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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
21 septembre 2013

PAS COMME LES AUTRES

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« Je ne suis pas comme les autres. »

Tel est, mes frères, le langage ordinaire de la fausse vertu et celui de l’orgueilleux qui, toujours content de lui-même, est toujours prêt à censurer et à critiquer la conduite des autres. Tel est encore le langage des riches qui regardent les pauvres comme s’ils étaient d’une nature différente de la leur, et les traitent en conséquence. Disons mieux, mes frères, c’est le langage de presque tout le monde. Il y en a très peu, même dans les conditions les plus basses, qui n’aient pas bonne opinion d’eux-mêmes, en se mettant entièrement au-dessus de leurs égaux, et qui ne portent leur détestable orgueil jusqu’à croire qu’ils valent mieux que beaucoup d’autres. D’où je conclus que l’orgueil est la source de tous les vices, et la cause de tous les maux qui sont arrivés et qui arriveront dans la suite des siècles. Nous portons même notre aveuglement si loin que, souvent, nous nous glorifions de ce qui devrait nous couvrir de confusion. Les uns tirent leur orgueil de ce qu’ils croient avoir plus d’esprit. Les autres, à cause de quelques pouces de terre ou de quelque argent, tandis qu’ils devraient trembler sur le compte redoutable que Dieu leur en demandera un jour. Oh ! Mes frères, qu’il en est qui ont besoin de faire cette prière que Saint Augustin faisait à Dieu : « Mon Dieu, faites-moi connaître ce que je suis, et je n’ai pas besoin d’autre chose pour me couvrir de confusion et de mépris de moi-même. »

Nous pouvons même dire que ce péché se trouve partout, accompagne l’homme dans ce qu’il fait et dit. C’est une espèce d’assaisonnement qui trouve partout sa place. Ecoutez-moi un instant et vous allez le voir. Jésus Christ nous en donne un exemple dans l’Evangile, en disant qu’un pharisien, étant allé dans le Temple pour y faire sa prière, se tenait debout en présence de tout le monde, disant à haute voix : «  Je vous rends grâce, Seigneur, de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, couvert de péchés. Je passe ma vie à faire le bien et à vous plaire. » Voilà le véritable caractère d’un orgueilleux : au lieu de remercier Dieu de ce qu’il a été si bon de se servir de lui pour le bien, de lui rendre grâce, il regarde tout cela comme venant de lui-même et non de Dieu. Entrons dans quelques détails, et vous verrez que presque personne n’en est excepté. Les vieillards comme les jeunes gens, les pauvres comme les riches. Chacun se loue et se flatte de ce qu’il est ou de ce qu’il fait, ou plutôt de ce qu’il n’est pas et de ce qu’il n’a pas fait. Chacun s’applaudit et aime à être applaudi. Chacun court mendier les louanges des hommes, et chacun travaille à se les attirer. Ainsi se passe la vie de la plus grande partie des gens.

La porte par laquelle l’orgueil entre avec le plus d’abondance, c’est la porte des richesses. Dès qu’une personne augmente ses biens, vous la voyez changer de manière de vivre. Elle fait, comme nous dit Jésus Christ des pharisiens : Ces gens aiment qu’on les appelle maîtres, qu’on les salue. Ils veulent les premières places. Ils commencent à paraître vêtus plus richement. Ils quittent cet air de simplicité. Si on les salue, à peine vous branleront-ils la tête, sans lever leur chapeau. Marchant la tête levée, ils s’étudieront à chercher les plus beaux mots, dont souvent ils ne connaissent même pas la signification ; ils aiment à les répéter. Cet homme vous cassera la tête des héritages qu’il aura reçus, pour montrer que sa fortune s’est augmentée. Tous ses soins sont de travailler à se faire estimer et louer. Aura-t-il réussi dans quelque ouvrage ? Il s’empresse de le publier pour étaler son prétendu savoir. A-t-il dit quelque chose dont il aura été applaudi, il ne cesse d’en casser les oreilles à ceux qui sont autour de lui, jusqu’à les ennuyer et à se faire moquer de lui. A-t-on fait quelque voyage ? Vous entendez ces orgueilleux en dire cent fois plus qu’ils n’en ont dit ou fait : ce qui fait compassion à ceux qui les entendent. Ils croient se faire passer pour avoir de l’esprit, tandis qu’on les méprise intérieurement. L’on ne peut s’empêcher de se dire en soi-même : voilà un fameux orgueilleux, il se persuade qu’on croit tout ce qu’il dit !...

Voyez une personne d’état examinant l’ouvrage d’un autre ; elle y trouvera mille défauts, en disant : « Ah ! Que voulez-vous ? Il n’en sait pas davantage ! » Mais comme l’orgueilleux n’abaisse jamais les autres sans s’élever lui-même, alors elle s’empressera de parler de quelque ouvrage qu’elle a fait, qu’un tel a trouvé si bien fait, qu’il en a parlé à plusieurs.

Une jeune fille aura-t-elle une bonne tournure ? Du moins croit-elle l’avoir ? Vous la voyez marcher à pas comptés, avec affectation, avec un orgueil qui semble monter jusqu’aux nues. A-t-elle des chemises ? Des robes ? Elle laissera son armoire ouverte pour les faire voir. On tire orgueil de ses bêtes et de son ménage. On tire orgueil de bien savoir se confesser, de bien prier le bon Dieu, d’être plus modeste à l’église. Une mère tire orgueil de ses enfants. Un habitant de ce que ses terres sont en meilleur état que celles des autres, qu’il condamne ; et il s’applaudit de son savoir. Un jeune homme a-t-il une montre dans son gousset, et peut-être même souvent, n’a-t-il que la chaîne avec cinq sols dans sa poche ? Vous l’entendez dire : « Je ne sais pas si c’est bien tard… », afin qu’on lui dise de regarder à sa montre, pour qu’on sache qu’il en a une. Si l’on joue, pour essayer de gagner, n’aurait-il que deux sous à donner, il prendra dans sa main tout ce qu’il a, et même ce qui souvent n’est pas à lui. Ou bien il dira plus qu’il n’a en réalité. Combien en est-il qui empruntent, pour aller dans ces parties de plaisir, des habillements ou de l’argent !

Non, mes frères, il n’y a rien de si ridicule et de si sot que d’être toujours après parler de ce que l’on a, de ce que l’on a fait. Ecoutez un père de famille, quand ses enfants sont en état de se marier ; dans toutes les compagnies où il se trouve, on l’entend dire : « J’ai tant de mille francs de prêtés, mon bien me rend tant. » Et ensuite, demandez-lui cinq sols pour les pauvres, il n’a rien. Une tailleuse ou un tailleur auront-ils bien réussi à faire une robe ou un habit, s’ils se trouvent de voir passer les personnes qui en sont revêtues : « Voilà qui va bien, je ne sais pas qui l’a fait ? » « Eh bien ! C’est moi, diront-ils. » Et pourquoi ont-ils dit cela ? C’est afin de faire voir qu’ils sont bien habiles. Mais s’ils n’ont pas bien réussi, ils se garderont bien d’en parler, crainte d’être humiliés. Les femmes dans leur ménage… Et moi je vous dirai que ce péché est encore plus à craindre dans les personnes qui semblent faire profession de piété.

 

 

 

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