Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
Visiteurs
Depuis la création 696 109
NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
22 septembre 2013

L'ENVIE, PESTE PUBLIQUE

 ars_reliques_003

Comme hommes, vous le savez, mes frères, nous devons avoir de l’humanité les uns pour les autres. Mais un envieux au contraire voudrait, s’il le pouvait, détruire ce qu’il aperçoit de bien dans son prochain. Comme chrétiens, vous le savez aussi, nous devons avoir une charité sans borne pour nos frères. Mais un envieux est bien éloigné de toutes ces vertus. Il voudrait voir son frère se ruiner. Chaque trait de la bonté de Dieu envers son prochain est un coup de lance qui lui perce le cœur et le fait mourir secrètement. Puisque nous sommes tous un même corps dont Jésus Christ est le chef, nous devons faire paraître en tout, l’union, la charité, l’amour et le zèle. Pour nous rendre heureux les uns les autres, nous devons nous réjouir, comme nous dit saint Paul, du bonheur de nos frères, et nous affliger avec eux quand ils ont quelques peines. Loin d’avoir ces sentiments, l’envieux ne cesse de lancer des médisances et des calomnies contre son voisin. Il semble par là se soulager, et adoucir un peu son chagrin.

Hélas ! Nous n’avons pas dit assez encore. C’est ce vice redoutable qui renverse les rois et les empereurs de leur trône. Pourquoi, mes frères, parmi ces rois, ces empereurs, ces hommes qui occupent les premières places, les uns sont-ils chassés, les autres empoisonnés, d’autres poignardés ? Ce n’est que pour régner à leur place. Ce n’est pas le pain, ni le vin, ni le logement qui manquent aux auteurs de ces crimes. Non, sans doute, mais c’est l’envie qui les dévore. D’autre part, voyez un marchand : il voudrait avoir toutes les pratiques, et les autres, point. Si quelqu’un le quitte pour aller ailleurs, il tâchera de dire autant de mal qu’il pourra, soit de la personne du marchand, soit de la marchandise. Il prendra tous les moyens possibles pour lui faire perdre sa réputation, en disant que sa marchandise n’est pas si bonne que la sienne, ou qu’il ne fait pas bon poids. Voyez encore la ruse diabolique de cet envieux : il ne le faut pas dire à d’autres, ajoute t-il ; dans la crainte de lui porter perte ; j’en serais bien fâché ; je vous le dis seulement afin que vous ne vous laissiez point tromper. Voyez un ouvrier, si un autre va travailler dans la maison où il a la coutume d’aller, cela le fâche ; il fera tout ce qu’il pourra pour décrier cette personne, afin qu’on ne la reçoive pas. Voyez un père de famille, comme il est fâché si son voisin fait mieux ses affaires que lui, si ses terres produisent plus que les siennes. Voyez une mère, elle voudrait que l’on ne parlât avantageusement que de ses enfants ; si on loue d’autres enfants devant elle et qu’on ne loue pas les siens, elle répondra : ils ne sont pas parfaits ; et elle devient triste. Que vous êtes bonne, pauvre mère ! Les louanges que l’on donne aux autres n’ôtent rien aux vôtres. Voyez la jalousie d’un mari à l’égard de sa femme et d’une femme pour son mari. Voyez comment ils s’examinent dans tout ce qu’ils font, dans tout ce qu’ils disent, comme ils remarquent toutes les personnes à qui ils parlent, toutes les maisons dans lesquelles ils vont. Si l’un s’aperçoit que l’autre parle à quelqu’un, il n’y a sorte d’injures dont il ne l’accable, quoique souvent il soit bien innocent. N’est-ce pas ce maudit péché qui divise les frères et les sœurs ? Un père ou une mère donnent-ils quelque chose de plus aux uns qu’aux autres, vous voyez aussitôt naître cette haine jalouse contre celui ou contre celle qui a été favorisé, haine qui dure des années entières et quelquefois toute la vie. Ces enfants ne sont-ils pas toujours à surveiller leur mère ou leur père, pour voir s’il ne donne pas quelque chose, ou fait bonne grâce à l’un d’eux ? Alors, il n’y a sorte de mal qu’ils ne disent.

Nous voyons même que ce péché semble naître avec les enfants. Voyez en effet, parmi eux, cette petite jalousie qu’ils conçoivent les uns contre les autres, s’ils aperçoivent quelque préférence de la part des parents. Voyez un jeune homme, il voudrait être le seul à avoir de l’esprit, du savoir, une bonne conduite. Il est affligé si les autres font mieux, ou sont plus estimés que lui. Voyez une jeune fille, elle voudrait être la seule aimée, la seule bien parée, la seule recherchée. Si d’autres lui sont préférées, vous la voyez se chagriner et se tourmenter, peut-être même pleurer, au lieu de remercier le bon Dieu d’être méprisée  des créatures pour ne s’attacher qu’à lui seul. Quelle aveugle passion, mes frères ! Qui pourrait bien la comprendre ?

Hélas ! Mes frères, ce vice se trouve même parmi ceux dans lesquels on ne devrait pas le rencontrer ; je veux dire parmi les personnes qui font profession de religion. Elles examineront combien de temps une telle reste à se confesser, la manière dont elle se tient pour prier le bon Dieu. Elles en parlent et elles les blâment. Elles pensent que toutes ces prières, ces bonnes œuvres ne sont que pour se faire voir, ou si vous le voulez ne sont que grimaces. On a beau leur dire que les actions du prochain le concernent seul. Elles s’irritent et prennent ombrage de ce que les autres agissent mieux qu’elles-mêmes. Voyez même parmi les pauvres, si l’on fait plus de bien à l’un d’eux, ils en disent du mal à celui qui a fait l’aumône, afin de le détourner pour une autre fois.  Mon Dieu ! Quelle détestable passion ! Elle s’attaque à tout, aux biens spirituels comme aux temporels.
Nous avons dit que cette passion montre un petit esprit. Cela est si vrai que personne ne croit l’avoir, du moins, ne veut croire en être atteint. On tâchera de la couvrir de mille prétextes pour la cacher aux autres. Si en notre présence, on dit du bien de notre prochain, nous gardons le silence ; cela nous afflige le cœur. Si nous sommes obligés de parler, nous le faisons d’une manière froide. Non, mes frères, il n’y a point de charité dans un envieux. Saint Paul nous dit que nous devons nous réjouir du bien qui arrive à notre prochain. C’est, mes frères, ce que la charité chrétienne doit nous inspirer les uns pour les autres. Mais les sentiments d’un envieux sont bien différents. Non, je ne crois pas qu’il y ait un péché plus mauvais et plus à craindre que celui d’envie, parce que c’est un péché caché et souvent couvert d’une belle robe de vertu ou d’amitié. Disons mieux : c’est un lion que l’on fait semblant de museler, ou un serpent couvert d’une poignée de feuilles, qui vous mordra sans que vous vous en aperceviez. C’est une peste publique qui n’épargne personne.

Nous nous conduisons en enfer sans nous en apercevoir.

Mais comment pouvons-nous, mes frères, nous corriger de ce vice puisque nous ne nous croyons pas coupable ? Je suis sûr que de mille envieux, en bien les examinant, il n’y en aura pas un qui veuille croire qu’il est de ce nombre. Il n’y a point de péché que l’on connaisse moins que celui-là. Dans les uns, l’ignorance est si grande qu’ils ne connaissent pas même le quart de leurs péchés ordinaires. Et comme le péché d’envie est plus difficile à connaître, il n’est pas étonnant que si peu s’en confessent et s’en corrigent. Parce qu’ils ne font pas ces gros péchés  que commettent les gens grossiers et abrutis, ils pensent que les péchés d’envie ne sont que de petits défauts de charité, tandis qu’en grande partie, ce sont de bien mauvais péchés mortels qu’ils nourrissent et entretiennent  dans leur cœur, souvent sans bien les connaître.

« Mais, pensez-vous en vous-même, si je les connaissais, je tâcherais bien de me corriger. »

« Pour les connaître, mes frères, il faut demander les lumières du Saint Esprit. Lui seulement vous fera cette grâce. On aurait beau vous les faire toucher au doigt, vous ne voudriez pas en convenir, vous trouveriez toujours quelque chose qui vous ferait croire que vous n’avez pas eu de tort de penser et d’agir de la manière dont vous agissez. Savez-vous encore ce qui pourra contribuer à vous faire connaître l’état de votre âme et à découvrir ce maudit péché caché dans les plis secrets de votre cœur ? C’est l’humilité. Comme l’orgueil vous le cache, l’humilité vous le découvrira.

 

 

 

 

Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité