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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
20 septembre 2013

DE L’ETAT EPOUVANTABLE D’UNE AME TIEDE

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En vous parlant aujourd’hui, mes frères, de l’état épouvantable d’une âme tiède, mon dessein n’est pas de vous faire la peinture effrayante et désespérante d’une âme qui vit dans le péché mortel, sans même avoir le désir d’en sortir. Cette pauvre malheureuse n’est qu’une victime de la colère de Dieu pour l’autre vie. Hélas ! Ces pécheurs m’écoutent, ils savent bien de qui je parle en ce moment… N’allons pas plus loin, tout ce que je vous dirais ne servirait qu’à les endurcir davantage. En vous parlant, mes frères, d’une âme tiède, je ne veux pas davantage vous parler de ceux  qui ne font ni Pâques ni confessions. Ils savent très bien que malgré toutes leurs prières et leurs autres bonnes œuvres, ils seront perdus. Laissons-les dans leur aveuglement puisqu’ils y veulent rester…

Je n’entends pas encore, mes frères, par une âme tiède, celui qui voudrait être au monde sans cesser d’être à Dieu. Vous le verrez un moment se prosterner devant Dieu, son Sauveur et son maître et, un autre moment, vous le verrez se prosterner devant le monde, son idole. Pauvre aveugle qui tend une main au bon Dieu et l’autre au monde, qu’il appelle tous deux à son secours, en promettant à chacun son cœur ! Il aime le bon Dieu, du moins il voudrait l’aimer, mais il voudrait aussi plaire au monde. Lassé de vouloir se donner à tous les deux, il finit par ne plus se donner qu’au monde. Vie extraordinaire et qui présente un spectacle si singulier que l’on ne peut pas se persuader que ce soit la vie d’une même personne. Je vais vous la montrer d’une manière si claire que, peut-être plusieurs d’entre vous en seront offensés. Mais peu m’importe, je vous dirais toujours ce que je dois dire, et vous en ferez ce que vous voudrez…

Je dis plus, mes frères, celui qui veut plaire au monde et au bon Dieu, mène une vie des plus malheureuses. Vous allez le voir. Voici une personne qui fréquente les plaisirs, ou qui a contracté quelque mauvaise habitude. Quelle n’est pas sa crainte quand elle remplit ses devoirs de religion, c’est-à-dire quand elle prie le bon Dieu, quand elle se confesse ou veut communier ! Elle ne voudrait pas être vue de ceux avec qui elle a dansé et passé des nuits dans les cabarets où elle s’est livrée à toutes sortes de désordres. Est-elle venue à bout de tromper son confesseur, en cachant tout ce qu’elle a fait de pire, et a-t-elle ainsi obtenu la permission de communier, ou plutôt de faire un sacrilège ? Elle voudrait communier avant ou après la sainte messe, c’est-à-dire dans le moment où il n’y a personne. Mais elle est contente d’être vue des personnes qui sont sages, qui ignorent sa mauvaise vie, et auxquelles elle espère inspirer une bonne opinion d’elle-même. Avec les personnes de piété, elle parle de religion. Avec les gens sans religion, elle ne parlera que des plaisirs du monde. Elle rougirait d’accomplir ses pratiques religieuses devant les compagnons ou devant les compagnes de ses débauches. Cela est si vrai qu’un jour quelqu’un m’a demandé de le faire communier à la sacristie, afin que personne ne le vît. Quelle horreur ! Mes frères, peut-on y penser et ne pas frémir d’une telle conduite ? Mais allons plus loin, vous allez voir l’embarras de ces pauvres personnes qui veulent suivre le monde sans quitter le bon Dieu, du moins en apparence.

Voilà les Pâques qui approchent. Il faut aller se confesser. Ce n’est pas qu’elles le désirent, ni qu’elles en sentent le besoin. Elles voudraient bien plutôt que les Pâques n’arrivent que tous les trente ans. Mais leurs parents tiennent encore à la pratique extérieure de la religion. Ils sont contents que leurs enfants se présentent à la sainte table. Ils les pressent même d’aller se confesser. En cela, ils font très mal. Qu’ils prient pour eux, et ne les tourmentent pas pour leur faire faire des sacrilèges, hélas ! Ils en feront assez. Pour se délivrer de l’importunité de leurs parents, pour sauver les apparences, ces personnes se rassembleront afin de savoir à quel confesseur il faut aller pour être absoutes la première ou la deuxième fois.

« Voilà déjà plusieurs fois, dit l’une, que les parents me tourmentent de ce que je ne vais pas me confesser. Où irons-nous ? »

« Il ne faut pas aller chez notre curé, il est trop scrupuleux. Il ne nous ferait pas faire de Pâques. Il nous faut aller trouver un tel. Il a passé telles et telles qui en ont bien autant commis que nous. Nous n’avons pas fait plus de mal qu’elles. »

Une autre dira : « Je t’assure que si ce n’étaient pas mes parents, je ne ferais point de Pâques, puisque notre catéchisme nous dit que pour faire une bonne confession, il faut quitter le péché et l’occasion du péché, et nous ne faisons ni l’un ni l’autre. Je te le dis sincèrement, je suis bien embarrassée toutes les fois que les Pâques arrivent. Je ne vois les heures d’être établie pour ne plus courir. Alors je ferais une confession de toute ma vie pour réparer celles que je fais maintenant, sans cela je ne mourrais pas contente. »

« Eh bien ! Lui dira une autre, il te faudra retourner à celui qui t’a confessée jusqu’à présent, il te connaîtra bien mieux. »

« Ah ! Certes non ! J’irai à celui qui ne m’a pas voulu passer, parce qu’il ne voulait pas me damner. »

« Ah ! Que tu es bonne ! Cela ne fait rien, ils ont bien tous le même pouvoir. »

« Cela est bon à dire tant que l’on se porte bien ; mais quand on est malade, on pense bien autrement. Un jour, j’allais voir une telle qui était bien malade. Elle me dit que jamais elle ne retournerait se confesser à ces prêtres qui sont si faciles, et qui, en faisant semblant de vouloir vous sauver, vous jettent en enfer. »

C’est ainsi que se conduisent beaucoup de ces pauvres aveugles.

« Mon père, disent-elles au prêtre, je viens me confesser à vous, parce que notre curé est trop scrupuleux. Il veut nous faire promettre des choses que nous ne pouvons pas tenir. Il voudrait que nous soyons des saints, et cela n’est pas trop possible dans le monde. Il voudrait que nous ne mettions jamais le pied à la danse, que nous ne fréquentions jamais les cabarets ni les jeux. Si l’on a quelque mauvaise habitude, il n’accorde plus l’absolution qu’on ne l’ait quittée tout à fait. S’il fallait faire tout cela, nous ne ferions jamais de Pâques.  Mes parents qui ont bien de la religion me sont toujours après sur ce que je ne fais pas mes Pâques. Je ferai tout ce que je pourrai. Mais l’on ne peut pas dire que l’on ne retournera plus dans ces amusements, puisque l’on ne sait pas les occasions que l’on pourrait rencontrer.

« Ah ! lui dira le confesseur, trompé par ce beau langage, je vois que votre curé est un peu scrupuleux. Faites votre acte de contrition, je vais vous donner l’absolution, et tâchez d’être sage. »

C’est-à-dire : baissez la tête, vous allez fouler le sang adorable de Jésus Christ, vous allez vendre votre Dieu comme Judas l’a vendu à ses bourreaux et, demain, vous communierez ou, plutôt, vous irez le crucifier. O horreur ! O abomination ! Va ! Infâme Judas, va à la table sainte, va donner la mort à ton Dieu et à ton sauveur ! Laisse crier ta conscience, tâche seulement d’en étouffer les remords, autant que tu le pourras… Mais, mes frères, je vais trop loin, laissons ces pauvres aveugles à leurs ténèbres.

Je pense, mes frères, que vous désirez savoir ce que c’est que l’état d’une âme tiède. Hé bien ! Le voici : une âme tiède n’est pas encore tout à fait morte aux yeux de Dieu, parce que la foi, l’espérance et la charité, qui sont sa vie spirituelle, ne sont pas tout à fait éteintes. Mais c’est une foi sans zèle, une espérance sans fermeté, une charité sans ardeur…

Rien ne le touche : il écoute la parole de Dieu, il est vrai ; mais souvent, il s’ennuie. Il écoute avec peine, par habitude, comme une personne qui pense qu’elle en sait assez, ou qu’elle en fait assez. Les prières qui sont un peu longues le dégoûtent. Son esprit est si rempli de l’action qu’il vient de finir, ou de celle qu’il va faire, son ennemi est si grand que sa pauvre âme est comme à l’agonie. Il vit encore, mais il n’est capable de rien pour le ciel…

Il y a vingt ans qu’elle est remplie de bons désirs, sans avoir modifié en rien ses habitudes. Elle ressemble à une personne qui porte envie à celui qui est sur un char de triomphe, mais ne daigne pas seulement lever le pied pour y monter. Elle ne voudrait pas cependant renoncer aux biens éternels pour ceux de la terre. Mais elle ne désire ni sortir de ce monde, ni aller au ciel, et si elle pouvait passer son temps sans croix et sans chagrins, elle ne demanderait jamais à sortir de ce monde. Si vous lui entendez dire que la vie est bien longue et bien misérable, c’est seulement quand tout ne va pas selon ses désirs. Si le bon Dieu, pour la forcer en quelque sorte à se détacher de la vie, lui envoie des croix ou des misères, la voila qui se tourmente, qui se chagrine, qui s’abandonne aux plaintes, aux murmures, et souvent à une espèce de désespoir. Elle semble ne plus vouloir reconnaître que c’est le bon Dieu qui lui envoie ces épreuves pour son bien, pour la détacher de la vie et l’attirer à lui. Qu’a-t-elle pu faire pour les mériter ? pense-t-elle en elle-même, bien d’autres plus coupables qu’elle n’en subissent pas autant.

Dans la prospérité, l’âme tiède ne va pas jusqu’à oublier le bon Dieu, mais elle ne s’oublie pas non plus elle-même. Elle sait très bien raconter tous les moyens qu’elle a employés pour réussir ; elle croit que bien d’autres n’auraient pas eu le même succès ; elle aime à le répéter, à l’entendre répéter ; chaque fois qu’elle l’entend, c’est avec une nouvelle joie. A l’égard de ceux qui la flattent, elle prend un air gracieux. Mais pour ceux qui ne lui ont pas porté tout le respect qu’elle croit mériter, ou qui n’ont pas été reconnaissants de ses bienfaits, elle garde un air froid, indifférent, et semble leur dire qu’ils sont des ingrats qui ne méritaient pas de recevoir le bien qu’elle leur a fait…

Si je voulais, mes frères, vous peindre exactement l’état d’une âme qui vit dans la tiédeur, je vous dirais qu’elle est semblable à une tortue ou à un escargot. Elle ne marche qu’en se traînant sur la terre, et à peine la voit-on changer de place. L’amour de Dieu, qu’elle ressent dans son cœur, est semblable à une petite étincelle de feu cachée sous un tas de cendres. L’âme tiède en vient à ce point d’être tout à fait indifférente à sa perte. Elle n’a plus qu’un amour sans tendresse, sans activité et sans force, qui la soutient à peine dans tout ce qui est essentiellement nécessaire pour être sauvée. Mais pour tout le reste, elle le regarde comme rien ou peu de choses. Hélas ! Mes frères, cette pauvre âme est dans sa tiédeur, comme une personne entre deux sommeils. Elle voudrait agir ; mais sa volonté est tellement molle qu’elle n’a ni la force, ni le courage d’accomplir ses désirs.

Il est vrai qu’un chrétien qui vit dans la tiédeur remplit encore assez régulièrement ses devoirs, du moins, en apparence. Il fera bien tous les matins sa prière à genoux. Il fréquentera bien les sacrements, tous les ans, à Pâques, et même plusieurs fois l’année. Mais en tout cela, il y a tant de dégoût, tant de lâcheté et tant d’indifférence, si peu de préparation, si peu de changement  dans sa manière de vivre, que l’on voit clairement qu’il ne s’acquitte de ses devoirs que par l’habitude et par routine, parce que c’est une fête, et qu’il a l’habitude de les remplir en ce temps-là. Ses confessions et ses communions ne sont pas sacrilèges, si vous le voulez, mais ce sont des confessions et des communions sans fruit, qui, bien loin de le rendre plus parfait et plus agréable à Dieu, ne les rendent que plus coupables. Pour ses prières, Dieu seul sait comment elles sont faites : hélas ! Sans préparation. Le matin, ce n’est pas du bon Dieu qu’il s’occupe, ni du salut de sa pauvre âme ; mais il ne pense qu’à bien travailler. Son esprit est tellement enveloppé des choses de la terre que la pensée de Dieu n’y a point de place. Il pense à ce qu’il fera dans la journée, où il enverra ses enfants et ses domestiques, de quelle manière il s’y prendra pour activer son ouvrage. Pour faire sa prière, il se met à genoux, il est vrai, mais il ne sait ni ce qu’il veut demander au bon Dieu, ni ce qui lui est nécessaire, ni même devant qui il se trouve. Ses manières, si peu respectueuses, l’annoncent bien. C’est un pauvre qui, quoique bien misérable, ne veut rien et aime sa pauvreté. C’est un malade presque désespéré, qui méprise les médecins et les remèdes, et aime ses infirmités. Vous voyez cette âme tiède ne faire aucune difficulté de parler, sous le moindre prétexte, dans le cours de ses prières. Un rien les lui fait abandonner, en partie, du moins, pensant qu’elle les fera à un autre moment. Veut-elle offrir sa journée à Dieu, dire son bénédicité et ses grâces ? Elle fait tout cela, il est vrai, mais souvent sans penser à qui elle parle. Elle ne quittera même pas son travail. Est-ce un homme ? Il tournera son bonnet ou son chapeau entre ses mains, comme pour examiner s’il est bon ou mauvais, comme s’il avait dessein de le vendre. Est-ce une femme ? Elle les récitera en coupant le pain de sa soupe, ou en poussant son bois au feu, ou bien en criant après ses enfants ou ses domestiques. Les distractions dans la prière ne sont pas bien volontaires, si vous le voulez. On aimerait mieux ne pas les avoir.  Mais, parce qu’il faut se faire quelque violence pour les chasser, on les laisse aller et venir à leur gré.

Une âme tiède ne travaille peut-être pas, le saint jour du dimanche, à des ouvrages qui paraissent défendus aux personnes qui ont un peu de religion ; mais faire quelques points d’aiguille, arranger quelque chose dans le ménage, envoyer ses bergers aux champs, durant les offices, sous prétexte qu’ils n’ont pas bien de quoi donner à leurs bêtes : ils ne s’en font pas de scrupule, et ainsi aiment mieux laisser périr leur âme et celles de leurs ouvriers que laisser périr leurs bêtes. Un homme arrangera ses outils, ses charrettes pour le lendemain ; il ira visiter ses terres, il bouchera un trou, il coupera quelques cordes, il apportera des seillons et les arrangera. Qu’en pensez-vous, mes frères ? N’est-ce pas, hélas ! La vérité toute pure ?...

Une âme tiède se confessera encore tous les mois, et même bien souvent. Mais hélas ! Quelles confessions ? Point de préparation, points de désirs de se corriger, du moins ils sont si faibles et si petits, que le premier coup de vent les renverse. Toutes ces confessions ne sont qu’une répétition des anciennes, bienheureux encore s’ils n’ont rien à y ajouter. Il y a vingt ans qu’ils accusaient ce qu’ils accusent aujourd’hui. Dans vingt ans s’ils se confessent encore, ce sera la même répétition. Une âme tiède ne commettra pas, si vous voulez, de gros péchés. Mais une médisance, un mensonge, un sentiment de haine, d’aversion, de jalousie, une petite dissimulation ne lui coûtent guère. Si vous ne lui portez pas tout le respect qu’elle croit mériter, elle vous le fera bien apercevoir, sous prétexte que l’on offense le bon Dieu ; elle devrait plutôt dire : parce qu’on l’offense elle-même. Il est vrai qu’elle ne laissera pas de fréquenter les sacrements, mais ses dispositions sont dignes de compassion. Le jour où elle veut recevoir son Dieu, elle passera une partie de la matinée à penser à ses affaires temporelles. Si c’est un homme, il pensera à ses marchés ou à ses ventes. Si c’est une femme, elle pensera à son ménage et à ses enfants. Si c’est une fille, à la manière dont elle va s’habiller. Si c’est un garçon, il rêvera à quelques plaisirs frivoles, et le reste. Elle renferme son Dieu comme dans une prison obscure et malpropre. Elle ne lui donne pas la mort, mais il est dans ce cœur sans joie et sans consolation. Toutes ces dispositions annoncent que sa pauvre âme n’a plus qu’un souffle de vie. Après avoir reçu la sainte communion, cette personne ne pense guère plus au bon Dieu que les autres jours. Sa manière de vivre nous annonce qu’elle n’a pas connu la grandeur de son bonheur.

Une personne tiède réfléchit peu sur l’état de sa pauvre âme, et ne revient presque jamais sur la passé. Si elle pense cependant à mieux faire, elle croit qu’ayant confessé ses péchés, elle doit être parfaitement tranquille. Elle assiste à la sainte messe, à peu près comme à une action ordinaire. Elle y pense peu sérieusement, et ne fait point de difficulté de causer de différentes choses en y allant. Elle ne pensera même peut-être une seule fois qu’elle va participer au plus grand de tous les dons que le bon Dieu puisse nous faire, tout Dieu qu’il est. Pour les besoins de son âme, elle y pense, il est vrai, mais bien faiblement. Souvent même elle se présente devant le bon Dieu sans savoir  ce qu’elle va lui demander. Elle se fait peu de scrupules de retrancher, sous le moindre prétexte, la Passion, la procession et l’eau bénite. Pendant les saints offices, elle ne veut pas dormir, il est vrai, et elle a même peur qu’on l’aperçoive, mais elle ne se fait pas la moindre violence. Quant aux distractions pendant la prière ou la sainte messe, elle ne voudrait pas les avoir. Mais comme il faudrait un peu combattre, elle les souffre avec patience, cependant, sans les aimer. Les jours de jeûne se réduisent presque à rien, soit parce qu’on avance l’heure du repas, soit parce qu’on collationne abondamment, ce qui revient à un souper, sous le prétexte que le ciel ne se prend pas par famine. Quand elle fait quelques bonnes actions, souvent son intention n’est pas bien purifiée : tantôt c’est pour faire plaisir à quelqu’un, tantôt c’est par compassion, et quelquefois pour plaire au monde. Avec eux, tout ce qui n’est pas un gros péché est assez bien… Ils aiment à faire le bien, mais ils voudraient qu’il ne leur coûtât rien, ou du moins, bien peu. Ils aimeraient encore à voir les malades, mais il faudrait que les malades vinssent les voir eux-mêmes. Ils ont de quoi faire l’aumône, ils savent bien que telle personne en a besoin ; mais ils attendent qu’elle vienne le leur demander, au lieu de la prévenir ; ce qui rendrait leur bonne œuvre bien plus méritoire. Disons mieux, mes frères, une personne qui mène une vie tiède ne laisse pas que de faire beaucoup de bonnes œuvres, de fréquenter les sacrements, d’assister régulièrement à tous les saints offices ; mais en tout cela, vous ne voyez qu’une foi faible, languissante, une espérance que la moindre épreuve renverse, un amour de Dieu et pour le prochain qui est sans ardeur, sans plaisir. Tout ce qu’elle fait n’est pas tout à fait perdu, mais peu s’en faut.

Voyez devant le bon Dieu, mes frères, de quel côté vous êtes. Du côté des pécheurs, qui ont tout abandonné, se plongent dans le péché, sans remords ? Du côté des âmes justes qui ne voient et ne cherchent que Dieu seul ? Ou bien êtes-vous du nombre de ces âmes lâches, tièdes et indifférentes, telles que nous venons de les dépeindre ? Dans quel chemin marchons-nous ? Qui pourra s’assurer qu’il n’est ni grand pécheur, ni tiède ; mais qu’il est élu ! Hélas ! Mes frères, combien semblent être de bons chrétiens aux yeux du monde, qui sont des âmes tièdes aux yeux de Dieu qui connaît notre intérieur…

Demandons au bon Dieu de tout notre cœur, si nous sommes dans cet état, de nous faire la grâce d’en sortir, pour prendre la route que tous les saints ont prise, afin d’arriver au bonheur dont ils jouissent. C’est ce que je vous souhaite…

 

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20 septembre 2013

DE L’ETAT EPOUVANTABLE D’UNE AME TIEDE

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En vous parlant aujourd’hui, mes frères, de l’état épouvantable d’une âme tiède, mon dessein n’est pas de vous faire la peinture effrayante et désespérante d’une âme qui vit dans le péché mortel, sans même avoir le désir d’en sortir. Cette pauvre malheureuse n’est qu’une victime de la colère de Dieu pour l’autre vie. Hélas ! Ces pécheurs m’écoutent, ils savent bien de qui je parle en ce moment… N’allons pas plus loin, tout ce que je vous dirais ne servirait qu’à les endurcir davantage. En vous parlant, mes frères, d’une âme tiède, je ne veux pas davantage vous parler de ceux  qui ne font ni Pâques ni confessions. Ils savent très bien que malgré toutes leurs prières et leurs autres bonnes œuvres, ils seront perdus. Laissons-les dans leur aveuglement puisqu’ils y veulent rester…

Je n’entends pas encore, mes frères, par une âme tiède, celui qui voudrait être au monde sans cesser d’être à Dieu. Vous le verrez un moment se prosterner devant Dieu, son Sauveur et son maître et, un autre moment, vous le verrez se prosterner devant le monde, son idole. Pauvre aveugle qui tend une main au bon Dieu et l’autre au monde, qu’il appelle tous deux à son secours, en promettant à chacun son cœur ! Il aime le bon Dieu, du moins il voudrait l’aimer, mais il voudrait aussi plaire au monde. Lassé de vouloir se donner à tous les deux, il finit par ne plus se donner qu’au monde. Vie extraordinaire et qui présente un spectacle si singulier que l’on ne peut pas se persuader que ce soit la vie d’une même personne. Je vais vous la montrer d’une manière si claire que, peut-être plusieurs d’entre vous en seront offensés. Mais peu m’importe, je vous dirais toujours ce que je dois dire, et vous en ferez ce que vous voudrez…

Je dis plus, mes frères, celui qui veut plaire au monde et au bon Dieu, mène une vie des plus malheureuses. Vous allez le voir. Voici une personne qui fréquente les plaisirs, ou qui a contracté quelque mauvaise habitude. Quelle n’est pas sa crainte quand elle remplit ses devoirs de religion, c’est-à-dire quand elle prie le bon Dieu, quand elle se confesse ou veut communier ! Elle ne voudrait pas être vue de ceux avec qui elle a dansé et passé des nuits dans les cabarets où elle s’est livrée à toutes sortes de désordres. Est-elle venue à bout de tromper son confesseur, en cachant tout ce qu’elle a fait de pire, et a-t-elle ainsi obtenu la permission de communier, ou plutôt de faire un sacrilège ? Elle voudrait communier avant ou après la sainte messe, c’est-à-dire dans le moment où il n’y a personne. Mais elle est contente d’être vue des personnes qui sont sages, qui ignorent sa mauvaise vie, et auxquelles elle espère inspirer une bonne opinion d’elle-même. Avec les personnes de piété, elle parle de religion. Avec les gens sans religion, elle ne parlera que des plaisirs du monde. Elle rougirait d’accomplir ses pratiques religieuses devant les compagnons ou devant les compagnes de ses débauches. Cela est si vrai qu’un jour quelqu’un m’a demandé de le faire communier à la sacristie, afin que personne ne le vît. Quelle horreur ! Mes frères, peut-on y penser et ne pas frémir d’une telle conduite ? Mais allons plus loin, vous allez voir l’embarras de ces pauvres personnes qui veulent suivre le monde sans quitter le bon Dieu, du moins en apparence.

Voilà les Pâques qui approchent. Il faut aller se confesser. Ce n’est pas qu’elles le désirent, ni qu’elles en sentent le besoin. Elles voudraient bien plutôt que les Pâques n’arrivent que tous les trente ans. Mais leurs parents tiennent encore à la pratique extérieure de la religion. Ils sont contents que leurs enfants se présentent à la sainte table. Ils les pressent même d’aller se confesser. En cela, ils font très mal. Qu’ils prient pour eux, et ne les tourmentent pas pour leur faire faire des sacrilèges, hélas ! Ils en feront assez. Pour se délivrer de l’importunité de leurs parents, pour sauver les apparences, ces personnes se rassembleront afin de savoir à quel confesseur il faut aller pour être absoutes la première ou la deuxième fois.

« Voilà déjà plusieurs fois, dit l’une, que les parents me tourmentent de ce que je ne vais pas me confesser. Où irons-nous ? »

« Il ne faut pas aller chez notre curé, il est trop scrupuleux. Il ne nous ferait pas faire de Pâques. Il nous faut aller trouver un tel. Il a passé telles et telles qui en ont bien autant commis que nous. Nous n’avons pas fait plus de mal qu’elles. »

Une autre dira : « Je t’assure que si ce n’étaient pas mes parents, je ne ferais point de Pâques, puisque notre catéchisme nous dit que pour faire une bonne confession, il faut quitter le péché et l’occasion du péché, et nous ne faisons ni l’un ni l’autre. Je te le dis sincèrement, je suis bien embarrassée toutes les fois que les Pâques arrivent. Je ne vois les heures d’être établie pour ne plus courir. Alors je ferais une confession de toute ma vie pour réparer celles que je fais maintenant, sans cela je ne mourrais pas contente. »

« Eh bien ! Lui dira une autre, il te faudra retourner à celui qui t’a confessée jusqu’à présent, il te connaîtra bien mieux. »

« Ah ! Certes non ! J’irai à celui qui ne m’a pas voulu passer, parce qu’il ne voulait pas me damner. »

« Ah ! Que tu es bonne ! Cela ne fait rien, ils ont bien tous le même pouvoir. »

« Cela est bon à dire tant que l’on se porte bien ; mais quand on est malade, on pense bien autrement. Un jour, j’allais voir une telle qui était bien malade. Elle me dit que jamais elle ne retournerait se confesser à ces prêtres qui sont si faciles, et qui, en faisant semblant de vouloir vous sauver, vous jettent en enfer. »

C’est ainsi que se conduisent beaucoup de ces pauvres aveugles.

« Mon père, disent-elles au prêtre, je viens me confesser à vous, parce que notre curé est trop scrupuleux. Il veut nous faire promettre des choses que nous ne pouvons pas tenir. Il voudrait que nous soyons des saints, et cela n’est pas trop possible dans le monde. Il voudrait que nous ne mettions jamais le pied à la danse, que nous ne fréquentions jamais les cabarets ni les jeux. Si l’on a quelque mauvaise habitude, il n’accorde plus l’absolution qu’on ne l’ait quittée tout à fait. S’il fallait faire tout cela, nous ne ferions jamais de Pâques.  Mes parents qui ont bien de la religion me sont toujours après sur ce que je ne fais pas mes Pâques. Je ferai tout ce que je pourrai. Mais l’on ne peut pas dire que l’on ne retournera plus dans ces amusements, puisque l’on ne sait pas les occasions que l’on pourrait rencontrer.

« Ah ! lui dira le confesseur, trompé par ce beau langage, je vois que votre curé est un peu scrupuleux. Faites votre acte de contrition, je vais vous donner l’absolution, et tâchez d’être sage. »

C’est-à-dire : baissez la tête, vous allez fouler le sang adorable de Jésus Christ, vous allez vendre votre Dieu comme Judas l’a vendu à ses bourreaux et, demain, vous communierez ou, plutôt, vous irez le crucifier. O horreur ! O abomination ! Va ! Infâme Judas, va à la table sainte, va donner la mort à ton Dieu et à ton sauveur ! Laisse crier ta conscience, tâche seulement d’en étouffer les remords, autant que tu le pourras… Mais, mes frères, je vais trop loin, laissons ces pauvres aveugles à leurs ténèbres.

Je pense, mes frères, que vous désirez savoir ce que c’est que l’état d’une âme tiède. Hé bien ! Le voici : une âme tiède n’est pas encore tout à fait morte aux yeux de Dieu, parce que la foi, l’espérance et la charité, qui sont sa vie spirituelle, ne sont pas tout à fait éteintes. Mais c’est une foi sans zèle, une espérance sans fermeté, une charité sans ardeur…

Rien ne le touche : il écoute la parole de Dieu, il est vrai ; mais souvent, il s’ennuie. Il écoute avec peine, par habitude, comme une personne qui pense qu’elle en sait assez, ou qu’elle en fait assez. Les prières qui sont un peu longues le dégoûtent. Son esprit est si rempli de l’action qu’il vient de finir, ou de celle qu’il va faire, son ennemi est si grand que sa pauvre âme est comme à l’agonie. Il vit encore, mais il n’est capable de rien pour le ciel…

Il y a vingt ans qu’elle est remplie de bons désirs, sans avoir modifié en rien ses habitudes. Elle ressemble à une personne qui porte envie à celui qui est sur un char de triomphe, mais ne daigne pas seulement lever le pied pour y monter. Elle ne voudrait pas cependant renoncer aux biens éternels pour ceux de la terre. Mais elle ne désire ni sortir de ce monde, ni aller au ciel, et si elle pouvait passer son temps sans croix et sans chagrins, elle ne demanderait jamais à sortir de ce monde. Si vous lui entendez dire que la vie est bien longue et bien misérable, c’est seulement quand tout ne va pas selon ses désirs. Si le bon Dieu, pour la forcer en quelque sorte à se détacher de la vie, lui envoie des croix ou des misères, la voila qui se tourmente, qui se chagrine, qui s’abandonne aux plaintes, aux murmures, et souvent à une espèce de désespoir. Elle semble ne plus vouloir reconnaître que c’est le bon Dieu qui lui envoie ces épreuves pour son bien, pour la détacher de la vie et l’attirer à lui. Qu’a-t-elle pu faire pour les mériter ? pense-t-elle en elle-même, bien d’autres plus coupables qu’elle n’en subissent pas autant.

Dans la prospérité, l’âme tiède ne va pas jusqu’à oublier le bon Dieu, mais elle ne s’oublie pas non plus elle-même. Elle sait très bien raconter tous les moyens qu’elle a employés pour réussir ; elle croit que bien d’autres n’auraient pas eu le même succès ; elle aime à le répéter, à l’entendre répéter ; chaque fois qu’elle l’entend, c’est avec une nouvelle joie. A l’égard de ceux qui la flattent, elle prend un air gracieux. Mais pour ceux qui ne lui ont pas porté tout le respect qu’elle croit mériter, ou qui n’ont pas été reconnaissants de ses bienfaits, elle garde un air froid, indifférent, et semble leur dire qu’ils sont des ingrats qui ne méritaient pas de recevoir le bien qu’elle leur a fait…

Si je voulais, mes frères, vous peindre exactement l’état d’une âme qui vit dans la tiédeur, je vous dirais qu’elle est semblable à une tortue ou à un escargot. Elle ne marche qu’en se traînant sur la terre, et à peine la voit-on changer de place. L’amour de Dieu, qu’elle ressent dans son cœur, est semblable à une petite étincelle de feu cachée sous un tas de cendres. L’âme tiède en vient à ce point d’être tout à fait indifférente à sa perte. Elle n’a plus qu’un amour sans tendresse, sans activité et sans force, qui la soutient à peine dans tout ce qui est essentiellement nécessaire pour être sauvée. Mais pour tout le reste, elle le regarde comme rien ou peu de choses. Hélas ! Mes frères, cette pauvre âme est dans sa tiédeur, comme une personne entre deux sommeils. Elle voudrait agir ; mais sa volonté est tellement molle qu’elle n’a ni la force, ni le courage d’accomplir ses désirs.

Il est vrai qu’un chrétien qui vit dans la tiédeur remplit encore assez régulièrement ses devoirs, du moins, en apparence. Il fera bien tous les matins sa prière à genoux. Il fréquentera bien les sacrements, tous les ans, à Pâques, et même plusieurs fois l’année. Mais en tout cela, il y a tant de dégoût, tant de lâcheté et tant d’indifférence, si peu de préparation, si peu de changement  dans sa manière de vivre, que l’on voit clairement qu’il ne s’acquitte de ses devoirs que par l’habitude et par routine, parce que c’est une fête, et qu’il a l’habitude de les remplir en ce temps-là. Ses confessions et ses communions ne sont pas sacrilèges, si vous le voulez, mais ce sont des confessions et des communions sans fruit, qui, bien loin de le rendre plus parfait et plus agréable à Dieu, ne les rendent que plus coupables. Pour ses prières, Dieu seul sait comment elles sont faites : hélas ! Sans préparation. Le matin, ce n’est pas du bon Dieu qu’il s’occupe, ni du salut de sa pauvre âme ; mais il ne pense qu’à bien travailler. Son esprit est tellement enveloppé des choses de la terre que la pensée de Dieu n’y a point de place. Il pense à ce qu’il fera dans la journée, où il enverra ses enfants et ses domestiques, de quelle manière il s’y prendra pour activer son ouvrage. Pour faire sa prière, il se met à genoux, il est vrai, mais il ne sait ni ce qu’il veut demander au bon Dieu, ni ce qui lui est nécessaire, ni même devant qui il se trouve. Ses manières, si peu respectueuses, l’annoncent bien. C’est un pauvre qui, quoique bien misérable, ne veut rien et aime sa pauvreté. C’est un malade presque désespéré, qui méprise les médecins et les remèdes, et aime ses infirmités. Vous voyez cette âme tiède ne faire aucune difficulté de parler, sous le moindre prétexte, dans le cours de ses prières. Un rien les lui fait abandonner, en partie, du moins, pensant qu’elle les fera à un autre moment. Veut-elle offrir sa journée à Dieu, dire son bénédicité et ses grâces ? Elle fait tout cela, il est vrai, mais souvent sans penser à qui elle parle. Elle ne quittera même pas son travail. Est-ce un homme ? Il tournera son bonnet ou son chapeau entre ses mains, comme pour examiner s’il est bon ou mauvais, comme s’il avait dessein de le vendre. Est-ce une femme ? Elle les récitera en coupant le pain de sa soupe, ou en poussant son bois au feu, ou bien en criant après ses enfants ou ses domestiques. Les distractions dans la prière ne sont pas bien volontaires, si vous le voulez. On aimerait mieux ne pas les avoir.  Mais, parce qu’il faut se faire quelque violence pour les chasser, on les laisse aller et venir à leur gré.

Une âme tiède ne travaille peut-être pas, le saint jour du dimanche, à des ouvrages qui paraissent défendus aux personnes qui ont un peu de religion ; mais faire quelques points d’aiguille, arranger quelque chose dans le ménage, envoyer ses bergers aux champs, durant les offices, sous prétexte qu’ils n’ont pas bien de quoi donner à leurs bêtes : ils ne s’en font pas de scrupule, et ainsi aiment mieux laisser périr leur âme et celles de leurs ouvriers que laisser périr leurs bêtes. Un homme arrangera ses outils, ses charrettes pour le lendemain ; il ira visiter ses terres, il bouchera un trou, il coupera quelques cordes, il apportera des seillons et les arrangera. Qu’en pensez-vous, mes frères ? N’est-ce pas, hélas ! La vérité toute pure ?...

Une âme tiède se confessera encore tous les mois, et même bien souvent. Mais hélas ! Quelles confessions ? Point de préparation, points de désirs de se corriger, du moins ils sont si faibles et si petits, que le premier coup de vent les renverse. Toutes ces confessions ne sont qu’une répétition des anciennes, bienheureux encore s’ils n’ont rien à y ajouter. Il y a vingt ans qu’ils accusaient ce qu’ils accusent aujourd’hui. Dans vingt ans s’ils se confessent encore, ce sera la même répétition. Une âme tiède ne commettra pas, si vous voulez, de gros péchés. Mais une médisance, un mensonge, un sentiment de haine, d’aversion, de jalousie, une petite dissimulation ne lui coûtent guère. Si vous ne lui portez pas tout le respect qu’elle croit mériter, elle vous le fera bien apercevoir, sous prétexte que l’on offense le bon Dieu ; elle devrait plutôt dire : parce qu’on l’offense elle-même. Il est vrai qu’elle ne laissera pas de fréquenter les sacrements, mais ses dispositions sont dignes de compassion. Le jour où elle veut recevoir son Dieu, elle passera une partie de la matinée à penser à ses affaires temporelles. Si c’est un homme, il pensera à ses marchés ou à ses ventes. Si c’est une femme, elle pensera à son ménage et à ses enfants. Si c’est une fille, à la manière dont elle va s’habiller. Si c’est un garçon, il rêvera à quelques plaisirs frivoles, et le reste. Elle renferme son Dieu comme dans une prison obscure et malpropre. Elle ne lui donne pas la mort, mais il est dans ce cœur sans joie et sans consolation. Toutes ces dispositions annoncent que sa pauvre âme n’a plus qu’un souffle de vie. Après avoir reçu la sainte communion, cette personne ne pense guère plus au bon Dieu que les autres jours. Sa manière de vivre nous annonce qu’elle n’a pas connu la grandeur de son bonheur.

Une personne tiède réfléchit peu sur l’état de sa pauvre âme, et ne revient presque jamais sur la passé. Si elle pense cependant à mieux faire, elle croit qu’ayant confessé ses péchés, elle doit être parfaitement tranquille. Elle assiste à la sainte messe, à peu près comme à une action ordinaire. Elle y pense peu sérieusement, et ne fait point de difficulté de causer de différentes choses en y allant. Elle ne pensera même peut-être une seule fois qu’elle va participer au plus grand de tous les dons que le bon Dieu puisse nous faire, tout Dieu qu’il est. Pour les besoins de son âme, elle y pense, il est vrai, mais bien faiblement. Souvent même elle se présente devant le bon Dieu sans savoir  ce qu’elle va lui demander. Elle se fait peu de scrupules de retrancher, sous le moindre prétexte, la Passion, la procession et l’eau bénite. Pendant les saints offices, elle ne veut pas dormir, il est vrai, et elle a même peur qu’on l’aperçoive, mais elle ne se fait pas la moindre violence. Quant aux distractions pendant la prière ou la sainte messe, elle ne voudrait pas les avoir. Mais comme il faudrait un peu combattre, elle les souffre avec patience, cependant, sans les aimer. Les jours de jeûne se réduisent presque à rien, soit parce qu’on avance l’heure du repas, soit parce qu’on collationne abondamment, ce qui revient à un souper, sous le prétexte que le ciel ne se prend pas par famine. Quand elle fait quelques bonnes actions, souvent son intention n’est pas bien purifiée : tantôt c’est pour faire plaisir à quelqu’un, tantôt c’est par compassion, et quelquefois pour plaire au monde. Avec eux, tout ce qui n’est pas un gros péché est assez bien… Ils aiment à faire le bien, mais ils voudraient qu’il ne leur coûtât rien, ou du moins, bien peu. Ils aimeraient encore à voir les malades, mais il faudrait que les malades vinssent les voir eux-mêmes. Ils ont de quoi faire l’aumône, ils savent bien que telle personne en a besoin ; mais ils attendent qu’elle vienne le leur demander, au lieu de la prévenir ; ce qui rendrait leur bonne œuvre bien plus méritoire. Disons mieux, mes frères, une personne qui mène une vie tiède ne laisse pas que de faire beaucoup de bonnes œuvres, de fréquenter les sacrements, d’assister régulièrement à tous les saints offices ; mais en tout cela, vous ne voyez qu’une foi faible, languissante, une espérance que la moindre épreuve renverse, un amour de Dieu et pour le prochain qui est sans ardeur, sans plaisir. Tout ce qu’elle fait n’est pas tout à fait perdu, mais peu s’en faut.

Voyez devant le bon Dieu, mes frères, de quel côté vous êtes. Du côté des pécheurs, qui ont tout abandonné, se plongent dans le péché, sans remords ? Du côté des âmes justes qui ne voient et ne cherchent que Dieu seul ? Ou bien êtes-vous du nombre de ces âmes lâches, tièdes et indifférentes, telles que nous venons de les dépeindre ? Dans quel chemin marchons-nous ? Qui pourra s’assurer qu’il n’est ni grand pécheur, ni tiède ; mais qu’il est élu ! Hélas ! Mes frères, combien semblent être de bons chrétiens aux yeux du monde, qui sont des âmes tièdes aux yeux de Dieu qui connaît notre intérieur…

Demandons au bon Dieu de tout notre cœur, si nous sommes dans cet état, de nous faire la grâce d’en sortir, pour prendre la route que tous les saints ont prise, afin d’arriver au bonheur dont ils jouissent. C’est ce que je vous souhaite…

 

18 septembre 2013

FIORETTO

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FIORETTO

 

Cette pieuse pratique est à propager. Oh ! Oui, âme fidèle, faites-la vôtre, et propagez-la ; elle est si simple, elle vous coûtera si peu, et vous en serez si largement payée ! Au moins cette humble goutte d’eau dans les brasiers ardents du purgatoire ! Si nul ne la refusait, que d’âmes en recevraient leur délivrance !... et quel fleuve rafraîchissant traverserait sans cesse la prison de feu !

 

AVIS IMPORTANT

Cet exercice de la Semaine sanctifiée, praticable en quelque temps de l’année que ce soit, ayant été approuvée par l’autorité ecclésiastique compétente, selon la teneur du rescrit de la Sacrée Congrégation des Indulgences (26 novembre 1876) jouit des indulgences suivantes :

Indulgence de 300 jours, chaque jour de la semaine ;

Indulgence plénière, un des jours de la semaine, ou un des huit jours qui la suivent immédiatement, et aux conditions ordinaires.

 

NIHIL OBSTAT : C.E. GAGNE, ptre

IMPRIMATUR : B.Ph.GARNEAU, v.g.

Québec, le 17 octobre 1933.

 

18 septembre 2013

JEUDI VENDREDI SAMEDI

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JEUDI

Colloque : Que regrettez-vous, saintes âmes du Purgatoire, de la terre que vous avez quittée ?

Je regrette les scandales donnés… Si au moins, je n’avais que mes fautes à regretter !... Si, en mourant, j’avais pu arrêter les tristes conséquences de mes scandales !... Si je pouvais d’ici retenir, sur la pente de l’abîme, tant de pauvres âmes qui suivent mes tristes exemples et ma perverse doctrine !... Mais non, à cause de moi, il se commet encore du mal, et cela durera des années, des siècles… et il m’est demandé compte de la part qui me revient de tous les péchés dont je suis la cause. Ah ! S’il m’était permis de faire arriver ma parole brûlante jusqu’aux extrémités de la terre, et de parcourir en missionnaire  le monde tout entier, avec quelle activité je m’attacherais aux âmes pour les détourner du vice, et les entraîner à la vertu ! O vous qui venez me visiter en compagnie du Sacré Cœur, dans ma prison ténébreuse, et qui faites briller à mes yeux un rayon de sa bénie lumière, vous avez en lui le moyen le plus sûr et le plus facile, en coopérant à sa grâce, en reproduisant ses vertus, en vous animant de son zèle, de convertir autant d’âmes, et plus encore que je n’en ai scandalisées.

PIEUSES PRATIQUES :

Résolution : Secourir aujourd’hui dans le Purgatoire, par tous les moyens en notre pouvoir, les âmes des fidèles, venues de toutes les contrées de l’Amérique, plus spécialement celles des pays encore sauvages et qui commencent à recevoir des lumières de la foi, et nous recommander à celles, qui, en ce moment, montent au Ciel.

Bouquet spirituel : « A chacun selon ses œuvres »

Suffrage : Donner aujourd’hui à quelque personne une image du Sacré Cœur.

Intention particulière : Priez pour l’âme la plus dévote au Saint Sacrement.

Motif : Elle demandera pour vous la grâce de le recevoir dignement à l’heure de la mort, comme gage de votre salut éternel.

Prière pour le jeudi : O Seigneur, Dieu Tout Puissant, je vous supplie, par le Corps adorable et le Très Précieux Sang de votre Divin Fils Jésus, qui, la veille de sa Passion, se donna lui-même en nourriture et en breuvage à ses apôtres bien-aimés, et laissa ainsi à toute son Eglise, un sacrifice perpétuel, et à ses fidèles, un aliment vivifiant, de délivrer les âmes du Purgatoire, et tout spécialement la plus dévote à ce Mystère d’un amour infini, afin qu’elle vous loue par votre Divin Fils, et avec votre Divin Fils, en union avec le Saint Esprit, dans le séjour de votre gloire, pendant toute l’éternité. Ainsi soit-il. PATER-AVE-DE PROFUNDIS.

Oraison jaculatoire : « O mon Jésus, miséricorde » (Indulgence de 100 jours chaque fois, Pie IX, 1846).

 

VENDREDI

Colloque : Que regrettez-vous, saintes âmes du Purgatoire, de la terre que vous avez quittée ?

Je regrette la pénitence omise… Qu’elle eût été facile, hier, dans le monde !... Qu’elle est rude, aujourd’hui, dans le Purgatoire !... Ici, la plus petite de mes souffrances est au-dessus des plus grandes douleurs de la terre. Je n’avais autre chose à faire alors qu’à accepter avec résignation le travail, la douleur, la contrariété ; me priver de quelques biens superflus, pour en enrichir les pauvres ; accomplir des œuvres satisfactoires ; utiliser les indulgences et les pratiques de piété. Quoi de plus aisé !... Ah ! si Dieu voulait m’accorder de revenir sur la terre, aucune règle ne me paraîtrait assez austère, nul martyre ne saurait m’effrayer ; il n’y aurait pour moi que suavité dans les plus rigoureuses pénitences, à la pensée de ces feux dévorants dont, par elles, j’éviterais les ardeurs… O vous qui souffrez dans cette vallée d’exil, réjouissez-vous : la plus légère peine chrétiennement supportée en vue de vos péchés, pour satisfaire à la justice de Dieu, et offerte au Sacré Cœur en esprit de réparation, peut vous épargner un long et pénible Purgatoire.

PIEUSES PRATIQUES :

Résolution : Secourir aujourd’hui dans le Purgatoire, par tous les moyens en notre pouvoir, les âmes des fidèles, venues des contrées lointaines de l’Océanie, plus spécialement celles des missions catholiques les plus éprouvées, et nous recommander à celles, qui, en ce moment, montent au Ciel.

Bouquet spirituel : Faites donc de dignes fruits de pénitence.

Suffrage : Une petite pénitence pour le soulagement des âmes du Purgatoire.

Intention particulière : Vous prierez en faveur des âmes, pour lesquelles vous avez le plus d’obligation de prier.

Motif : C’est votre devoir. Et si, à l’égard de ces âmes, vous avez quelque obligation de justice, ne différez plus ; autrement, vous attirerez sur vous la vengeance divine !

Prière pour le vendredi : O Seigneur, Dieu Tout Puissant, je vous supplie, par le Très précieux Sang que Jésus, votre Divin Fils, a répandu à pareil jour sur l’arbre de la Croix, surtout par les plaies de ses mains et de ses pieds sacrés, de délivrer les âmes du Purgatoire, et en particulier celle pour laquelle je suis le plus obligé de prier, afin que ce ne soit pas par ma faute que vous ne l’introduisiez pas aussitôt dans le sein de votre gloire, pour vous louer et vous bénir à tout jamais. Ainsi soi-il. PATER-AVE-DE PROFUNDIS.

Oraison jaculatoire : « Jésus doux et humble de cœur, rendez mon cœur semblable au Vôtre » (Indulgence de 300 jours chaque fois, Pie X, 13 septembre 1905).

 

SAMEDI

Colloque : Que regrettez-vous, saintes âmes du Purgatoire, de la terre que vous avez quittée ?

Je regrette le peu de charité que j’ai eu sur la terrepour les âmes du Purgatoire. J’aurais pu leur être si utile durant ma vie ! Prières, pénitences, aumônes, bonnes œuvres, communions, saintes messes, dévotion au Sacré Cœur ; que de moyens n’avais-je pas pour consoler ces pauvres âmes, retenues prisonnières dans ce séjour de feu, de ténèbres et de souffrances ! Si j’avais agi de la sorte, je me serais acquis des grâces puissantes pour éviter le péché et pour m’envoler droit au Ciel : j’aurais au moins mérité un Purgatoire plus mitigé, plus rapide, et je prendrais une part plus grande au fruit des prières que de toute part l’on offre pour nous. Ah ! si je pouvais retourner sur la terre, personne ne serait plus dévoué que moi aux âmes souffrantes ! Que de saintes messes n’entendrais-je pas ? Combien n’en ferais-je pas célébrer pour elles ? Quelles prières n’adresserais-je pas au Ciel à leur intention ?... Quels efforts pressants ne ferais-je pas pour exciter en leur faveur la compassion de tous ? Ce que je n’ai point fait, alors que je le pouvais, vous, âmes chrétiennes, ne négligez pas de le faire en ce moment.

PIEUSES PRATIQUES :

Résolution : Secourir aujourd’hui dans le Purgatoire, par tous les moyens en notre pouvoir, les âmes des fidèles, venues de l’Australie, et particulièrement de la Nouvelle-Guinée, et nous recommander à celles qui, en ce moment, montent au Ciel.

Bouquet spirituel : C’est justement que nous souffrons…

Suffrage : Propagez ce petit livre, et les âmes du Purgatoire vous en seront reconnaissantes.

Intention particulière : Priez pour l’âme la plus dévote à la Très Sainte Vierge.

Motif : Vous ferez le plus grand plaisir à Marie qui, se rendant aux prières de cette âme, vous obtiendra la grâce d’une vraie dévotion au Sacré Cœur de Jésus.

Prière pour le samedi : O Seigneur, Dieu Tout Puissant, je vous supplie par le Très Précieux Sang qui jaillit du côté de Jésus, votre Divin Fils, à la vue de sa Très Sainte Mère, plongée dans une extrême douleur, de délivrer les âmes du Purgatoire, et en particulier celle qui a été la plus dévote à cette grande Reine, afin qu’elle soit admise au plus tôt dans votre gloire, et puisse vous louer en Elle et Elle en vous, pendant tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. PATER-AVE-DE PROFUNDIS.

Oraison jaculatoire : « O Marie, qui êtes entrée dans le monde sans tâche, de grâce, obtenez-moi de Dieu que je puisse en sortir sans péché » (Indulgence de 100 jours, une fois par jour, Pie IX, 1863).

 

18 septembre 2013

DIMANCHE LUNDI MARDI MERCREDI

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DIMANCHE

Colloque : Que regrettez-vous, saintes âmes du Purgatoire, de la terre que vous avez quittée ?

Je regrette le temps perdu. Je ne le croyais ni si précieux, ni si rapide, ni si irréparable… Si j’avais su… Si je pouvais encore !... Temps précieux !... Aujourd’hui, je t’apprécie comme tu le mérites. Tu m’avais été donné pour t’employer tout entier à l’amour de Dieu, à ma sanctification, au soulagement et à l’édification du prochain ; je t’ai employé au péché, au plaisir, à des œuvres qui maintenant me causent de si amers regrets ! Temps si rapide sur la terre et si lent dans cette prison de feu ! Tu passais autrefois comme l’éclair ; ma vie fuyait, comme un songe ; et maintenant les heures me paraissent des années !... les jours… des siècles ! Temps irréparable ! Sur la terre tu semblais ne devoir jamais finir ; et la mort a coupé le fil de mes jours, au moment où j’y pensais le moins. O temps perdu, te voilà passé sans espoir de retour ! O vous, qui vivez encore sur la terre, consacrez pour nous au Cœur de Jésus quelques-unes de ces heures où la grâce vous est offerte en si grande abondance et avec tant de facilité !

PIEUSES PRATIQUES :

Résolution : Secourir aujourd’hui dans le Purgatoire, par tous les moyens en notre pouvoir, les âmes de ceux qui, pendant leur vie, ont pratiqué ce saint exercice et nous recommander à celles, qui, en ce moment, montent au ciel.

Bouquet spirituel : « Les souffrances des âmes du Purgatoire sont si grandes, qu’un jour leur semble mille ans » (Saint Vincent FERRIER).

Suffrage : Consacrer un petit instant à honorer le Sacré Cœur en faveur des âmes du Purgatoire.

Intention particulière : Vous prierez le Sacré Cœur pour l’âme la plus abandonnée.

Motif : Plus grande est sa détresse, plus grande sera sa reconnaissance. Elle priera pour que Dieu ne vous abandonne pas, et que vous ne vous éloigniez jamais de lui par le péché.

Prière pour le dimanche : O Seigneur, Dieu Tout Puissant, je vous supplie, par le Sang Très Précieux que Jésus, votre Divin Fils, a répandu dans le Jardin des Oliviers, de délivrer les âmes du Purgatoire ; je vous recommande particulièrement la plus abandonnée. Conduisez-la dans le séjour de la gloire, afin qu’elle vous loue et vous bénisse pendant toute l’éternité. Ainsi soit-il. PATER-AVE-DE PROFUNDIS.

Oraison jaculatoire : « Doux Cœur de Jésus, faites que je vous aime toujours de plus en plus » (Indulgence de 300 jours chaque fois, et plénière une fois le mois, à qui la récite chaque jour, Pie IX, 1876).

 

LUNDI

Colloque : Que regrettez-vous, saintes âmes du Purgatoire, de la terre que vous avez quittée ?

Je regrette les biens dissipés. Ma fortune, ma santé, mes talents, ma position dans le monde : tout cela eût été pour moi un puissant moyen de salut, si j’avais voulu m’en servir à la gloire de Dieu. Que de grâces ne me serais-je pas attirées par là ! Et je ne l’ai pas voulu ! Et tous mes biens se sont évanouis à mes yeux, au moment de la mort ! Ah ! Si j’étais riche aujourd’hui de ces biens périssables, que ne donnerais-je pas pour avancer d’un moment ma délivrance, pour augmenter d’un degré la gloire que Dieu me réserve au Ciel, et pour faire connaître ici-bas, à une âme de plus, la dévotion au Sacré Cœur… O vous, qui sur la terre, disposez encore de quelque fortune, il vous en sera demandé compte… Songez-y… Usez-en selon la justice, la piété et la charité. Acquittez-vous de vos dettes envers les vivants et envers les défunts ; donnez aux pauvres de généreuses aumônes ; travaillez à la gloire du Sacré Cœur en procurant, par votre pieuse libéralité, la diffusion de son culte jusqu’aux extrémités du monde qui lui a été entièrement consacré.

PIEUSES PRATIQUES :

Résolution : Secourir aujourd’hui dans le Purgatoire, par tous les moyens en notre pouvoir, les âmes des fidèles, venues de tous les points de l’Europe, plus spécialement celles de Rome, de la France, de la ville que nous habitons, et nous recommander à celles, qui, en ce moment, montent au Ciel.

Bouquet spirituel : « A l’aumône sont ouvertes les portes du Paradis » (Saint Jean CHRYSOSTOME).

Suffrage : Faire quelque aumône pour le culte du Sacré Cœur.

Intention particulière : Vous prierez pour l’âme la plus rapprochée de sa délivrance.

Motif : Plus le terme de ses souffrances est proche, plus elle désire s’unir au Sacré Cœur. Enlevez l’obstacle ; en échange, elle demandera pour vous la grâce de rompre les derniers liens qui vous empêchent de vous donner tout entier à Dieu.

Prière pour le lundi : O Seigneur, Dieu Tout Puissant, je vous supplie, par le Sang Très Précieux que Jésus, votre Divin Fils, a répandu dans sa cruelle flagellation, de délivrer les âmes du Purgatoire, et surtout celle qui doit le plus tôt entrer dans votre gloire, afin qu’elle commence dès à présent à vous bénir pendant toute l’éternité. Ainsi soit-il. PATER-AVE-DE PROFUNDIS.

Oraison jaculatoire : « Doux Cœur de Marie, soyez mon salut » (Indulgence de 300 jours chaque fois, et plénière une fois le mois, à qui la récite chaque jour, Pie IX, 1852).

 

MARDI

Colloque : Que regrettez-vous, saintes âmes du Purgatoire, de la terre que vous avez quittée ?

Je regrette la grâce méprisée. Elle m’a été offerte en si grande abondance, à chaque instant de la vie, avec de si pressantes sollicitations… Régénération chrétienne, vocation, sacrements, parole de Dieu, inspirations saintes, bons exemples, faveurs insignes de préservation dans le danger, de secours, dans la tentation, de pardon après la chute. Quelle somme incalculable de grâces de choix !... J’ai refusé les unes, accepté froidement les autres, abusé de la plupart d’entre elles. Ah ! si j’avais seulement, aujourd’hui, un moment, la liberté d’étancher ma soif à ces sources de la miséricorde qui jaillissent du Cœur Sacré de Jésus, et que les pécheurs et les indifférents dédaignent ! Ecoutez Sainte Marguerite-Marie vous dire du haut du Ciel, comme nous vous le disons du sein de nos flammes : «  Il est visible qu’il n’est personne au monde qui ne ressentit toutes sortes de secours, s’il avait pour Jésus-Christ un amour reconnaissant tel qu’est celui qu’on lui témoigne par la dévotion à son Sacré Cœur » (Œuvre de Sainte Marguerite-Marie, tom. II, 86).

PIEUSES PRATIQUES :

Résolution : Secourir aujourd’hui dans le Purgatoire, par tous les moyens en notre pouvoir, les âmes des fidèles, venues de toutes les contrées de l’Asie, et plus spécialement celles  de la Palestine, et nous recommander à celles qui, en ce moment, montent au Ciel.

Bouquet spirituel : « Le bien d’une seule grâce est supérieur au bien naturel de l’univers entier » (Saint Thomas).

Suffrage: Quelques pratiques indulgenciées en l’honneur du Sacré Cœur.

Intention particulière : Prier pour l’âme du Purgatoire la plus éloignée de sa délivrance.

Motif : Laissez-vous toucher par sa désolation et son humilité à subir ses longues souffrances, elle vous en sera reconnaissante ! Bienheureux serez-vous, si elle vous obtient l’humilité en ce monde, pour que vous soyez glorifié dans l’autre.

Prière pour le mardi : O Seigneur, Dieu Tout Puissant, je vous supplie, par le Sang Très Précieux que Jésus, votre Divin Fils, a répandu dans son douloureux couronnement d’épines, de délivrer les âmes du Purgatoire, et surtout celle qui devrait être la dernière à sortir de ce lieu de tourments, afin qu’elle ne tarde pas à vous louer dans votre gloire et à vous bénir à tout jamais. Ainsi soit-il. PATER-AVE-DE PROFUNDIS.

Oraison jaculatoire : « Père Eternel, je vous offre le Sang Très Précieux de Jésus-Christ, en expiation de mes péchés et pour les besoins de la Sainte Eglise » (Indulgence de 100 jours chaque fois, Pie IX, 1871).

 

MERCREDI

Colloque : Que regrettez-vous, saintes âmes du Purgatoire, de la terre que vous avez quittée ?

Je regrette le mal commis… Il me paraissait autrefois si léger et si agréable. J’en étouffais les remords au milieu des plaisirs… Aujourd’hui son poids m’accable, son amertume fait mon tourment, son souvenir me poursuit et me déchire. Péchés mortels pardonnés, mais non expiés ; fautes vénielles, imperfections légères, trop tard je comprends votre malice ! Ah ! Si je retournais à la vie !... nulle promesse, si riante fût-elle, nul honneur, nul plaisir, nulle richesse, nulle parole séduisante ne serait capable de m’engager à commettre le plus petit péché. O vous qui avez encore la liberté de choisir entre Dieu et le monde, regardez les épines, la croix, les flammes qui ont torturé le Cœur de Jésus ; elles vous diront ce que nos péchés lui ont coûté de souffrances. Pensez aux regrets tardifs et douloureux que vous aurez de vos fautes en Purgatoire, et rien ne vous coûtera alors pour confesser, dans le Sacrement de pénitence, toutes celles du passé ; pour subir dans le présent la peine qui leur est encore due ; et pour les éviter à l’avenir.

PIEUSES PRATIQUES :

Résolution : Secourir aujourd’hui dans le Purgatoire, par tous les moyens en notre pouvoir, les âmes des fidèles, venues de toutes les contrées de l’Afrique et plus spécialement des pays autrefois catholiques, et nous recommander à celles qui, en ce moment, montent au Ciel.

Bouquet spirituel : « Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ? »

Suffrage: Un acte de contrition devant une image du Sacré Cœur.

Intention particulière : Vous prierez pour l’âme la plus riche en mérites.

Motif : Plus elle sera élevée en gloire dans le Ciel, et plus efficacement elle pourra vous obtenir un véritable amour de Dieu, sans lequel il n’est pas de vrai mérite.

Prière pour le mercredi : O Seigneur, Dieu Tout Puissant, je vous supplie par le Sang Très Précieux que Jésus, votre Divin Fils, a répandu dans les rues de Jérusalem, en portant une si pesante croix sur ses épaules sacrées, de délivrer les âmes du Purgatoire, et tout particulièrement celle qui est la plus riche de mérites devant vous, afin qu’élevée au rang sublime qu’elle attend, elle vous loue hautement et vous bénisse à jamais. Ainsi soit-il. PATER-AVE-DE PROFUNDIS.

Oraison jaculatoire : « Jésus, Marie, Joseph, je vous donne mon cœur, mon esprit et ma vie. Jésus, Marie, Joseph, assistez-moi dans ma dernière agonie. Jésus, Marie, Joseph, que je meure paisiblement en votre sainte compagnie » (Indulgence de 300 jours chaque fois, Pie VII, 1807).

 

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18 septembre 2013

ACTES PREPARATOIRES

Pratique quotidienne

 Un Petit Tour au Purgatoire

En compagnie du Sacré Cœur de Jésus

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ACTES PREPARATOIRES

 

PRIERE : Sainte Marguerite-Marie, que Notre Seigneur a choisie pour établir et répandre de toutes parts, comme une source intarissable de grâces, la dévotion à son Divin Cœur ; vous qui avez entendu les âmes du Purgatoire vous demander ce remède nouveau, si souverain à leurs souffrances, et qui avez délivré par ce moyen une multitude de ces pauvres prisonnières, obtenez-nous la grâce d’accomplir saintement votre pieuse pratique d’un petit tour par le Purgatoire, en compagnie du Cœur Sacré de Jésus. Ainsi soit-il.

Union d’intentions avec les fidèles qui accomplissent, chaque jour, ce saint exercice, dans l’église titulaire de l’œuvre, au Lungotevere Prati, Rome.

 

CONSECRATION DE LA JOURNEE : O Divin Cœur de Jésus, en faisant en votre compagnie ce petit tour par le Purgatoire, nous vous consacrons tout ce que nous avons fait et ferons encore de bien, avec le secours de votre grâce, durant cette journée, et vous prions d’appliquer vos mérites à ces saintes âmes souffrantes. Et vous, saintes âmes du Purgatoire, employez en même temps tout votre pouvoir, pour nous obtenir la grâce de vivre et de mourir dans l’amour et la fidélité au Sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ, en répondant à ses désirs sur nous sans résistance. Ainsi soit-il.

 

OFFRANDE : Père Eternel, nous vous offrons le sang, la passion et la mort de Jésus-Christ, les douleurs de la Très Sainte Vierge et celles de Saint Joseph, pour la rémission de nos péchés, la délivrance des âmes du Purgatoire et la conversion des pécheurs (100 jours d’indulgence une fois le jour, Pie IX, 1860).

INVOCATIONS :

†    Aimé soit partout le Sacré Cœur de Jésus !

(300 jours d’indulgence une fois le jour, PPO 631).

†    Marie, Mère de Dieu et Mère de Miséricorde, priez pour nous et pour les trépassés.

(100 jours d’indulgence une fois le jour, Léon XIII, 1892).

†    O Saint Joseph, modèle et patron des amis du Sacré Cœur de Jésus, priez pour nous.

(100 jours d’indulgence une fois le jour, Léon XIII, 1892).

 

PRELUDE :

Descendons un instant par la pensée avec l’amour du Cœur de Jésus et l’abondance de ses grâces, dans les flammes dévorantes du Purgatoire !

  1. 1.     Que d’âmes y viennent en ce moment  commencer leur douloureuse captivité !...

Qu’elles sont heureuses ! Elles ont évité l’Enfer à tout jamais… Elles sont sûres d’arriver au suprême bonheur… elles sont les amies de Dieu… elles sont sauvées !...

Qu’elles sont tristes ! Elles sont chargées de mille imperfections… de bien des peines temporelles dues encore au reste des péchés pardonnés… exilées pour un temps de leur céleste patrie… condamnées au feu expiatoire.

  1. 2.     Quelle sainte légion presque entièrement purifiée s’apprête aujourd’hui même à s’envoler au ciel !

Félicitons-les, donnons-leur le dernier suffrage qui hâtera de quelques instants leur joyeux départ, disons-leur de se souvenir de nous dans l’Eternel Royaume.

  1. 3.     Quelle multitude s’y trouve renfermée depuis longtemps déjà, pour y demeurer longtemps encore !

Il y a là des âmes séculières, religieuses, sacerdotales, des âmes qui nous sont chères.

Contemplons-les, écoutons leurs gémissements, adressons-leur une parole d’amitié et de compassion, prêtons-leur assistance.

 PSAUME 120

De profundis clamavi ad te Domine : Domine exaudi  vocem meam. Fiant aures tuae intendentes in vocem deprecationis meae. Si iniquitates observaveris, Domine, Domine quis sustinebit ? Quia apud te propritiatio est, et propter legem tuam sustinui te Domine. Sustinuit anima mea in verbo eius, speravit anima mea in Domino. A custodia matutina usque ad noctem, speret Israel in Domino. Quia apud Dominum misericordia, et copiosa apud eum redemptio. Et ipse redimet Israel, ex omnibus iniquitatibus ejus.

Des profondeurs de l’abîme, j’ai crié vers vous, Seigneur, écoutez ma voix. Que vos oreilles soient attentives à la voix de ma prière. Si vous tenez compte de nos iniquités, Seigneur, qui pourra subsister devant vous ? Mais vous êtes plein de miséricorde, et j’espère en vous, Seigneur, à cause de votre loi. Mon âme s’est appuyée sur votre parole : mon âme a mis toute sa confiance dans le Seigneur. Depuis le matin jusqu’au soir, Israël espère dans le Seigneur. Car dans le Seigneur est la miséricorde et une abondante rédemption. C’est lui qui rachète Israël de toutes ses iniquités.

Versets :

Requiem aeternam dona eis Domine. Et lux perpetua luceat eis. Requiescant in pace. Amen.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel. Et que la lumière éternelle les éclaire. Qu’ils reposent en paix. Ainsi soit-il.

Indulgences applicables :

A la récitation des seuls versets, on gagne chaque fois l’indulgence de 300 jours, uniquement applicable aux défunts. (Pie X, 13 février 1906 – Id. Manuel, Appendice).

 

18 septembre 2013

EXCELLENCE DE CETTE PRATIQUE

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Elle est conforme au désir du Sacré Cœur. Sainte Marguerite-Marie y résume les diverses pratiques suggérées par elle à ses novices et dont elle disait : « Voici, mes très aimées sœurs, la manière qui me semble être la plus conforme au désir du Sacré Cœur de Jésus, pour vous acquitter plus fidèlement de la promesse que vous lui avez faite en faveur des âmes souffrantes du Purgatoire ».

Elle est à méditer dans toutes les paroles choisies par la Sainte  pour en composer la formule. De chacune jaillit une lumière, s’exhale un parfum, découle je ne sais quelle grâce qui vous porte à secourir ces chères âmes pour faire plaisir au Sacré Cœur.

Elle est générale. Vous, qui que vous soyez, qui vous honorez du titre de fidèle vivant, vous êtes invité à faire pour les fidèles défunts votre petit tour par le Purgatoire, comme le marin fait son quart sur le navire ; le soldat, sa garde auprès de la citadelle ; l’âme fervente, sa visite au Saint Sacrement.

Elle est personnelle.Vous ferez… Vous, et non un autre pour vous. L’invitation vous est adressée. Après votre mort, on le fera pour vous… Aujourd’hui, les âmes souffrantes vous le demandent pour elles… La manière dont on le pratique au-delà de la tombe est bien diverse de celle-ci. Mieux vaut ne pas différer.

Vous ferez, c’est entendu… c’est votre résolution, ce sera votre acte à vous, au moment et dans la mesure que vous voudrez.

Elle est courte.Un petit tour… Vous en avez tant fait, d’ici, de là, par l’imagination et par le cœur, d’inutiles bien souvent, de nuisibles parfois : celui-ci comptera parmi les bons et vous aidera à réparer ceux qui ne l’ont pas été. Le temps d’une pensée sérieuse, d’un acte de foi, de zèle, de charité, d’une oraison jaculatoire. C’est bien modeste, et cependant, si petit soit-il, c’est un tour tout entier dans sa largeur et dans sa profondeur. L’éclair le plus rapide illumine, au moins un instant, la sombre prison. La brise la plus légère est toujours d’un grand prix dans l’atmosphère embrasée… C’est donc bien facile à tout le monde, partout, à toute heure, en toute circonstance, par quelque suffrage que ce soit.

Elle est consolante. Par le Purgatoire… c’est une visite aux exilés, aux malades, aux captifs, aux amis de Dieu, aux futurs princes de sa Cour.

Elle est sainte. En la compagnie du Sacré Cœur… Admis dans son royal cortège, purifions-nous par la contrition, unissons-nous à ses sentiments et suivons-le, comme autrefois les disciples quand il allait guérir toute langueur.

Elle est généreuse. En lui consacrant tout ce que vous avez fait. Donnons-lui sans réserve tout ce que nous avons fait et ce que nous ferons de bien, avec le secours de sa grâce, durant la journée, pour qu’il en dispose à son gré en faveur des chères prisonnières. Ce que nous avons est en si minime quantité et de si mince valeur ! C’est nous enrichir de ses grands biens à Lui que de nous dépouiller pour Lui de nos petits biens à nous…

Elle est inépuisable. Pour le prier  d’appliquer ses mérites à ces saintes âmes souffrantes. Non contents de voir se changer, en or pur de la charité, la misérable obole de nos œuvres si imparfaites, nous supplions ce Divin Cœur d’ajouter en plus tous les infinis mérites de sa vie, de sa passion et de sa mort. Peut-on demander une plus précieuse faveur ? Apporte aux saintes âmes un plus grand soulagement ?

Elle est désirée au Purgatoire. « Si vous saviez, dit la Sainte (lettre 85), avec combien d’ardeur ces pauvres âmes demandent ce remède nouveau !... »

Elle est efficace. « Ce remède si souverain à leurs souffrances, car c’est ainsi qu’elles nomment la dévotion au Sacré Cœur, et particulièrement les messes en son honneur. »

Elle est profitable à qui la fait. « Et vous les prierez en même temps d’employer leur pouvoir… »Nous leur avons tendu la main pour les secourir, nous la leur tendons de nouveau pour qu’elles nous secourent. Nous la leur avons apportée pleine, nous ne voulons pas la retirer vide. Elles ont reçu de nous ; à elles maintenant de nous donner. Elles étaient nos protégées ; elles deviennent nos protectrices. Elles nous seront toujours plus généreuses et plus puissantes que nous ne saurions jamais l’être envers elles.

Elle est du plus grand prix. Pour nous obtenir la grâce de vivre et de mourir dans l’amour et la fidélité au Sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ en répondant à ses désirs sur nous sans résistance. C’est, sans contredit, la plus belle grâce que nous puissions obtenir en ce monde,  par la douce entremise des âmes souffrantes ; c’est la rénovation non interrompue de cette faveur à tout instant de la vie, jusqu’à la mort ; c’est cette même grâce d’amour et de fidélité au Sacré Cœur, non seulement pour l’exécution de ses ordres et la mise en pratique de ses conseils, mais pour l’accomplissement de son bon plaisir, sans aucune résistance en tout, partout, toujours, de plus en plus, de mieux en mieux et malgré tout. Ne pouvons-nous rien demander de plus précieux ?

Elle est méritoire. Inspirée par la double charité envers Dieu et le prochain, elle fait grandir les fidèles dans la grâce et dans la vertu ; elle leur attire, durant la vie et surtout à la mort, la miséricorde divine : elle leur obtient un accroissement de gloire pour le ciel.

Elle est opportune. L’iniquité abonde dans le monde ; la charité s’est refroidie ; il est nécessaire de nous apitoyer davantage sur le sort douloureux de ces pauvres âmes souffrantes. Elles sont si nombreuses ! Malgré les suffrages qui se font en leur faveur dans tant de pieuses associations et de chrétiennes familles, elles sont encore si abandonnées, hélas, de l’immense multitude qui passe indifférente, sans songer à leur procurer le plus petit secours.

Elle est populaire. Dans la mansarde du pauvre, dans le palais du riche, dans la cellule de la Vierge consacrée à Dieu, dans les familles chrétiennes, dans les pensionnats, dans les séminaires, dans le sacerdoce, dans la vie religieuse, dans la mission lointaine, au milieu des champs, dans les prisons elles-mêmes, elle est accueillie avec amour.

Elle est juste. N’avons-nous pas, dans ce lieu d’expiation, des parents, des amis, des bienfaiteurs ? Des âmes qui ont offensé le Seigneur à cause de nous ? Des personnes qui attendent l’exécution  de nos promesses ou l’accomplissement des obligations que nous avons contractées de leur venir en aide après leur mort ?

 Elle est urgente. Ecoutez les gémissements inénarrables qui se succèdent sans interruption  et montent des profondeurs  du Purgatoire. Toutes ces voix crient : « Pitié ! Pitié ! ».

Quelques-unes de ces chères âmes souffrantes, arrivées, à cette heure même, dans les flammes expiatrices, n’ont pas encore eu de soulagement ; ayons à cœur de leur apporter le premier ; d’autres n’ont plus qu’un dernier suffrage à recevoir pour terminer leur long exil ; hâtons-nous, en leur donnant, de leur ouvrir les portes de la Patrie ; toutes sont dans la douleur ; sur toutes, étendons notre charité.

Elle est pleine de doctrine. Tout le dogme du Purgatoire s’y montre en abrégé. Les chères âmes pardonnées, destinées à la gloire, y sont appelées pauvres, souffrantes, affligées, prisonnières, à cause des restes de leurs péchés ; saintes, puissantes, avocates, bonnes amies, à cause de leurs vertus et de leurs mérites ; tout ce qui se fait pour elles en suffrage, le Cœur de Jésus le regarde comme fait à lui-même, à cause de la compassion qu’il leur porte, et de l’ardente soif qu’il a  de les avoir au plus tôt avec lui dans sa gloire. Elles ont grand intérêt à recevoir de nous un soulagement temporel ; nous en avons un plus grand à faciliter notre salut éternel en leur faisant du bien.

Elle est semblable au Ministère des Anges. Ne porte-t-elle pas les gémissements de ces pauvres âmes à leur Père qui est aux cieux, et à leurs frères et amis qui sont sur la terre ? Ne leur porte-t- elle  pas à elles-mêmes, en témoignage de notre pieux souvenir, quelque adoucissement inattendu ou l’annonce d’une délivrance plus rapprochée ?

Elle est inspirée d’en-Haut. « Dans sa clémence infinie, Jésus inspire à ceux qui vivent encore ici-bas de puiser, pour les prisonnières, dans les trésors de mérites de son Cœur Sacré. Et, dociles à cette inspiration, les fidèles se consacrent au Divin Cœur pour secourir d’une manière prompte et efficace les âmes qui souffrent dans le Purgatoire. » (Card. Vicaire, 1894)

Elle est préservatrice de biens des fautes. Tant de fois notre folle imagination divague en pensées mondaines, en rêves trompeurs, en désirs périlleux ; conduisons-la, un instant, dans cette prison brûlante, où s’évanouissent les vanités, où se punit la moindre offense, où tout doit être payé jusqu’à complète satisfaction. Là, nous apprendrons à détester, à fuir et à expier le péché.  

Elle est publique. Son église titulaire, au centre de Rome, est le siège canonique de l’Association et de ce pieux exercice ; elle a ses quinze messes quotidiennes de demi-heure en demi-heure, de 6heures à midi ; ses bénédictions du Saint Sacrement, matin et soir ; ses triduums, ses neuvaines, ses trentains demandés par les associés pour grâce à obtenir ou pour grâce reçue ; sa revue mensuelle « le Purgatoire » en divers langues, plus d’un million d’exemplaires s’en sont déjà répandus ; son musée chrétien si providentiellement formé, et dont les enseignements sur le Purgatoire sont tout à la fois si graves et si consolants. Elle est un lieu béni de pèlerinages  où la prière, sous toutes ses formes, est un perpétuel suffrage en faveur des fidèles trépassés.

Elle est solennelle. Matin et soir devant le Saint Sacrement exposé, le prêtre, au nom de tous les fidèles qui l’entourent et de tous les millions d’associés unis à nous, lit la même formule que nous donnons plus loin, et prie aux intentions de toute notre immense Archiconfrérie.

Elle est un stimulant de bien des vertus. Impossible de tendre une main secourable à ces royales et  sympathiques Princesses, réduites encore en captivité à la veille même de leur couronnement, sans nous représenter le spectacle saisissant de leur soumission absolue au bon plaisir divin, de leur recueillement profond dans la prière, de leur ardent amour pour le Seigneur, de leur mutuelle charité entre elles, de leur intime reconnaissance envers nous.

Elle est remplie de suavité. N’est-elle pas un délicieux composé de toutes les œuvres de miséricorde, selon la pensée de Saint François de Sales ?... N’est-elle pas le miel formé  du suc de toutes sortes de vertus, qui fleurissent à l’envi dans cet acte de tendre compassion !... Essayons-en ; nous ne tarderons pas d’en savourer les douceurs.

Elle est chère au Sacré Cœur de Jésus, à Marie et à Joseph. Jésus, notre Rédempteur, la Vierge Immaculée, Mère de Miséricorde, Joseph, Protecteur fidèle des âmes du Purgatoire, ne laissent jamais sans particulière assistance, durant la vie et après la mort, les chrétiens compatissants envers les âmes souffrantes.

Elle est perpétuelle. A tout instant, jour et nuit, quelques-uns de nos innombrables associés, sur quelque point de la terre, prient à nos intentions, pour nos chers défunts, comme nous prions à notre tour, pour les leurs. C’est une succession non interrompue de Saintes Messes, communions, chemins de croix, bonnes œuvres, prières, indulgences. Ceux que nous pleurons ne sont, ne seront jamais oubliés.

Elle est bénie de l’Eglise. De nombreux Evêques l’ont approuvée avec amour, l’Eminentissime Cardinal Vicaire de sa Sainteté l’a plusieurs fois éloquemment encouragée, et le Souverain Pontife a daigné enrichir de sa bénédiction apostolique tout fidèle qui la propage.

Elle est favorisée de Dieu. De grandes faveurs temporelles et spirituelles  ont souvent manifesté combien le Cœur de Jésus avait pour agréable cette pieuse pratique. On peut s’y dévouer en vue d’une conversion, d’une guérison, d’une grâce particulière, promettant, si l’on est exaucé, d’adresser la relation du fait au centre de l’Archiconfrérie et de se dévouer davantage à propager ce saint exercice. Plusieurs ont ainsi obtenu ce qu’ils avaient, jusqu’alors, ardemment et vainement sollicité.

Elle est riche de suffrages. Elle les recommande tous, et particulièrement tout acte de vertu pratiqué en unions avec le Sacré Cœur, en réparation des défauts contraires pour lesquels les pauvres âmes souffrent maintenant.

Elle n’est point rigoureuse. « Je vous charge peut-être trop », disait la compatissante Visitandine en parlant de ces diverses pratiques. « Ne vous faites point de peine, quand vous ne les pourrez faire d’une façon, faites-les de l’autre ».

Elle est marquée au Sceau de la Très Sainte Vierge. La Sainte clôt toutes ses recommandations par celle-ci : « Il faut être bien fidèle à faire la petite couronne de la Sainte Vierge tous les jours, car nous ne saurions faire un acte plus agréable à Dieu que d’honorer sa Très Sainte Mère. »

Elle multiplie nos protecteurs. Et si vous pouviez mettre en liberté quelqu’une de ces pauvres prisonnières, vous seriez heureuses d’avoir dans le Ciel une avocate qui plaiderait votre salut. « Ce matin, dimanche du Bon Pasteur, écrivait il y a plus de deux cents ans, Sainte Marguerite Marie, deux de mes bonnes amies souffrantes, à mon réveil, me sont venues dire adieu, parce que c’est aujourd’hui que le Souverain Pasteur les recevait dans son bercail éternel, avec plus d’un million d’autres, en la compagnie desquelles elles s’en allaient avec des chants d’allégresse inexprimables.

Si vous saviez combien mon âme a été transportée de joie ! Car en leur parlant, je les voyais peu à peu noyées et abîmées dans la gloire, comme une personne qui se noie dans un vaste océan. Et comme je les priais de se souvenir de nous, elles m’ont dit pour dernières paroles que l’INGRATITUDE N’EST JAMAIS ENTREE DANS LE CIEL. »

Puisse, chaque  jour, dans notre Œuvre, ressembler à ce beau dimanche  du Bon Pasteur !

18 septembre 2013

ORIGINE DE CETTE PIEUSE PRATIQUE

Par le R.P. Victor Jouet, m.s.c.

Un Petit Tour par le Purgatoire

 

CHAQUE JOUR

En compagnie du Sacré Cœur de Jésus

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Origine de cette pieuse pratique

 

« Vous ferez un petit tour par le Purgatoire en la compagnie du Sacré Cœur, en lui consacrant tout ce que vous aurez fait, pour le prier d’appliquer ces mérites à ces saintes âmes souffrantes.

Et vous le prierez, en même temps, d’employer leur pouvoir pour nous obtenir la grâce de vivre et de mourir dans l’amour et la fidélité au Sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ, en répondant à ses désirs sur nous sans résistance…

Et si vous pouviez mettre en liberté quelques-unes de ces pauvres prisonnières, vous seriez bien heureuses d’avoir dans le ciel une avocate qui plaiderait votre salut. »

 

(Sainte Marguerite-Marie, t. II, p.141)

 

Cette dévote pratique, conseillée par sainte Marguerite-Marie à ses chères novices, pour l’Octave des Trépassés, nous a donné l’idée du petit exercice quotidien proposé à tous dans ce modeste opuscule, si bien accueilli par la piété chrétienne.

10 septembre 2013

EVANGILE SELON SAINT JEAN FIN

EVANGILE SELON SAINT JEAN

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«  Quelle accusation, leur dit-il, apportez-vous contre cet homme ? » « Si cet homme, lui répondirent-ils, n’était pas un coupable, nous ne l’aurions pas remis entre tes mains. » « Chargez-vous vous-mêmes de son cas, leur dit Pilate, et jugez-le suivant votre Loi. » « Nous, lui répondirent les Juifs, nous n’avons pas le droit d’exécuter quelqu’un. » Ainsi allait s’accomplir la parole de Jésus quand il avait dit de quelle mort il devait mourir. Pilate alors retourna dans le prétoire et appela Jésus : « C’est toi, lui dit-il, qui es le Roi des Juifs ? » « Est-ce de toi-même que tu dis cela, lui répondit Jésus, ou est-ce que ce sont d’autres qui te l’ont dit de moi ? » « Est-ce que je suis Juif, moi ? lui dit Pilate. C’est ta nation, ce sont les Grands Prêtres qui t’ont remis entre mes mains : qu’as-tu fait ? » « La royauté que j’ai, répondit Jésus, ne vient pas de ce monde ; si c’était de ce monde que venait ma royauté, mes hommes auraient combattu pour moi pour m’empêcher de tomber entre les mains des Juifs : ma royauté ne vient pas d’ici-bas. » « Tu es donc tout de même roi ? » lui dit Pilate. « C’est toi qui le dis, répondit Jésus, je suis roi, et voici pourquoi je suis né, voici pourquoi je suis venu dans ce monde : pour rendre témoignage à la vérité ; et tous ceux qui viennent de la vérité écoutent ma voix. » « Qu’est-ce que c’est que cela, la vérité ? » lui dit Pilate. Et, sur ces paroles, il ressortit pour parler aux Juifs : « Pour moi, leur dit-il, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. Maintenant, vous savez que j’ai la coutume, à l’occasion de la Pâque, de vous accorder une libération : voulez-vous que je délivre le Roi des Juifs ? » « Non pas, lui crièrent-ils de leur côté, mais Barabbas (or Barabbas était un bandit). »

Pilate alors fit saisir et flageller Jésus. Les soldats, avec des épines, tressèrent une couronne qu’ils lui mirent sur la tête ; ils lui jetèrent sur les épaules un manteau de pourpre et se mirent à s’avancer à tour de rôle vers lui, en lui disant : « Salut Roi des Juifs ! » et, en même temps, à lui donner des soufflets. Pilate sortit alors de nouveau et dit aux Juifs : « Voici que je vous le ramène, sachez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » A ce moment-là, Jésus apparut portant sa couronne d’épines et son manteau de pourpre : « Voilà l’homme », leur dit-il. Mais en le voyant, les Grands Prêtres et leurs policiers se mirent à hurler : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » « Chargez-vous en vous-mêmes, leur dit Pilate ; pour moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » « Nous autres, lui répondirent les Juifs, nous avons une Loi, et, suivant cette loi, il doit périr, car il s’est dit le Fils de Dieu. » Quand Pilate entendit ces mots, sa crainte augmenta. Il rentra donc encore une fois dans le prétoire avec Jésus et lui dit : « Quelle est ton origine ? » Mais Jésus ne lui donna aucune réponse. « Tu ne me réponds pas ? lui dit Pilate. Tu ne sais pas que j’ai le pouvoir de te libérer comme j’ai le pouvoir de te crucifier ? » « Tu n’aurais aucun pouvoir contre moi, lui répondit Jésus, si ce pouvoir ne t’avait été donné d’en haut. Voilà pourquoi celui qui m’a remis entre tes mains est plus coupable que toi. » A la suite de ces dernières paroles, Pilate se décidé à essayer de le libérer. Mais les Juifs lui crièrent : « Si tu relâches cet homme, tu n’es pas l’ami de César : quiconque essaye de se faire roi se dresse contre César. » C’est sur ces paroles que Pilate fit sortir Jésus. Il entra lui-même dans la cour appelée Lithostrotos et en araméen Gabbatha, et il s’assit à son tribunal. (C’était le jour de la Parascève et il était environ la sixième heure). Puis il dit aux Juifs : « Voilà votre roi. » « Enlève-le, enlève-le, crièrent-ils, crucifie-le ! » « Votre roi, leur dit Pilate, que je le crucifie ? » « Nous n’avons pas d’autre roi que César », lui répondirent les Grands Prêtres. C’est alors qu’il le leur livra pour être crucifié. Ils s’emparèrent donc de Jésus, qui prit sa croix sur ses épaules et sortit de Jérusalem pour monter au lieu dit l’Endroit du Crâne, en araméen Golgotha. Là, on le crucifia et deux autres avec lui, un de chaque côté, Jésus au milieu. Pilate avait fait rédiger un écriteau qu’il fit placer sur la croix ; il était ainsi conçu : Jésus de Nazareth, Roi des Juifs. L’endroit où fut crucifié Jésus, étant tout près de la ville, un grand nombre de Juifs purent lire cet écriteau : il était écrit à la fois en araméen, en latin et en grec. Les Grands Prêtres firent dire à Pilate : « N’écris pas : Roi des Juifs, mais : Celui-ci s’est dit le Roi des Juifs. » « Ce que j’ai écrit, répondit Pilate, je l’ai écrit. »

Après avoir crucifié Jésus, les soldats s’emparèrent de ses habits et en firent quatre lots, un lot pour chacun d’entre eux. Quant à la tunique, quand ils virent qu’elle était sans couture et d’un seul tissu depuis le haut (jusqu’en bas), ils se dirent entre eux : « Na la partageons pas ; tirons-la au sort, pour savoir qui l’aura. » Ainsi se trouve accomplie cette parole de l’Ecriture : « Ils se sont partagé entre eux mes vêtements ; Et ma robe, ils l’ont tiré au sort. »

Voilà ce que firent les soldats.

Près de la croix de Jésus, se tenaient debout sa mère et la sœur de sa mère, ainsi que Marie (femme de Clopas), et Marie de Magdala. Jésus, voyant sa mère, et, tout près d’elle, debout, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « O femme, voila ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voilà ta mère. » Et à partir de ce moment-là, il la prit chez lui.

Sachant que déjà, tout se trouvait accompli, Jésus, pour que fût encore accomplie cette parole de l’Ecriture, ajouta : « J’ai soif. » Il y avait là un vase rempli de vinaigre ; on en imbiba une éponge qu’on mit au bout d’un roseau et qu’on lui présenta. Jésus y trempa ses lèvres et dit : « Tout est consommé », et, inclinant la tête, il rendit son dernier souffle.

Or, c’était la Parascève, et les corps des suppliciés ne devaient pas rester sur la croix pendant le sabbat (et cette fois, le sabbat était une très grande fête) ; en conséquence, les Juifs demandèrent à Pilate qu’on leur brisât les jambes et qu’on les enlevât. Les soldats arrivèrent, brisèrent les jambes du premier, puis du second des hommes qui avaient été crucifiés avec lui ; mais quand ils arrivèrent à Jésus et qu’ils constatèrent qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent point les jambes, mais l’un des soldats, avec sa lance, lui perça le côté, et, aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. Et c’est celui qui l’a vu qui en rend témoignage (et son témoignage est valable et il sait qu’il dit la vérité) afin que vous croyiez. Car toutes ces choses se sont passés pour que s’accomplît cette Ecriture : « On ne brisera aucun de ses os, et cette autre : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé. »

Après cela, Joseph d’Arimathée, qui était un disciple de Jésus, mais qui, par peur des Juifs, s’en cachait, alla demander à Pilate de lui permettre d’enlever le corps de Jésus. Pilate le lui accorda, et il vint donc l’enlever. Nicodème, celui qui, au début, était venu, de nuit, trouver Jésus, vint à son tour, apportant un rouleau de myrrhe et d’aloès pesant environ cent livres. Ils prirent le corps de Jésus et l’entourèrent de bandelettes avec leurs aromates, selon la manière habituelle aux Juifs d’ensevelir les morts. Sur le lieu où on l’avait crucifié, il y avait un jardin, et, dans ce jardin, un sépulcre neuf, où personne encore n’avait été enseveli ; étant donné la Parascève et la proximité du sépulcre, c’est là qu’ils mirent Jésus.

Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala arriva de bonne heure au sépulcre alors qu’il faisait encore nuit et vit que la pierre avait été enlevée du tombeau. Elle courut avertir Simon Pierre et le disciple que Jésus aimait : « On a enlevé du tombeau le Seigneur, dit-elle, et nous ne savons pas où on l’a mis. » Pierre et l’autre disciple sortirent et se dirigèrent vers le tombeau. Tous les deux se mirent à courir. L’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau ; il se pencha pour regarder, et il vit les bandelettes étendues là ; toutefois, il n’entra pas. Simon Pierre arrive derrière lui, et, lui, entre dans le tombeau, il voit, lui aussi, les bandelettes étendues là, et il constate que le suaire  qui enveloppait la tête n’est pas avec les bandelettes mais roulé à part dans un coin. C’est alors qu’entra à son tour l’autre disciple qui était arrivé le premier au tombeau, et, à cette vue, il crut : jusque-là, en effet, ils n’avaient pas compris  que l’Ecriture avait dit qu’il devait ressusciter d’entre les morts. Là-dessus, les disciples s’en retournèrent chez eux. Quant à Marie de Magdala, elle se tenait là, debout, près du tombeau à l’extérieur, et pleurant. Tout en continuant de pleurer, elle se pencha pour regarder dans l’intérieur, et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis l’un où était la tête, l’autre où étaient les pieds de Jésus : « Femme, lui dirent-ils, pourquoi pleures-tu ? » « C’est, dit-elle, qu’on a enlevé mon Maître, et je ne sais où on l’a mis. » A ces mots, elle se retourna, et, sans savoir que c’était lui, elle vit Jésus qui était là debout et qui lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Elle, pensant que c’était le jardinier : « Seigneur, dit-elle, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis et j’irai le prendre. » « Mariam », lui dit Jésus en araméen. « Rabbouni », (ce qui dans la même langue, veut dire Maître), dit-elle en se précipitant. « Ne me touche pas, lui dit Jésus. Je ne suis pas encore remonté vers le Père ; mais va trouver mes frères et disciples : Je monte vers mon Père, vers votre Père, vers mon Dieu, vers votre Dieu. » Marie de Magdala alla annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur et voici ce qu’il m’a dit. »

Il était déjà tard ce jour-là, qui était le premier de la semaine, et les portes du lieu où, par crainte des Juifs, les disciples étaient réunis, se trouvaient bien fermées, quand, tout à coup, Jésus vint et se trouva debout au milieu d’eux : « La paix soit à vous ! » leur dit-il. Et à ces mots, il leur montra ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, ils furent remplis de joie : « La paix soit à vous !  leur dit-il une seconde fois. Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Et, à ces mots, il souffla sur eux : « Recevez, leur dit-il, l’Esprit Saint : à tous ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils seront remis ; à tous ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus. »

Thomas, l’un des Douze, qu’on appelait Didyme, n’était pas avec eux quand Jésus vint. Les autres disciples s’empressèrent de lui dire : « Nous avons vu le Seigneur. » Mais il leur dit : « Tant que je ne verrai pas dans ses mains la marque des clous, tant que je ne mettrai pas mon doigt dans la marque de ces clous, tant que je ne mettrai pas ma main dans son côté, je ne croirai pas. » Huit jours après, les disciples étaient encore enfermés et Thomas avec eux, et Jésus vint toutes portes fermées et se trouva au milieu d’eux : « La paix soit à vous ! » leur dit-il. Puis, s’adressant à Thomas : « Mets ton doigt ici, et regarde mes mains ; étends ton bras et mets ta main dans mon côté, et ne sois pas incrédule, mais croyant. » « Mon Seigneur et mon Dieu ! » lui dit Thomas pour toute réponse. « C’est parce que tu m’as vu, lui dit Jésus, que tu as cru ? Heureux ceux qui auront cru sans avoir vu ! »

Jésus, a fait, en présence de ses disciples, encore beaucoup d’autres miracles, qui ne se trouvent pas rapportés dans ce livre-ci. Ceux-ci ont été rapportés pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et que, le croyant, vous ayez la vie en son nom. »

 †

Après ces apparitions, Jésus se manifesta encore à ses disciples sur les bords de la mer de Tibériade. Voici comment. Là où se trouvaient ensemble Simon Pierre, Thomas appelé Didyme, Nathanaël qui était de Cana de Galilée, les deux fils de Zébédée et deux autres disciples : « Je m’en vais pécher, dit Simon Pierre. » « Nous t’accompagnons » lui dirent les autres. Et tous sortirent prendre le bateau ; mais, cette nuit-là, ils ne purent rien prendre. Au petit jour, les disciples virent quelqu’un sur le rivage, sans savoir que c’était Jésus : « Garçons, leur dit-il, vous n’avez pas un peu de poisson ? » « Pas du tout » lui répondirent-ils. « Jetez votre filet sur la droite de la barque, leur dit-il, et vous en trouverez. » Ils le jetèrent donc, mais ils ne pouvaient plus le retirer par suite de l’énorme quantité de poissons qu’il contenait. « C’est le Seigneur », dit à Pierre le disciple que Jésus aimait. Entendant dire que c’était le Seigneur, Simon Pierre fixa à sa ceinture son sarrau de pécheur, car il n’avait pas d’autre habit, et sauta dans l’eau pour rejoindre Jésus. Les autres disciples arrivèrent avec la barque, tirant dans l’eau même, leur filet chargé de poissons, car ils n’étaient pas très éloignés de la terre, environ deux cents coudées. En débarquant, que voient-ils ? Un feu de braise sur lequel cuisait du poisson et du pain : « Apportez, leur dit Jésus, quelques uns des poissons que vous venez de prendre. » Simon Pierre remonta alors dans la barque et amena jusqu’à terre le filet, qui contenait cent cinquante trois énormes poissons ; et, malgré cette grande quantité, le filet ne se rompit pas : « Venez déjeuner maintenant », leur dit Jésus. Bien que sachant que c’était le Seigneur, aucun d’entre eux n’osait lui dire : « Qui es-tu ? ». Mais Jésus s’approcha, prit le pain et le leur distribua ; puis il en fit autant pour les poissons. Telle fut la troisième manifestation de Jésus à ses disciples après sa résurrection.

« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » dit Jésus à Simon Pierre après le déjeuner. « Oui, Seigneur, tu sais bien que je t’aime », lui répondit Pierre. « Pais mes agneaux », lui dit Jésus. « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » lui demanda t-il une seconde fois. « Oui, Seigneur, lui répondit Pierre, tu sais bien que je t’aime. » « Pais mes brebis », lui dit Jésus. « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » lui demanda t-il une troisième fois. Attristé de ce que Jésus lui avait demandé trois fois : « M’aimes-tu ? », Pierre lui dit : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » « Pais mes brebis, lui dit Jésus. En vérité, en vérité, ajouta t-il, je te le dis, maintenant que tu es jeune, tu noues ta ceinture et tu vas partout où tu veux. Quand tu seras plus avancé en âge, tu étendras tes bras, et c’est un autre qui te nouera ta ceinture et te transportera là où tu ne voudras pas. » En disant ces mots, il voulait indiquer par quelle sorte de mort Pierre devait glorifier Dieu, et il ajouta : « Suis-moi. » Or, derrière lui venait le disciple que Jésus aimait et qui, pendant la Cène, s’était penché sur sa poitrine pour lui demander : « Seigneur, qui est-ce qui va te livrer ? » Pierre, se retournant, le vit qui suivait, et dit : « Seigneur, et pour lui, qu’est-ce qui arrivera ? » « Pour lui, dit Jésus, même s’il me plaisait qu’il reste jusqu’à ce que je revienne, en quoi as-tu à t’en préoccuper ? Pour toi, suis-moi. » Là-dessus, les disciples conclurent que ce disciple ne mourrait point. Mais Jésus ne dit pas : « Il ne mourra point ; mais : même s’il me plaisait qu’il reste jusqu’à ce que je revienne, en quoi as-tu à t’en préoccuper ? » C’est ce disciple même qui rend témoignage sur ces choses ; c’est lui-même qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est véridique. Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites. Si on les racontait toutes en détail, je ne croix pas que le monde pourrait contenir le livre qu’on en écrirait.

10 septembre 2013

EVANGILE SELON SAINT JEAN - 6 -

EVANGILE SELON SAINT JEAN

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C’est moi qui suis le vrai cep de vigne, et c’est mon Père qui est le vigneron : quand il voit sur moi un sarment qui ne porte aucun fruit, il le retranche ; quant à ceux qui portent des fruits, il les taille pour qu’ils fructifient davantage. C’est ainsi que vous autres, vous avez déjà été émondés, comme je vous l’ai dit : demeurez seulement en moi, et moi je demeurerai en vous ; de même que le sarment ne peut fructifier que s’il demeure rattaché au cep, de même vous ne sauriez, vous non plus, porter de fruits si vous ne demeuriez pas rattachés à moi. C’est donc moi le cep et vous les sarments : celui qui demeure en moi et en qui, par conséquent, je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits ; mais, sans moi, vous ne pouvez rien faire. Et si quelques uns ne demeurent pas en moi, ils seront rejetés et se dessècheront comme les sarments retranchés, et on les ramassera pour les jeter au feu et les brûler. Si, au contraire, vous demeurez en moi et mes paroles en vous, tout ce que vous désirerez, demandez-le, et on vous l’accordera. C’est alors que mon Père sera glorifié quand vous porterez beaucoup de fruits et c’est alors que vous serez vraiment mes disciples. De la même façon que mon Père m’a aimé et que je vous ai aimés, demeurez vous aussi dans mon amour ; c’est en observant mes commandements que vous demeurerez dans mon amour, comme c’est en observant les prescriptions de mon Père que moi-même je demeure dans son amour. Je vous ai dit tout cela pour que la joie qui est en moi soit en vous et que votre joie soit pleine. Or voici mon commandement : c’est que vous vous aimiez les uns les autres, comme moi-même je vous ai aimés. Or, il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Et vous autres, vous êtes mes amis quand vous faites ce que je vous prescris. Je ne vous appelle plus des serviteurs, parce que le serviteur n’est pas au courant de ce que fait son maître, mais voilà que je vous appelle des amis, parce que tout ce que m’a dit mon Père, je vous l’ai fait connaître à mon tour. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi : c’est moi qui vous ai choisis pour que vous alliez porter des fruits et que vos fruits demeurent, et pour que tout ce que vous aurez demandé à mon Père en mon nom, il vous l’accorde. Quant à mon commandement, c’est que vous vous aimiez les uns les autres.

Si le monde ne vous aime pas, sachez qu’il m’a haï d’abord avant vous. Si vous apparteniez au monde, le monde vous aimerait, car il aimerait ce qui lui appartient ; mais vous n’appartenez pas au monde : je vous ai choisis et retirés du monde, et voilà pourquoi le monde ne vous aime pas. Rappelez-vous ce que je vous ai dit : Il n’y a pas de serviteur qui soit au-dessus de son maître. S’ils me persécutent, vous aussi, on vous persécutera ; s’ils avaient observé ma parole, ils observeraient aussi la vôtre. Ils feront tout cela contre vous à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas Celui qui m’a envoyé.  Si je n’étais pas venu leur adresser la parole, ils ne seraient pas coupables, mais je suis venu et leur péché n’a pas d’excuse. Celui qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n’avais pas accompli, au milieu d’eux, des œuvres comme personne n’en a jamais fait, ils ne seraient pas coupables. Mais ces œuvres, ils les ont vues, et ils n’en ont pas moins haï et moi et mon Père.  Mais il fallait bien que s’accomplit la parole qui se trouve écrite dans leur « loi » : Ils ont eu sans motif de la haine pour moi. Quand viendra le soutien que je vous enverrai de chez le Père, l’Esprit de la vérité, qui émane du Père, il témoignera en ma faveur ; et vous aussi, vous serez mes témoins, puisque, dès le commencement, vous êtes avec moi.

Je vous ai dit tout cela pour que votre foi ne fléchisse pas : car ils vous excluront de la synagogue ; bien plus, l’heure arrive où ceux qui vous mettront à mort croiront accomplir envers Dieu un acte sacré. Et ils agiront ainsi, parce qu’ils n’ont connu ni le Père, ni moi. Je vous dis toutes ces choses, afin que, quand elles arriveront, vous vous rappeliez que je vous les ai dites.

Je ne vous ai pas dit tout cela dès le début, parce que je demeurais avec vous. Mais maintenant, je m’en retourne vers Celui qui m’a envoyé, et, cette fois, aucun d’entre vous ne me demande plus : Où t’en retournes-tu ? Seulement, parce que je vous ai dit tout cela, votre cœur se trouve rempli de tristesse. Et bien, je vais vous dire la vérité, c’est dans votre intérêt que je m’en retourne : si je ne m’en retourne pas, le Soutien ne viendra pas vous trouver ; si, au contraire, je m’en retourne, je l’enverrai vous trouver. Et quand il sera venu, lui, il fera éclater l’erreur du monde en fait de péché, en fait de justice et en fait de jugement : en fait de péché, puisqu’ils n’ont pas cru en moi ; en fait je justice puisque je m’en retourne bien vers mon Père (et, en vérité, vous ne me reverrez plus) ; en fait de jugement, puisque le prince de ce monde est déjà condamné. J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire mais pour le moment, vous n’êtes pas capables de les prendre sur vos épaules. Mais, quand il viendra, lui, l’Esprit de la vérité, il vous mènera comme par la main vers la vérité tout entière : il ne parlera pas de lui-même, il dira lui aussi ce qu’il entend, et il vous révèlera les choses à venir. C’est lui qui me glorifiera, car c’est de moi qu’il recevra ce qu’il vous annoncera : car tout ce qu’a le Père est à moi. Voilà pourquoi je vous ai dit que c’est de moi qu’il reçoit tout ce qu’il vous annoncera : car tout ce qu’a le Père est à moi. Voilà pourquoi je vous ai dit que c’est de moi qu’il reçoit tout ce qu’il vous annoncera. Encore un peu de temps, et vous ne me voyez plus ; puis encore un peu de temps, et vous me verrez. »

Là-dessus, quelques-uns d’entre ses disciples se dirent entre eux : « Qu’est-ce qu’il nous dit là : Encore un peu de temps, et vous ne me voyez plus ; puis encore un peu de temps, et vous me reverrez ? Et ceci : Je m’en retourne trouver mon Père ! Que signifie, disaient-ils, cet un peu de temps ? Nous ne voyons pas ce qu’il entend par là. » Voyant donc que ses disciples voulaient l’interroger, Jésus leur dit : « Vous vous demandez, n’est-ce pas, ce que j’ai voulu dire par ces mots : Encore un peu de temps, et vous ne me voyez plus ; et : encore un peu de temps, et vous me verrez. En vérité, en vérité, je vous le dis, vous autres, vous allez pleurer et vous lamenter, pendant que le monde va se réjouir. Oui, vous allez être plongés dans la tristesse, mais votre tristesse se tournera en joie. Quand une femme va enfanter, elle entre dans l’angoisse car son heure est venue mais quand elle a mis au monde son enfant, elle ne se rappelle plus son angoisse dans sa joie d’avoir donné un homme de plus à l’humanité. De même, vous aussi, vous êtes maintenant dans la tristesse ; mais je reviendrai vous voir, et votre cœur sera dans la joie, et cette joie, personne ne saura vous l’enlever ; et, ce jour-là, vous ne m’interrogerez plus.

En vérité, en vérité, je vous le dis, tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous l’accordera à cause de moi. Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez ainsi, désormais, et vous recevrez, et ainsi votre joie sera pleine.  Jusqu’ici, c’est en langage figuré que je vous ai parlé ; mais l’heure vient où ce n’est plus en langage figuré que je vous parlerai et où je vous parlerai de mon Père sans voile. Ce jour-là, c’est en mon nom que vous prierez, et je ne dis pas que c’est moi qui appellerai sur vous l’attention de mon Père ; car mon Père lui-même vous aime parce que vous m’aimez et que vous croyez que je suis sorti de Dieu. Oui, je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde ; et maintenant, je quitte le monde à son tour et je m’en vais retrouver le Père. » « Voilà qu’en effet, maintenant, lui dirent ses disciples, tu parles sans voile et que tu n’emploies aucun langage figuré. Maintenant, nous savons que tu sais tout et que tu n’as pas besoin d’être interrogé : c’est ce qui fait que nous croyons que tu es sorti de Dieu. » « Ah ! Maintenant vous croyez ? leur répondit Jésus. Et pourtant, voici qu’arrive le moment (et il est déjà arrivé) où vous allez être dispersés chacun de votre côté comme les pierres d’un scorpion et vous me laisserez seul. Seul, je ne le suis pas, car le Père est avec moi. Je vous dis tout cela, pour que, en moi, vous ayez la paix. Le monde essaye de vous écraser ; mais ayez confiance : j’ai vaincu le monde. »

Telles furent les paroles de Jésus. Levant ensuite les yeux au ciel, il dit : « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils, pour que ton Fils te glorifie : tu lui as conféré autorité sur tous les hommes, et, à ceux que tu lui as spécialement donnés, il est chargé de donner la vie éternelle. Or, la vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul vrai Dieu, et, en même temps, celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Sur la terre, c’est moi qui t’ai glorifié, en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donné à faire. Mais maintenant, Père, glorifie-moi à ton tour ; donne-moi auprès de toi la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existât. J’ai révélé ton nom aux hommes que tu as retirés du monde pour me les donner. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés, et ils ont observé ta parole. Ils savent maintenant que tout ce que tu m’as donné vient de toi. Car ce sont les paroles que tu m’as données que je leur ai données, et ils les ont reçues, et ils savent bien que je suis sorti de toi, et ils ont cru que c’est toi qui m’as envoyé. C’est pour eux que je prie ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu l’as donnés : ils sont à toi : tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi ; et je me trouve glorifié en eux. Désormais, je ne reste plus dans le monde, mais eux restent dans le monde, alors que, moi, je m’en vais te retrouver. Père saint, garde-les dans ton nom, dans le nom que tu m’as donné, afin qu’ils soient un, comme nous. Quand j’étais avec eux, c’est moi qui les gardais dans ton nom, dans le nom que tu m’as donné, et je les ai bien conservés, et aucun d’entre eux ne s’est perdu, si ce n’est le fils de la perdition, mais il fallait bien que l’Ecriture s’accomplît. Mais maintenant, je vais te retrouver et je leur dis encore ces paroles pendant que je suis dans le monde, afin qu’ils aient en eux-mêmes la plénitude de ma joie. Je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde. Je ne te demande pas de les enlever du monde, mais de les garder du mal. Ils n’appartiennent pas au monde, comme moi je n’appartiens pas au monde. Sanctifie-les dans la vérité car ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et c’est pour eux que je m’offre en sacrifice, afin qu’ils soient, eux aussi, réellement, des sacrificateurs. Mais ce n’est pas seulement pour eux que je prie, je prie aussi pour ceux qui croiront en moi grâce à leur parole : afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi, de mon côté, en toi ; afin qu’eux aussi soient en nous ; afin que, par là, les hommes croient que c’est bien toi qui m’as envoyé. Moi aussi, je leur ai manifestée la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un, comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi, et, de cette façon, ils se trouveront consommés dans l’unité, et ainsi, l’humanité comprendra que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.  Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où moi je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, la gloire que tu m’as donnée, car tu m’as aimé avant que le monde existât. Père juste, voilà donc que, d’un côté, le monde ne t’a pas connu, alors que moi, je te connaissais, et que, d’un autre côté, ceux-ci ont connu que c’était toi qui m’avais envoyé : je leur ai révélé ton nom et je continuerai à le leur révéler, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et que moi aussi, je sois en eux.

Après avoir dit ces paroles, Jésus sortit avec ses disciples, franchit le torrent du Cédron, et entra avec eux dans un jardin. Mais Judas qui le livrait connaissait aussi l’endroit, car Jésus s’était souvent réuni là avec ses disciples. Judas arrive donc avec la cohorte des policiers relevant des Grands Prêtres et des Pharisiens, munis de lanternes, de torches et d’armes. Sachant tout ce qui arrivait contre lui, Jésus sortit du jardin et dit à la bande : « Qui cherchez-vous ? » « Jésus de Nazareth. » « C’est moi ! » Judas, qui le livrait, était là debout avec eux. Quand Jésus leur eut dit : « C’est moi », ils reculèrent et tombèrent à terre. Il leur demanda une seconde fois : « Qui cherchez-vous ? » « Jésus de Nazareth », répondirent-ils. « Je vous ai dit : c’est moi. Donc, si c’est moi que vous cherchez, laissez partir ceux-ci. » Ainsi s’accomplit la parole qu’il avait dite : « De ceux que tu m’as donnés, je n’en ai perdu aucun. » Mais Simon Pierre, qui avait un sabre, le tira, en frappa le serviteur du Grand Prêtre et lui coupa l’oreille droite. Ce serviteur s’appelait Malchus : « Remets ton sabre dans son fourreau, dit Jésus à Pierre. Le calice que m’a donné à boire mon Père, ne faut-il pas que je le boive ? » La cohorte et son chef, ainsi que les policiers des Juifs, s’emparèrent alors de Jésus, le garrotèrent et l’emmenèrent d’abord chez Anne ; il était beau-père de Caïphe, qui était Grand Prêtre cette année-là ; Anne, le renvoya, toujours garrotté, chez le Grand Prêtre Caïphe. C’était Caïphe qui avait donné cet avis aux Juifs : Il importe qu’il n’y ait qu’un homme à mourir pour le peuple. Cependant, Simon Pierre suivait toujours Jésus avec un autre disciple. Or ce disciple était connu de Caïphe, ce qui lui permet d’entrer avec Jésus dans la cour du Grand Prêtre. Quant à Pierre, il resta debout, dehors à la porte. L’autre disciple connu du Grand Prêtre sortit pour dire un mot à la servante  qui gardait la porte et il fit entrer Pierre. C’est alors que la servante dit à Pierre : « Au moins, tu n’es pas des disciples de cet individu ? » « Non », dit-il. Or les serviteurs et les policiers avaient fait, dans la cour, un brasero, car il faisait froid, et ils étaient là, debout autour, en train de se chauffer ; et Pierre se tenait là lui aussi avec eux et en train de se chauffer. Pendant ce temps, le Grand Prêtre interrogeait Jésus sur ses disciples et sur son enseignement : « C’est ouvertement, lui dit Jésus, que j’ai parlé au peuple. C’est partout que j’ai enseigné, en synagogue aussi bien qu’au Temple, dans tous les endroits où tous les Juifs se réunissent : je n’ai rien dit en cachette. Pourquoi est-ce moi que tu interroges ?  Demande à ceux qui m’ont écouté ce que je leur ai dit : ce sont ceux-là qui savent ce que j’ai enseigné. » A ces mots, un des policiers qui se tenait là près de Jésus lui donna un soufflet : « Est-ce ainsi, lui dit-il, que tu réponds au Grand Prêtre ? » « Si j’ai mal parlé, lui répondit Jésus, montre-moi en quoi ; si, au contraire, j’ai parlé comme il convient, pourquoi me frappes-tu ? » Pendant ce temps, Simon Pierre était debout en train de se chauffer. Et ceux qui étaient là lui dirent : « Mais ne serais-tu pas, toi aussi, un de ses disciples ? » Mais il nia avec force et dit : « Non, je n’en suis point. » C’est alors qu’un des serviteurs du Grand Prêtre, parent de celui dont Pierre avait coupé l’oreille, lui dit à son tour : « Mais n’est-ce pas toi que j’ai vu dans le jardin avec lui ? » Mais Pierre le nia encore une fois ; et aussitôt, le coq chanta. On amena ensuite, de très grand matin, Jésus de chez Caiphe au prétoire du gouverneur. Mais les Juifs, pour ne pas encourir de souillure et pouvoir manger la Pâque, n’entrèrent pas eux-mêmes dans le prétoire. Voilà pourquoi Pilate dut sortir pour leur parler :

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