légèreté si indigne d’un chrétien… N’est-ce pas, en effet, la médisance qui sème presque partout la discorde, la division, qui brouille les amis, qui empêche les ennemis de se réconcilier, qui trouble la paix des ménages, qui aigrit le frère contre le frère, le mari contre la femme, la belle-fille contre sa belle-mère, le gendre contre son beau-père ? Combien de ménages bien d’accord, qu’une seule mauvaise langue a mis sens dessus dessous, qui ne peuvent ni se voir, ni se parler. Qui en est la cause ? La seule mauvaise langue du voisin ou de la voisine…

Oui, mes frères, la langue d’un médisant empoisonne toutes les bonnes actions et met à jour toutes les mauvaises. C’est elle qui, tant de fois, répand sur toute une famille des taches, qui passent des pères aux enfants, d’une génération à une autre, et qui, peut-être, ne s’effaceront jamais. La langue médisante va même fouiller jusque dans le tombeau des morts, elle remue les cendres de ses pauvres malheureux, en faisant revivre, c’est-à-dire en renouvelant, leurs défauts qui étaient ensevelis avec eux dans le tombeau. Quelle noirceur ! Mes frères, de quelle indignation ne seriez-vous pas pénétrés, si vous voyiez un malheureux acharné contre un cadavre, le déchirer en mille pièces ? Cela vous ferait gémir de compassion. Eh bien ! Le crime est encore bien plus grand d’aller renouveler les fautes d’un pauvre mort. Combien de personnes, qui ont cette habitude en parlant de quelqu’un qui sera mort : « Ah ! Il en a bien fait en son temps, c’était un ivrogne accompli, un adroit fini, enfin, c’était un mauvais vivant. » Hélas ! Mon ami, peut-être que vous vous trompez, et quand serait tel que vous le dîtes, peut-être qu’il est maintenant dans le ciel, le bon Dieu l’a pardonné. Mais où est votre charité ?

22 septembre 2013

L'ENVIE, PESTE PUBLIQUE

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Comme hommes, vous le savez, mes frères, nous devons avoir de l’humanité les uns pour les autres. Mais un envieux au contraire voudrait, s’il le pouvait, détruire ce qu’il aperçoit de bien dans son prochain. Comme chrétiens, vous le savez aussi, nous devons avoir une charité sans borne pour nos frères. Mais un envieux est bien éloigné de toutes ces vertus. Il voudrait voir son frère se ruiner. Chaque trait de la bonté de Dieu envers son prochain est un coup de lance qui lui perce le cœur et le fait mourir secrètement. Puisque nous sommes tous un même corps dont Jésus Christ est le chef, nous devons faire paraître en tout, l’union, la charité, l’amour et le zèle. Pour nous rendre heureux les uns les autres, nous devons nous réjouir, comme nous dit saint Paul, du bonheur de nos frères, et nous affliger avec eux quand ils ont quelques peines. Loin d’avoir ces sentiments, l’envieux ne cesse de lancer des médisances et des calomnies contre son voisin. Il semble par là se soulager, et adoucir un peu son chagrin.

Hélas ! Nous n’avons pas dit assez encore. C’est ce vice redoutable qui renverse les rois et les empereurs de leur trône. Pourquoi, mes frères, parmi ces rois, ces empereurs, ces hommes qui occupent les premières places, les uns sont-ils chassés, les autres empoisonnés, d’autres poignardés ? Ce n’est que pour régner à leur place. Ce n’est pas le pain, ni le vin, ni le logement qui manquent aux auteurs de ces crimes. Non, sans doute, mais c’est l’envie qui les dévore. D’autre part, voyez un marchand : il voudrait avoir toutes les pratiques, et les autres, point. Si quelqu’un le quitte pour aller ailleurs, il tâchera de dire autant de mal qu’il pourra, soit de la personne du marchand, soit de la marchandise. Il prendra tous les moyens possibles pour lui faire perdre sa réputation, en disant que sa marchandise n’est pas si bonne que la sienne, ou qu’il ne fait pas bon poids. Voyez encore la ruse diabolique de cet envieux : il ne le faut pas dire à d’autres, ajoute t-il ; dans la crainte de lui porter perte ; j’en serais bien fâché ; je vous le dis seulement afin que vous ne vous laissiez point tromper. Voyez un ouvrier, si un autre va travailler dans la maison où il a la coutume d’aller, cela le fâche ; il fera tout ce qu’il pourra pour décrier cette personne, afin qu’on ne la reçoive pas. Voyez un père de famille, comme il est fâché si son voisin fait mieux ses affaires que lui, si ses terres produisent plus que les siennes. Voyez une mère, elle voudrait que l’on ne parlât avantageusement que de ses enfants ; si on loue d’autres enfants devant elle et qu’on ne loue pas les siens, elle répondra : ils ne sont pas parfaits ; et elle devient triste. Que vous êtes bonne, pauvre mère ! Les louanges que l’on donne aux autres n’ôtent rien aux vôtres. Voyez la jalousie d’un mari à l’égard de sa femme et d’une femme pour son mari. Voyez comment ils s’examinent dans tout ce qu’ils font, dans tout ce qu’ils disent, comme ils remarquent toutes les personnes à qui ils parlent, toutes les maisons dans lesquelles ils vont. Si l’un s’aperçoit que l’autre parle à quelqu’un, il n’y a sorte d’injures dont il ne l’accable, quoique souvent il soit bien innocent. N’est-ce pas ce maudit péché qui divise les frères et les sœurs ? Un père ou une mère donnent-ils quelque chose de plus aux uns qu’aux autres, vous voyez aussitôt naître cette haine jalouse contre celui ou contre celle qui a été favorisé, haine qui dure des années entières et quelquefois toute la vie. Ces enfants ne sont-ils pas toujours à surveiller leur mère ou leur père, pour voir s’il ne donne pas quelque chose, ou fait bonne grâce à l’un d’eux ? Alors, il n’y a sorte de mal qu’ils ne disent.

Nous voyons même que ce péché semble naître avec les enfants. Voyez en effet, parmi eux, cette petite jalousie qu’ils conçoivent les uns contre les autres, s’ils aperçoivent quelque préférence de la part des parents. Voyez un jeune homme, il voudrait être le seul à avoir de l’esprit, du savoir, une bonne conduite. Il est affligé si les autres font mieux, ou sont plus estimés que lui. Voyez une jeune fille, elle voudrait être la seule aimée, la seule bien parée, la seule recherchée. Si d’autres lui sont préférées, vous la voyez se chagriner et se tourmenter, peut-être même pleurer, au lieu de remercier le bon Dieu d’être méprisée  des créatures pour ne s’attacher qu’à lui seul. Quelle aveugle passion, mes frères ! Qui pourrait bien la comprendre ?

Hélas ! Mes frères, ce vice se trouve même parmi ceux dans lesquels on ne devrait pas le rencontrer ; je veux dire parmi les personnes qui font profession de religion. Elles examineront combien de temps une telle reste à se confesser, la manière dont elle se tient pour prier le bon Dieu. Elles en parlent et elles les blâment. Elles pensent que toutes ces prières, ces bonnes œuvres ne sont que pour se faire voir, ou si vous le voulez ne sont que grimaces. On a beau leur dire que les actions du prochain le concernent seul. Elles s’irritent et prennent ombrage de ce que les autres agissent mieux qu’elles-mêmes. Voyez même parmi les pauvres, si l’on fait plus de bien à l’un d’eux, ils en disent du mal à celui qui a fait l’aumône, afin de le détourner pour une autre fois.  Mon Dieu ! Quelle détestable passion ! Elle s’attaque à tout, aux biens spirituels comme aux temporels.
Nous avons dit que cette passion montre un petit esprit. Cela est si vrai que personne ne croit l’avoir, du moins, ne veut croire en être atteint. On tâchera de la couvrir de mille prétextes pour la cacher aux autres. Si en notre présence, on dit du bien de notre prochain, nous gardons le silence ; cela nous afflige le cœur. Si nous sommes obligés de parler, nous le faisons d’une manière froide. Non, mes frères, il n’y a point de charité dans un envieux. Saint Paul nous dit que nous devons nous réjouir du bien qui arrive à notre prochain. C’est, mes frères, ce que la charité chrétienne doit nous inspirer les uns pour les autres. Mais les sentiments d’un envieux sont bien différents. Non, je ne crois pas qu’il y ait un péché plus mauvais et plus à craindre que celui d’envie, parce que c’est un péché caché et souvent couvert d’une belle robe de vertu ou d’amitié. Disons mieux : c’est un lion que l’on fait semblant de museler, ou un serpent couvert d’une poignée de feuilles, qui vous mordra sans que vous vous en aperceviez. C’est une peste publique qui n’épargne personne.

Nous nous conduisons en enfer sans nous en apercevoir.

Mais comment pouvons-nous, mes frères, nous corriger de ce vice puisque nous ne nous croyons pas coupable ? Je suis sûr que de mille envieux, en bien les examinant, il n’y en aura pas un qui veuille croire qu’il est de ce nombre. Il n’y a point de péché que l’on connaisse moins que celui-là. Dans les uns, l’ignorance est si grande qu’ils ne connaissent pas même le quart de leurs péchés ordinaires. Et comme le péché d’envie est plus difficile à connaître, il n’est pas étonnant que si peu s’en confessent et s’en corrigent. Parce qu’ils ne font pas ces gros péchés  que commettent les gens grossiers et abrutis, ils pensent que les péchés d’envie ne sont que de petits défauts de charité, tandis qu’en grande partie, ce sont de bien mauvais péchés mortels qu’ils nourrissent et entretiennent  dans leur cœur, souvent sans bien les connaître.

« Mais, pensez-vous en vous-même, si je les connaissais, je tâcherais bien de me corriger. »

« Pour les connaître, mes frères, il faut demander les lumières du Saint Esprit. Lui seulement vous fera cette grâce. On aurait beau vous les faire toucher au doigt, vous ne voudriez pas en convenir, vous trouveriez toujours quelque chose qui vous ferait croire que vous n’avez pas eu de tort de penser et d’agir de la manière dont vous agissez. Savez-vous encore ce qui pourra contribuer à vous faire connaître l’état de votre âme et à découvrir ce maudit péché caché dans les plis secrets de votre cœur ? C’est l’humilité. Comme l’orgueil vous le cache, l’humilité vous le découvrira.

 

 

 

 

21 septembre 2013

PAS COMME LES AUTRES

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« Je ne suis pas comme les autres. »

Tel est, mes frères, le langage ordinaire de la fausse vertu et celui de l’orgueilleux qui, toujours content de lui-même, est toujours prêt à censurer et à critiquer la conduite des autres. Tel est encore le langage des riches qui regardent les pauvres comme s’ils étaient d’une nature différente de la leur, et les traitent en conséquence. Disons mieux, mes frères, c’est le langage de presque tout le monde. Il y en a très peu, même dans les conditions les plus basses, qui n’aient pas bonne opinion d’eux-mêmes, en se mettant entièrement au-dessus de leurs égaux, et qui ne portent leur détestable orgueil jusqu’à croire qu’ils valent mieux que beaucoup d’autres. D’où je conclus que l’orgueil est la source de tous les vices, et la cause de tous les maux qui sont arrivés et qui arriveront dans la suite des siècles. Nous portons même notre aveuglement si loin que, souvent, nous nous glorifions de ce qui devrait nous couvrir de confusion. Les uns tirent leur orgueil de ce qu’ils croient avoir plus d’esprit. Les autres, à cause de quelques pouces de terre ou de quelque argent, tandis qu’ils devraient trembler sur le compte redoutable que Dieu leur en demandera un jour. Oh ! Mes frères, qu’il en est qui ont besoin de faire cette prière que Saint Augustin faisait à Dieu : « Mon Dieu, faites-moi connaître ce que je suis, et je n’ai pas besoin d’autre chose pour me couvrir de confusion et de mépris de moi-même. »

Nous pouvons même dire que ce péché se trouve partout, accompagne l’homme dans ce qu’il fait et dit. C’est une espèce d’assaisonnement qui trouve partout sa place. Ecoutez-moi un instant et vous allez le voir. Jésus Christ nous en donne un exemple dans l’Evangile, en disant qu’un pharisien, étant allé dans le Temple pour y faire sa prière, se tenait debout en présence de tout le monde, disant à haute voix : «  Je vous rends grâce, Seigneur, de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, couvert de péchés. Je passe ma vie à faire le bien et à vous plaire. » Voilà le véritable caractère d’un orgueilleux : au lieu de remercier Dieu de ce qu’il a été si bon de se servir de lui pour le bien, de lui rendre grâce, il regarde tout cela comme venant de lui-même et non de Dieu. Entrons dans quelques détails, et vous verrez que presque personne n’en est excepté. Les vieillards comme les jeunes gens, les pauvres comme les riches. Chacun se loue et se flatte de ce qu’il est ou de ce qu’il fait, ou plutôt de ce qu’il n’est pas et de ce qu’il n’a pas fait. Chacun s’applaudit et aime à être applaudi. Chacun court mendier les louanges des hommes, et chacun travaille à se les attirer. Ainsi se passe la vie de la plus grande partie des gens.

La porte par laquelle l’orgueil entre avec le plus d’abondance, c’est la porte des richesses. Dès qu’une personne augmente ses biens, vous la voyez changer de manière de vivre. Elle fait, comme nous dit Jésus Christ des pharisiens : Ces gens aiment qu’on les appelle maîtres, qu’on les salue. Ils veulent les premières places. Ils commencent à paraître vêtus plus richement. Ils quittent cet air de simplicité. Si on les salue, à peine vous branleront-ils la tête, sans lever leur chapeau. Marchant la tête levée, ils s’étudieront à chercher les plus beaux mots, dont souvent ils ne connaissent même pas la signification ; ils aiment à les répéter. Cet homme vous cassera la tête des héritages qu’il aura reçus, pour montrer que sa fortune s’est augmentée. Tous ses soins sont de travailler à se faire estimer et louer. Aura-t-il réussi dans quelque ouvrage ? Il s’empresse de le publier pour étaler son prétendu savoir. A-t-il dit quelque chose dont il aura été applaudi, il ne cesse d’en casser les oreilles à ceux qui sont autour de lui, jusqu’à les ennuyer et à se faire moquer de lui. A-t-on fait quelque voyage ? Vous entendez ces orgueilleux en dire cent fois plus qu’ils n’en ont dit ou fait : ce qui fait compassion à ceux qui les entendent. Ils croient se faire passer pour avoir de l’esprit, tandis qu’on les méprise intérieurement. L’on ne peut s’empêcher de se dire en soi-même : voilà un fameux orgueilleux, il se persuade qu’on croit tout ce qu’il dit !...

Voyez une personne d’état examinant l’ouvrage d’un autre ; elle y trouvera mille défauts, en disant : « Ah ! Que voulez-vous ? Il n’en sait pas davantage ! » Mais comme l’orgueilleux n’abaisse jamais les autres sans s’élever lui-même, alors elle s’empressera de parler de quelque ouvrage qu’elle a fait, qu’un tel a trouvé si bien fait, qu’il en a parlé à plusieurs.

Une jeune fille aura-t-elle une bonne tournure ? Du moins croit-elle l’avoir ? Vous la voyez marcher à pas comptés, avec affectation, avec un orgueil qui semble monter jusqu’aux nues. A-t-elle des chemises ? Des robes ? Elle laissera son armoire ouverte pour les faire voir. On tire orgueil de ses bêtes et de son ménage. On tire orgueil de bien savoir se confesser, de bien prier le bon Dieu, d’être plus modeste à l’église. Une mère tire orgueil de ses enfants. Un habitant de ce que ses terres sont en meilleur état que celles des autres, qu’il condamne ; et il s’applaudit de son savoir. Un jeune homme a-t-il une montre dans son gousset, et peut-être même souvent, n’a-t-il que la chaîne avec cinq sols dans sa poche ? Vous l’entendez dire : « Je ne sais pas si c’est bien tard… », afin qu’on lui dise de regarder à sa montre, pour qu’on sache qu’il en a une. Si l’on joue, pour essayer de gagner, n’aurait-il que deux sous à donner, il prendra dans sa main tout ce qu’il a, et même ce qui souvent n’est pas à lui. Ou bien il dira plus qu’il n’a en réalité. Combien en est-il qui empruntent, pour aller dans ces parties de plaisir, des habillements ou de l’argent !

Non, mes frères, il n’y a rien de si ridicule et de si sot que d’être toujours après parler de ce que l’on a, de ce que l’on a fait. Ecoutez un père de famille, quand ses enfants sont en état de se marier ; dans toutes les compagnies où il se trouve, on l’entend dire : « J’ai tant de mille francs de prêtés, mon bien me rend tant. » Et ensuite, demandez-lui cinq sols pour les pauvres, il n’a rien. Une tailleuse ou un tailleur auront-ils bien réussi à faire une robe ou un habit, s’ils se trouvent de voir passer les personnes qui en sont revêtues : « Voilà qui va bien, je ne sais pas qui l’a fait ? » « Eh bien ! C’est moi, diront-ils. » Et pourquoi ont-ils dit cela ? C’est afin de faire voir qu’ils sont bien habiles. Mais s’ils n’ont pas bien réussi, ils se garderont bien d’en parler, crainte d’être humiliés. Les femmes dans leur ménage… Et moi je vous dirai que ce péché est encore plus à craindre dans les personnes qui semblent faire profession de piété.

 

 

 

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