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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
23 octobre 2013

DEBARBOUILLEZ VOTRE ESPRIT

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Si vous voulez que le culte que vous rendez à Dieu, lui soit agréable et avantageux pour le salut de votre âme, mettez-le en pratique. Commencez à vous préparer à la sainte Messe dès que vous vous éveillez, en vous unissant à toutes les messes qui se disent dans ce moment. Lorsque la cloche sonne pour vous appeler dans la maison du bon Dieu, pensez que c’est Jésus Christ lui-même qui vous appelle. Partez sur le champ, afin d’avoir quelque moment pour méditer sur la grandeur de l’action à laquelle vous allez assister. Ne dites pas, comme ces gens sans religion, que vous avez bien le temps, que vous y serez toujours assez tôt ; mais bien plutôt comme le saint prophète : « Je me suis réjoui quand on m’a dit que nous irions dans la maison du Seigneur. » Dès que vous sortez de chez vous, occupez-vous de ce que vous allez faire, et de ce que vous demanderez au bon Dieu. Commencez à débarbouiller votre esprit des choses terrestres, pour ne penser qu’à Dieu. Evitez toutes sortes de conversations inutiles, qui ne sont bonnes qu’à ne vous faire mal entendre la sainte Messe. En entrant dans l’église, rappelez-vous ce que dit le saint Patriarche Jacob ! « Oh ! Que ce lieu est terrible ! Oh ! Qu’il est saint ! C’est vraiment la maison de Dieu et la porte du Ciel ! » Lorsque vous êtes à votre place, humiliez-vous profondément à la vue de votre indignité, et de la grandeur de votre Dieu qui veut bien, malgré vos péchés, vous souffrir en sa sainte présence. Faites un acte de foi de tout votre cœur. Demandez à Dieu qu’il vous fasse la grâce de ne rien perdre de toutes les faveurs qu’il accorde à ceux qui y viennent avec de bonnes dispositions. Ouvrez votre cœur, afin que la parole de Dieu puisse y entrer, y prendre racine et y porter du fruit pour la vie éternelle. Avant de sortir de l’église, ne manquez jamais de remercier le bon Dieu des grâces qu’il vient de vous faire, et allez-vous-en chez vous tout occupés de ce que vous avez vu et entendu. Oui, mes frères, si nous nous comportions de cette manière, nous ne sortirions jamais des saints offices sans nous sentir remplis d’un nouveau goût pour le ciel, d’un nouveau dégoût pour nous-mêmes et pour la terre. Notre cœur et notre esprit seraient tout pour Dieu et rien pour le monde. Alors la maison du bon Dieu serait vraiment pour nous la porte du ciel : c’est ce que je vous souhaite.

 

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23 octobre 2013

EN RENTRANT CHEZ VOUS

 

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La reine de Saba, de retour chez elle, ne pouvait se rassasier de raconter tout ce qu’elle avait vu dans le temple de Salomon ; elle en parlait toujours avec un nouveau plaisir. La même chose doit arriver à un chrétien qui a bien assisté à la sainte Messe. Etant de retour dans sa maison, il doit s’entretenir avec ses enfants et ses domestiques, et leur demander ce qu’ils ont retenu, ce qui les a touché davantage. Hélas ! Mon Dieu, que vais-je dire ?... Combien de pères et de mères, de maîtres et de maîtresses, qui, si on voulait leur parler de ce qu’ils ont entendu à la sainte Messe, se moquerait de tout cela en disant qu’on les ennuie, qu’ils en savent assez ! … Cependant, généralement parlant, il semble que l’on écoute encore cette parole sainte. Mais, dès qu’on est sorti de l’église, on se laisse aller à toutes sortes de dissipation. L’on se lève avec précipitation. On court. On se presse à la porte. Le prêtre souvent n’est pas encore descendu de l’autel que l’on est déjà dehors, et là, on se livre à toutes sortes de choses étrangères. Savez-vous, mes frères, ce qu’il en résulte ? Le voici. On ne profite de rien, et l’on ne tire aucun fruit de ce que l’on a entendu et vu dans la maison du bon Dieu. Que de grâces méprisées ! Que de moyens de salut foulés aux pieds ! O quel malheur ! De faire tourner à notre perte ce qui nous aiderait si bien à nous sauver ! Hélas ! Vous le voyez vous-mêmes, combien ces saints offices sont à charge au plus grand nombre de chrétiens ! Pendant ces moments, ils sont restés à l’église comme dans une espèce de prison et aussitôt sortis, vous les entendez crier à la porte, semblables à des prisonniers à qui l’on vient de donner la liberté. N’est-on pas souvent obligés de fermer la porte si l’on ne veut être étourdi par leurs cris continuels ? Mon Dieu, sont-ce là des chrétiens, qui ne devraient se retirer de votre saint Temple, qu’avec un esprit rempli de toutes sortes de bonnes pensées et de bons désirs ? Ne devraient-ils pas chercher à les bien graver dans leur mémoire, pour ne plus jamais les perdre, et les mettre en exécution, aussitôt que l’occasion s’en présenterait ? Hélas ! le nombre de ceux qui assistent aux offices avec attention et qui tâchent d’en profiter, est à peu près comme le nombre des élus : ah ! Qu’il est petit !

23 octobre 2013

CELA VOUS ETONNE ? PAS MOI !

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Pourquoi est-ce donc, me direz-vous, que nous assistons à tant de messes et que nous sommes toujours les mêmes ? Hélas ! Mes frères, c’est que nous y sommes présents de corps et que notre esprit n’y est nullement, et que nous y venons plutôt achever notre réprobation par les mauvaises dispositions avec lesquelles nous y assistons. Hélas ! Que de messes mal entendues, qui, bien loin d’assurer notre salut, nous endurcissent davantage. Jésus Christ étant apparu à sainte Mechtilde, lui dit : « Sache, ma fille, que les saints assisteront à la mort de tous ceux qui auront entendu dévotement la sainte Messe, pour les aider à bien mourir, pour les défendre contre les tentations du démon et pour présenter leurs âmes à mon Père. » Quel bonheur pour nous, mes frères, d’êtres assistés, dans ce moment redoutable, par autant de saints que nous aurons entendu de saintes Messes !...

Non, mes frères, ne craignons jamais que la sainte Messe noue retarde dans nos affaires temporelles ; c’est bien tout le contraire : nous sommes sûrs que tout ira mieux, et que même nos affaires nous réussiront mieux que si nous avons le malheur de ne pas y assister. En voici un exemple admirable. Il est rapporté de deux artisans, qui étaient du même métier et qui demeuraient dans un même bourg, que l’un d’eux, étant chargé d’une grande quantité d’enfants, ne manquait jamais d’entendre tous les jours la sainte Messe et vivait très commodément dans son métier ; mais l’autre, au contraire, qui n’avait point d’enfants, travaillait une partie de la nuit et tout le jour, et souvent le saint jour de dimanche, encore avait-il toutes les peines du monde à vivre. Celui-ci, qui voyait les affaires de l’autre si bien lui réussir, lui demanda, un jour qu’il le rencontra, où il pouvait prendre de quoi entretenir si bien une famille si grande que la sienne ; tandis que lui, qui n’avait que lui et sa femme, et qui travaillait sans cesse, était souvent dépourvu de toutes choses. L’autre lui répondit que, s’il voulait, il lui montrerait le lendemain, d’où il tenait tout son profit. L’autre, bien content d’une si bonne nouvelle, ne voyait que l’heure d’arriver au lendemain, qui devait lui apprendre à faire sa fortune. En effet, l’autre ne manqua pas d’aller le prendre. Le voilà qui part de bon cœur et le suit avec bien de la fidélité. L’autre le conduisit jusqu’à l’église, où ils entendirent la sainte Messe. Après qu’ils furent retournés : « Mon ami, lui dit celui qui était bien à son aise, retournez à votre travail. » Il en fit autant le lendemain ; mais l’étant allé prendre une troisième fois pour la même chose : « Comment, lui dit l’autre ? Si je veux aller à la Messe, je sais le chemin sans que vous preniez la peine de venir me chercher ; ce n’est pas ce que je voulais savoir ; mais le lieu où vous trouvez tout ce bien qui vous fait vivre si bien à votre aise ; je voulais voir, si, faisant comme vous, je pourrais y trouver mon compte. »

« Mon ami, lui répondit l’autre, je ne sais point d’autre lieu que celui de l’église, et pas d’autre moyen que d’entendre tous les jours la sainte Messe ; et pour moi, je vous assure que je n’ai point employé d’autres moyens pour avoir tout le bien qui vous étonne. Mais, n’avez-vous pas vu ce que Jésus Christ nous dit dans l’Evangile, de chercher premièrement le royaume des cieux, et que tout le reste nous sera donné de surplus ».

Cela vous étonne peut-être, mes frères ? Pas moi. C’est ce que nous voyons tous les jours dans les maisons où il y a de la piété : ceux qui viennent souvent à la sainte Messe, font beaucoup mieux leurs affaires que ceux auxquels leur peu de foi fait croire qu’ils n’ont jamais le temps. Hélas ! Si nous avions mis toute notre confiance en Dieu, et ne comptions rien sur notre travail, que nous serions plus heureux que nous ne sommes !

- Mais, me direz-vous, si nous n’avons rien, l’on ne nous donne rien.

- Que voulez-vous que le bon Dieu vous donne, quand vous ne comptez que sur votre travail et pour rien sur lui ? Puisque vous ne vous donnez pas seulement le temps de faire vos prières le matin ni le soir, et que vous vous contentez de venir une fois la semaine à la sainte Messe. Hélas ! Vous ne connaissez pas les ressources de la providence du bon Dieu pour celui qui se confie en lui. En voulez-vous une preuve bien frappante ? Elle est devant vos yeux : jetez les yeux sur votre pasteur et examinez cela devant le bon Dieu.

- Oh ! Me direz-vous, c’est parce que l’on vous donne.

- Mais qui me donne sinon la providence du bon Dieu ? Voilà où sont mes trésors, et pas ailleurs. Hélas ! Que l’homme est aveugle de tant se tourmenter pour se damner et être bien malheureux en ce monde ! Si vous avez le bonheur de bien penser à votre salut et d’assister à la sainte Messe, autant que vous le pouvez, vous verriez bientôt la preuve de ce que je vous dis.

23 octobre 2013

EN ALLANT A L’EGLISE, OU ALLEZ-VOUS ?

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Lorsque notre devoir nous appelle dans un lieu saint, ne dirait-on pas que nous ressemblons à des criminels conduits devant leurs juges pour être condamnés au dernier des supplices, plutôt qu’à des chrétiens que l’amour seul devrait conduire à Dieu ? Oh ! Que nous sommes aveugles, mes frères, d’avoir si peu à cœur les biens du ciel, tandis que nous sommes si portés pour les choses du monde !

En effet, quand il s’agit d’affaires temporelles, ou même de plaisirs, l’on en sera tout préoccupé. L’on y pensera d’avance. L’on y réfléchira. Hélas ! Quand il s’agit du service de notre Dieu et du salut de notre pauvre âme, ce n’est qu’une espèce de routine et une indifférence inconcevable. Veut-on parler à un grand du monde, lui demander quelque grâce ? L’on s’en occupe longtemps d’avance. L’on va consulter les personnes que l’on croit plus instruites, pour savoir la manière dont il faut se présenter. L’on paraît devant lui avec cet air de modestie et de respect, qu’inspire ordinairement la présence d’un tel personnage. Mais quand on vient dans la maison du bon Dieu, ah ! Ce n’est plus cela. Personne ne pense à ce qu’il va faire, à ce qu’il va demander à Dieu. Dites-moi, mes frères, quel est celui qui, en allant à l’église, se dit à lui-même : Où vais-je ? Est-ce dans la maison d’un homme, ou dans le palais d’un roi ? Oh ! Non, c’est dans la maison de mon Dieu, dans la demeure de celui qui m’aime plus que lui-même, puisqu’il est mort pour moi, qui a ses yeux miséricordieux ouverts sur mes actions, ses oreilles attentives à mes prières, toujours prêt à m’exaucer et à me pardonner. Pénétrés de ces belles pensées, que ne disons-nous comme le saint roi David : « O mon âme, réjouis-toi, tu vas aller dans la maison du Seigneur », lui rendre tes hommages, lui exposer tes besoins, écouter ses divines paroles, lui demander ses grâces. Oh ! Que j’ai de choses à lui dire, que de grâces j’ai à lui demander, que de remerciements j’ai à lui faire ! Je lui parlerai de toutes mes peines, et je suis sûr qu’il me consolera. Je lui ferai l’aveu de mes fautes, et il va me pardonner ; je vais lui parler de ma famille, et il la bénira par toutes sortes de bienfaits. Oui, mon Dieu, je vous adorerai dans votre saint Temple, et j’en reviendrai plein de toutes sortes de bénédictions.

Dites-moi, mes frères, est-ce bien là la pensée qui vous occupe, lorsque vos devoirs vous appellent dans l’Eglise ? Sont-ce bien là les pensées que vous avez, après avoir passé toute la pauvre matinée à parler de vos ventes et de vos achats, ou du moins, de choses entièrement inutiles ? Vous venez à la hâte entendre une sainte messe, qui, souvent, est à moitié dite. Hélas ! Si j’osais le dire, combien vont visiter le dieu de l’ivrognerie avant leur Créateur et, venant à l’église la tête remplie de vin, s’entretiennent d’affaires temporelles jusqu’à la porte ! O mon Dieu ! Sont-ce là des chrétiens, qui doivent vivre comme des anges sur la terre ?... Et vous, ma sœur, vos sentiments sont-ils meilleurs lorsque, après avoir occupé votre esprit et une partie de votre temps à penser comment vous allez vous habiller pour mieux plaire au monde, vous venez ensuite dans un lieu où vous ne devriez venir que pour pleurer vos péchés ? Hélas ! Bien souvent, le prêtre monte à l’autel que vous êtes encore à vous contempler devant une glace de miroir, à vous y tourner et retourner. O mon Dieu ! Sont-ce bien là des chrétiens, qui vous ont pris pour leur modèle, vous qui avez passé votre vie dans les mépris et les larmes ! Ecoutez, jeune fille, ce que vous apprend Saint Ambroise, évêque de Milan. Etant à la porte de l’église et voyant une jeune personne parée avec beaucoup de soins, il lui adressa ces paroles : « Où allez-vous, femme ? » Elle lui répondit qu’elle allait à l’église. « Vous allez à l’église, lui dit le saint évêque, l’on dirait bien plutôt que vous allez à la danse, à la comédie ou au spectacle. Allez, femme pécheresse, allez pleurer vos péchés en secret, et ne venez pas à l’église insulter par vos vains ajustements, un Dieu humilié. » Mon Dieu ! Que ce siècle nous fournit des … ! Combien de personnes, en venant à l’église, ne sont occupées que d’elles-mêmes et de leurs parures ! Elles entrent dans le Temple du Seigneur en disant au fond de leur cœur : « Regardez-moi. » En voyant ces tristes dispositions, ne devrait-on pas verser de larmes ?

Et vous, pères et mères, quelles sont vos dispositions lorsque vous venez à l’église, à la messe. Hélas ! Il faut bien le dire avec douleur, ce sont le plus souvent les pères et les mères, que nous voyons entrer dans l’église alors que le prêtre est déjà à l’autel ou même en chaire !

- Ah ! Me direz-vous, nous venons bien quand nous pouvons, nous avons autre chose à faire.

- Sans doute, vous avez autre chose à faire. Mais je sais bien aussi que si vous n’aviez pas laissé pour le dimanche mille choses de votre ménage que vous deviez faire le samedi et si vous vous étiez levés un peu plus matin, vous auriez eu fait tout cela avant la sainte messe, et vous seriez arrivés avant que le prêtre ne fût monté à l’autel. Il en serait de même pour vos enfants et vos domestiques, si vous ne leur commandiez pas jusqu’au dernier coup de la messe, ils y arriveraient au commencement. Je ne sais pas si le bon Dieu voudra bien recevoir tous ces prétextes, je ne le crois guère.

Mais pourquoi, mes frères, parler en particulier ? N’est-ce pas la plus grande partie qui agit de la sorte ? Oui, quand on vous appelle dans l’église pour vous y distribuer les grâces du bon Dieu, n’aperçoit-on pas en vous ce peu d’empressement, cette nonchalance, ce dégoût qui vous dévore, cette dissipation presque générale ? Dites-moi, voit-on beaucoup de monde quand on commence les saints offices ? Les vêpres ne sont-elles pas souvent à moitié dites, quand vous êtes tous arrivés ?

-Nous avons de l’ouvrage, me dites-vous.

-Eh ! Mes amis, si vous me disiez que vous n’avez ni foi, ni amour de Dieu, ni désir de sauver votre pauvre âme, je vous croirais bien mieux. Hélas ! Que peut-on penser de tout cela ? Il y a de quoi gémir en voyant de pareilles dispositions dans la plupart des chrétiens ! Plusieurs semblent ne venir à l’église que malgré eux ou, si j’osais dire, il semble qu’on les y traîne. De la maison jusqu’à l’église, l’on ne parle que d’affaires temporelles. Quelques jeunes filles ensemble ne parlent que de la vanité, de la beauté, et le reste. Les jeunes gens, des jeux, des plaisirs et autres choses encore plus mauvaises. Les pères ou maîtres de maisons causeront de leurs biens, de leurs ventes ou de leurs achats. Les mères ne seront occupées que de leur ménage et de leurs enfants. Personne n’oserait nier cela. Hélas ! Pas une seule pensée sur le bonheur qu’ils vont avoir, pas une seule réflexion sur les besoins de leur pauvre âme, ni de celle de leurs enfants et de leurs domestiques ! Ils entrent dans le saint Temple sans respect, sans attention, et plusieurs, le plus tard possible. Combien d’autres, ne se donnent pas la peine d’entrer, et restent dehors, afin de mieux trouver à se dissiper ? La parole de Dieu ne trouble pas leur conscience : ils regardent ceux qui vont et qui viennent… Mon Dieu ! Sont-ce là des chrétiens pour lesquels vous avez tant souffert, afin de les rendre heureux ? Voilà donc toute leur reconnaissance ?...

Avec de telles dispositions, que de péchés se commettent pendant les saints offices ! Que de personnes font plus de péchés le dimanche que dans toute la semaine ! … Ecoutez ce que nous apprend saint Martin. Tandis qu’il chantait la sainte messe avec saint Brice son disciple, il s’aperçut que celui-ci souriait. Après que tout fut fini, saint Martin lui demanda ce qui l’avait fait sourire. Saint Brice lui répondit : « Mon père, j’ai vu quelque chose d’extraordinaire pendant que nous chantions la sainte messe. J’ai vu derrière l’autel un démon, il écrivait sur une grande feuille de parchemin les péchés qui se commettaient dans l’église, et sa feuille a été plutôt remplie que la sainte messe achevée. Ce démon a pris ensuite ce papier entre les dents, il a tiré si fort qu’il l’a déchiré en plusieurs morceaux. Voilà, mon père, ce qui m’a fait sourire. » Que de péchés et même mortels, nous commettons pendant les saints offices par notre peu de dévotion et de recueillement ! Hélas ! Que sont devenus ces temps heureux où les chrétiens passaient non seulement le jour, mais encore la plus grande partie des nuits dans l’église, à pleurer leurs péchés, ou à y chanter les louanges du Seigneur ? Voyez même dans l’Ancien Testament, voyez sainte Anne la prophétesse, qui s’était retirée dans une tribune, pour ne plus quitter la présence de Dieu. Voyez le saint vieillard Siméon. Voyez encore Zacharie et tant d’autres, qui ont passé la plus grande partie de leur vie dans le temps du Seigneur. Mais aussi, combien ne sont-elles pas grandes et précieuses, les grâces que le bon Dieu leur accordait. Dieu, pour récompenser sainte Anne, voulût qu’elle fût la première à connaître Jésus Christ. Le saint vieillard Siméon fut aussi le premier après saint Joseph qui eut le bonheur, le grand bonheur de porter le Sauveur du monde sur ses bras. Saint Zacharie fut choisi pour être le père d’un enfant destiné à être l’ambassadeur du Père Eternel, pour annoncer la venue de son Fils dans le monde. Que de grâces le bon Dieu n’accorde-t-il pas à ceux qui se font un devoir de venir le visiter dans son saint Temple autant qu’ils le peuvent…

23 octobre 2013

SI L’HOMME CONNAISSAIT SA RELIGION

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Ce ne sont ni les biens ni les honneurs ni la vanité qui peuvent rendre l’homme heureux sur la terre, mais l’attachement seul au service de Dieu, quand nous avons eu le bonheur d’en avoir connaissance et de le bien remplir. Cette femme qui est méprisée de son mari n’est donc pas malheureuse dans son état parce qu’elle est méprisée, mais parce qu’elle ne connaît pas sa religion, ou parce qu’elle ne pratique pas ce qu’elle lui ordonne. Apprenez-lui sa religion et, dès que vous verrez qu’elle pratiquera, elle cessera de se plaindre et de se croire malheureuse. Oh ! Que l’homme serait heureux, même sur la terre, s’il connaissait sa religion…

Oh ! Quel pouvoir n’a pas une personne auprès de Dieu, quand elle l’aime et le sert avec fidélité. Hélas ! Mes frères, une personne méprisée des gens du monde, qui semble n’être digne que d’être foulée aux pieds, voyez-la se rendre maîtresse de la volonté et de la puissance de Dieu même. Voyez un Moise qui force le Seigneur d’accorder le pardon à trois cents mille hommes bien coupables. Voyez Josué qui commande au soleil de s’arrêter, le soleil devient immobile : ce qui n’était jamais arrivé et ce qui peut-être n’arrivera jamais. Voyez les apôtres, seulement parce qu’ils aimaient le bon Dieu, les démons fuyaient devant eux, les boiteux marchaient, les aveugles voyaient, les morts ressuscitaient. Voyez un saint Benoit qui commande aux rochers de s’arrêter dans leur course, ils restent suspendus en l’air. Voyez-le qui multiplie les pains, qui fait sortir les eaux des rochers, et qui rend les pierres et le bois aussi légers qu’un brin de paille. Voyez un saint François de Paule qui commande aux poissons de venir entendre la parole de Dieu, ils se rendent à son appel avec tant de fidélité qu’ils applaudissent à ses paroles. Voyez un saint Jean qui commande aux oiseaux de se taire, ils lui obéissent. Voyez-en encore d’autres, qui traversent les mers sans aucun secours humain. Eh bien ! Mettez donc maintenant en regard tous ces impies et tous ces grands de ce monde avec tous leurs beaux esprits et leur science à tout faire. Hélas ! De quoi sont-ils capables ? De rien du tout. Et pourquoi cela ? Sinon parce qu’ils ne sont pas attachés au service de Dieu. Oh ! Que celui qui connaît sa religion et qui pratique ce qu’elle commande est puissant et heureux en même temps.

Hélas ! Mes frères, que celui qui vit au gré de ses passions et abandonne le service de Dieu est malheureux et capable de bien peu de choses ! Mettez une armée de cent mille hommes auprès d’un mort, et que tous emploient leur puissance pour le ressusciter. Non, non, mes frères, il ne ressuscitera pas. Mais qu’une personne qui est méprisée du monde et qui est dans l’amitié du bon Dieu commande à ce mort de reprendre la vie : de suite vous le verrez se lever et marcher. Nous en avons d’autres preuves encore. Si, pour servir le bon Dieu, il fallait être riche ou bien savant, beaucoup de personnes ne le pourraient pas. Mais non, mes frères, les grandes sciences et les grandes richesses ne sont nullement nécessaires pour servir le bon Dieu. Au contraire, elles sont bien souvent un très grand obstacle. Oui, mes frères, que nous soyons riche ou pauvre, dans quel état que nous soyons, savants ou non, nous pouvons plaire à Dieu et nous sauver…

Ecoutez-moi un instant, et vous allez voir que le service de Dieu n’a rien que de quoi nous consoler et nous rendre heureux au milieu de toutes les misères de la vie. Pour cela, vous n’avez besoin de quitter ni vos biens, ni vos parents, ni même vos amis, à moins qu’ils ne vous portent au péché. Vous n’avez pas besoin d’aller passer vos jours dans un désert pour y pleurer vos péchés. Si encore cela nous était nécessaire, nous devrions nous trouver heureux d’avoir un remède à nos maux. Mais non, un père et une mère de famille peuvent servir le bon Dieu et son maître, rien n’empêche.

Non, mes frères, la manière de vivre en servant le bon Dieu ne change rien dans tout ce que nous faisons. Au contraire, nous faisons mieux tout ce que nous faisons.

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23 octobre 2013

REGLEZ VOTRE MORT SUR CELLE DE JESUS CHRIST

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Si nous devions mourir deux fois, nous pourrions en exposer une. Mais l’on meurt qu’une fois et de notre mort dépend notre éternité. Là où l’arbre tombe, il reste. Si une personne se trouve au moment de la mort dans quelque mauvaise habitude, sa pauvre âme tombera du côté de l’enfer. Si, au contraire, elle est en état, elle prendra le chemin du ciel. O heureux chemin !...

On meurt pour l’ordinaire, comme l’on a vécu. C’est là une de ces grandes vérités que l’Ecriture et les Saints Pères nous affirment en maint endroit. Si vous vivez en bons chrétiens, vous êtes sûrs de mourir en bons chrétiens. Mais si vous vivez mal, vous êtes sûrs de faire une mauvaise mort. Le prophète Isaïe dit : « Malheur à l’impie qui ne pense qu’à mal faire, parce qu’il sera traité comme il le mérite. A la mort, il recevra le salaire des œuvres de ses mains. » Il est vrai cependant que l’on peut quelquefois, par une espèce de miracle, mal commencer et bien finir, mais cela arrive si rarement que, d’après saint Jérôme, la mort est ordinairement l’écho de la vie. Vous croyez qu’alors vous reviendrez au bon Dieu ? Non, vous périrez dans le mal…

Le Saint Esprit nous dit : « Si vous avez un ami, faites-lui du bien avant votre mort. » Eh ! Mes frères, pouvons-nous avoir un meilleur ami que notre âme ? Faisons pour elle tout ce que nous pourrons, car au moment que nous voudrons lui faire du bien, nous ne le pourrons plus !... La vie est courte. Si vous différez de vous convertir jusqu’à l’heure de votre mort, vous êtes des aveugles, puisque vous ne savez ni le moment ni le lieu où vous mourrez, peut-être sans secours. Qui sait si vous n’irez point paraître cette nuit même, couvert de péchés, devant le Tribunal de Jésus Christ…

Oui, mes frères, telle vie, telle mort. N’espérez pas un miracle que Dieu ne fait que rarement. Vous vivez dans le péché, vous mourrez dans le péché…

Si nous voulons faire une bonne mort, il faut mener une vie chrétienne. Et le moyen pour nous préparer à bien mourir, c’est de régler notre mort sur celle de Jésus Christ…

La vie d’un bon chrétien peut-elle être autre chose que celle d’un homme attaché à la croix avec Jésus Christ ?

23 octobre 2013

AYEZ LE VISAGE PROPRE

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Je dis qu’il faut avoir des habillements propres, je ne veux pas dire riches, mais seulement qui ne soient point crasseux ni déchirés : c’est-à-dire lavés et raccommodés, à moins que l’on n’en ait point d’autre. Il y en a qui n’en pas de quoi se changer, ou qui, par paresse, ne le font pas ; ne changent pas de linge, c’est-à-dire de chemise. Pour ceux qui n’en ont point, il n’y a pas de mal ; mais ceux qui en ont, font mal, puisque c’est manquer de respect à Jésus Christ, qui veut bien venir dans leur cœur. Il faut s’être peigné, avoir le visage et les mains propres ; ne jamais venir à la Sainte Table sans avoir des bas, bons ou mauvais. Ce n’est pas que l’on doive approuver ces jeunes personnes qui, en allant à la Sainte Table, ne mettent point de différence d’avec l’instant où elles vont dans un bal ou une danse ; je ne sais pas comment elles peuvent aller recevoir un Dieu humilié et méprisé avec tout leur étalage de vanité. Mon Dieu, mon Dieu, quelle contradiction !...

23 octobre 2013

IL FAUT ETRE CONVERTI

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Non, mes frères, n’oublions jamais que pour communier, il faut être converti et dans une véritable résolution de persévérer. Quand Jésus Christ voulut donner son corps adorable et son Sang précieux à ses apôtres, pour leur montrer comment il fallait être pur pour le recevoir, il allait jusqu’à leur laver les pieds. Il veut nous montrer par là, que nous ne saurions jamais être assez purifiés de nos péchés même véniels. Il est vrai que le péché véniel ne rend pas nos communions indignes ; mais il est cause que nous ne profitons presque rien de tant de bonheur. La preuve en est bien claire, voyez combien pendant notre vie, nous avons fait de communions. Eh Bien ! En sommes-nous devenus meilleurs ? Non, sans doute, et la véritable cause de cela, c’est que nous conservons presque toujours nos mauvaises habitudes et que nous ne nous corrigeons pas plus une fois que l’autre. Nous avons en horreur ces gros péchés qui donnent la mort à notre âme ; mais pour toutes ces petites impatiences, ces murmures, lorsqu’il nous arrive quelques misères ou quelques chagrins, quelque contradiction, ces petits détours dans tout ce que nous disons : cela ne nous coûte guère. Vous convenez avec moi que, malgré tant de confessions et de communions, vous êtes toujours les mêmes, que vos confessions ne sont pas autre chose, depuis bien des années, qu’une répétition des mêmes péchés qui, quoique véniels, ne vous font pas moins perdre presque tout le mérite de vos communions. L’on vous entend dire, avec raison, que vous ne valez pas plus une fois que l’autre ; mais qui vous empêche de vous corriger de vos fautes ?... Si vous êtes toujours de même, c’est bien parce que vous ne voulez pas faire quelques petits efforts pour vous corriger. Vous ne voulez rien souffrir et n’être contredit en rien. Vous voudriez que tout le monde vous aimât et aie bonne opinion de vous, ce qui est bien difficile. Tâchons de travailler, mes frères, à détruire tout ce qui peut tant soit peu déplaire à Jésus Christ, et nous verrons combien nos communions nous feront marcher à grands pas vers le ciel ; et plus nous en ferons, plus nous nous sentirons détachés du péché et portés à Dieu… C’est ce que je vous souhaite.

23 octobre 2013

IL FAUT VENIR PLUS DE BONNE HEURE

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Voulez-vous savoir, mes frères, comment vous devez vous comporter quand vous voulez avoir le bonheur de recevoir le bon Dieu ? Faites comme ce bon chrétien qui communiait tous les huit jours. Il en employait trois en actions de grâces et trois à se préparer. Eh Bien ! Qui vous empêche de faire de même toutes vos actions pour cela. Pendant ce temps-là, entretenez-vous avec Jésus Christ, qui règne dans votre cœur pour visiter votre âme et l’enrichir de toutes sortes de biens et de bonheur. Il faut implorer la Sainte Vierge, les anges et les saints, afin qu’ils prient le bon Dieu pour nous, que nous le recevions autant dignement qu’il nous sera possible. Ce jour-là, il faut venir plus de bonne heure à la sainte messe, et l’entendre encore mieux que les autres fois. Il faut que notre esprit et notre cœur soient sans cesse aux pieds du tabernacle, qu’ils soupirent continuellement après cet heureux moment, il faut que nos pensées ne soient plus de ce monde, mais toutes pour le ciel, que nous soyons tellement abîmés dans la pensée de Dieu que nous semblions être morts au monde. Il faut avoir vos Heures ou votre Chapelet et dire vos actes avec autant de ferveur que vous pourrez, pour ranimer en vous la foi, l’espérance et un grand amour pour Jésus Christ qui va, dans un instant, de votre cœur, faire son tabernacle, ou, si vous voulez, un petit ciel. Mon Dieu, quel bonheur et quel honneur pour des misérables comme nous ! Nous devons lui témoigner un grand respect. Etre si misérable !... Mais nous espérons qu’il aura tout de même pitié de nous : après avoir dit nos actes, il faut offrir votre communion pour vous ou pour d’autres. Vous vous levez pour aller à la sainte table avec beaucoup de modestie, ce qui annonce que vous allez faire quelque chose de grand. Vous vous mettez à genoux et vous vous efforcez de ranimer en vous la foi qui vous fasse sentir la grandeur de votre bonheur. Il faut que votre esprit et votre cœur soient tout à Dieu. Vous prenez bien garde de ne pas tourner la tête, vous tenez vos yeux à moitié fermés, les mains jointes, et vous dîtes votre : « Je confesse à Dieu. » Si vous attendez pour communier, il faut vous exciter à un grand amour pour Jésus Christ, en le priant bien humblement qu’il daigne venir dans votre pauvre et misérable cœur.

Après que vous avez eu le grand bonheur de communier, il faut vous lever avec modestie, retourner à votre place, vous mettre à genoux, et ne pas prendre de suite un livre ou un chapelet. Il faut vous entretenir un moment avec Jésus Christ, que vous avez eu le bonheur d’avoir dans votre cœur, où, pendant un quart d’heure, il est en corps et en âme, comme pendant sa vie mortelle. O bonheur infini ! Qui est celui qui pourra jamais le comprendre !... Hélas ! Presque personne ne le comprend !... Après que vous avez demandé au bon Dieu toutes les grâces que vous désirez pour vous et pour les autres, il faut reprendre vos Heures et continuer. Ayant dit vos actes après la communion, il faut inviter la Sainte Vierge, tous les anges et tous les saints à remercier le bon Dieu pour vous. Il faut bien prendre garde de ne pas cracher, au moins d’une bonne demi-heure après la sainte communion. Il ne faut pas sortir de suite après la sainte messe, mais rester un moment pour demander au bon Dieu de bien vous affermir dans vos bonnes résolutions. Lorsque vous sortez de l’église, il ne faut pas vous arrêter à causer ; mais, pensant au bonheur que vous avez de renfermer Jésus Christ, il faut vous en aller chez vous.

Si vous avez un petit moment entre les offices, il faut l’employer à faire une bonne lecture ou à faire une visite au Saint Sacrement, pour remercier le bon Dieu de la grâce qu’il vous a faite le matin et vous entretenir des affaires du monde tant moins que vous pouvez. Il faut tellement veiller sur toutes vos pensées, vos paroles et vos actions, que vous conserviez la grâce du bon Dieu toute votre vie.

23 octobre 2013

JE VIENS DE LA PART DE DIEU

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Mais pourquoi, mes frères, suis-je monté en chaire aujourd’hui ? Ah ! Je viens de la part de Dieu même. Je viens de la part de vos pauvres parents, afin de réveiller en vous cet amour de reconnaissance que vous leur devez. Je viens vous remettre devant les yeux toutes les bontés et l’amour qu’ils ont eus pour vous pendant qu’ils étaient sur la terre. Je viens vous dire qu’ils brûlent dans les flammes, qu’ils pleurent, et qu’ils demandent à grands cris le secours de vos prières et de vos bonnes œuvres. Il me semble les entendre s’écrier du fond de ces brasiers qui les dévorent : « Ah ! Dites bien à nos pères, à nos mères, dites à nos enfants, à tous nos parents, combien sont cruels les maux que nous souffrons. Nous nous jetons à leurs pieds pour implorer le secours de leurs prières. Ah ! Dites-leur que depuis que nous nous sommes séparés d’eux, nous sommes ici à brûler dans les flammes ! Oh ! Qui pourra être insensible à tant de maux que nous endurons ? » Voyez-vous, mes frères, entendez-vous cette tendre mère et ce bon père, et tous ces parents qui vous tendent les mains ? « Mes amis, s’écrient-ils, arrachez-nous à ces tortures, vous le pouvez. » Voyez donc, mes frères : 1° la grandeur des tourments qu’endurent les âmes du purgatoire et 2° les moyens que nous de les soulager qui sont : nos prières, nos bonnes œuvres et surtout le saint sacrifice de la messe.

1° Je ne veux pas m’arrêter à vous prouver l’existence du purgatoire. Ce serait perdre mon temps. Nul d’entre vous n’a le moindre doute là-dessus. L’Eglise a qui Jésus Christ a promis l’assistance du Saint Esprit et qui, par conséquent, ne peut ni se tromper ni nous tromper, nous l’enseigne d’une manière assez claire et assez évidente. Il est certain et très certain qu’il y a un lieu où les âmes des justes achèvent d’expier leurs péchés, avant d’être admises à la gloire du paradis qui leur est assurée. Oui, mes frères, et c’est un article de foi : si nous n’avons pas fait une pénitence proportionnée à la grandeur et à l’énormité de nos péchés, quoique pardonnés dans le saint tribunal de la pénitence, nous serons condamnés à les expier… Dans l’Ecriture Sainte, grands nombre de textes montrent que, bien que nos péchés soient pardonnés, le bon Dieu nous impose encore l’obligation de souffrir dans ce monde, par des peines temporelles, ou dans l’autre, par les flammes du purgatoire.

Voyez ce qui arriva à Adam : s’étant repenti après son péché, Dieu l’assura qu’il l’avait pardonné et cependant, il le condamna à faire pénitence pendant plus de neuf cents ans, pénitence qui surpassa tout ce que l’on peut imaginer. Voyez encore : David ordonne, contre le gré de Dieu, le dénombrement de ses sujets, mais, poussé par les remords de sa conscience, il reconnaît son péché, se jette la face contre terre et prie le Seigneur de lui pardonner. Dieu, touché de son repentir, le pardonne en effet. Malgré cela, il lui envoie Gad pour lui dire : « Prince, choisissez l’un des trois fléaux que le Seigneur vous a préparé en punition de votre faute : la peste, la guerre et la famine. » David dit : «  Il vaut mieux tomber entre les mains du Seigneur dont j’ai tant de fois éprouvé la miséricorde, que dans celles des hommes. » Il choisit donc la peste qui dura trois jours et qui lui enleva plus de soixante- dix mille sujets. Si le Seigneur n’avait arrêté la main de l’ange déjà étendue sur la ville, tout Jérusalem eut été dépeuplé. David voyant tant de maux causés par son péché, demanda en grâce au bon Dieu de le punir lui seul, et d’épargner son peuple qui était innocent. Hélas ! Mes frères, quel sera donc le nombre d’années que nous aurons à souffrir en purgatoire, nous qui avons tant de péchés ; qui, sous prétexte que nous les avons confessés, ne faisons point de pénitence et ne versons point de larmes ? Que d’années de souffrances nous attendent dans l’autre vie !

Mais comment pourrai-je vous faire le tableau déchirant des maux qu’endurent ces pauvres âmes, puisque les saints pères nous disent que les maux qu’elles endurent dans ces lieux, semblent égaler les souffrances que Jésus Christ a endurées pendant sa douloureuse Passion ? Cependant, il est certain que si le moindre supplice de Jésus Christ avait été partagé entre tous les hommes, ils seraient tous morts par la violence des souffrances. Le feu du purgatoire est le même que celui de l’enfer, la différence qu’il y a, c’est qu’il n’est pas éternel. Oh ! Il faudrait que le bon Dieu, dans sa miséricorde, permît qu’une de ces pauvres âmes qui brûle dans ces flammes, parût ici à ma place, tout environnée des feux qui la dévorent, et qu’elle vous fît elle-même le récit des maux qu’elle endure. Il faudrait mes frères, qu’elle fît retentir cette église de ses cris et de ses sanglots, peut-être enfin cela attendrirait-il vos cœurs. « Oh ! Que nous souffrons, nous crient-elles, ô nos frères, délivrez-nous de ces tourments. Vous le pouvez ! Ah ! Si vous sentiez la douleur d’être séparés de son Dieu !... » Cruelle séparation ! Brûler par un feu allumé par la justice d’un Dieu !... Souffrir dans des douleurs incompréhensibles à l’homme mortel !... Etre dévoré par le regret, sachant que nous pouvions si bien les éviter !... « Oh ! Mes enfants, s’écrient ces pères et ces mères, pouvez-vous bien nous abandonner, nous qui vous avons tant aimés ? Pouvez-vous bien vous coucher dans la mollesse, et nous laisser étendus sur un brasier de feu ? Aurez-vous le courage de vous livrer au plaisir et à la joie, tandis que nous sommes ici à souffrir et à pleurer nuit et jour ? Vous possédez nos biens et nos maisons, vous jouissez du fruit de nos peines, et vous nous abandonnez dans ce lieu de tourments où nous souffrons de maux si affreux, depuis tant d’années !... Et pas une aumône, pas une messe qui nous aide à nous délivrer !... Vous pouvez nous soulager, ouvrir notre prison, et vous nous abandonnez. Oh ! Que nos souffrances sont cruelles !... » Oui, mes frères, l’on juge bien autrement dans les flammes, de toutes ces fautes légères, si toutefois l’on peut appeler léger ce qui nous fait endurer des douleurs si rigoureuses. « O mon Dieu, s’écrie le Roi Prophète, malheur à l’homme, même le plus juste, si vous le jugez sans miséricorde. » Si vous avez trouvé des tâches dans le soleil et de la malice dans les anges, que sera-ce donc de l’homme pécheur ? Et pour nous, qui avons commis tant de péchés mortels, et qui n’avons encore presque rien fait pour satisfaire à la justice de Dieu, que d’années de purgatoire !...

 

Mon Dieu, disait Sainte Thérèse, quelle âme sera assez pure pour entrer dans le ciel, sans passer par les flammes vengeresses ? » Dans sa dernière maladie, elle s’écria tout à coup : « O justice et puissance de mon Dieu, que vous êtes terrible ! » Pendant son agonie, Dieu lui fit voir sa sainteté, telle que les anges et les saints la voient dans le ciel, ce qui lui causa tant de frayeur que les sœurs la voyant toute tremblante et dans une agitation extraordinaire, s’écrièrent tout en larmes :

 - Ah ! Notre mère, que vous est-il donc arrivé ; craignez-vous encore la mort, après tant de pénitences, des larmes si abondantes et si amères ? 

- Non, mes enfants, leur répondit Sainte Thérèse, je ne crains pas la mort, au contraire, je la désire, afin de m »unir à jamais à mon Dieu. 

- Est-ce donc que vos péchés vous effraient après tant de macérations ?

- Oui, mes enfants, leur dit-elle, je crains mes péchés, mais je crains encore quelque chose de plus.

- Est-ce donc le jugement ?

- Oui, je frémis à la vue du compte redoutable qu’il faudra rendre au bon Dieu qui, dans ce moment, sera sans miséricorde, mais il y a encore quelque chose dont la seule pensée me fait mourir de frayeur.

Ces pauvres sœurs se désolaient.

- Hélas ! Serait-ce l’enfer ?

- Non, leur dit-elle, l’enfer, grâce à Dieu, n’est pas pour moi. Oh ! Mes sœurs, c’est la sainteté de Dieu ! Mon Dieu, ayez pitié de moi ! Il faut que ma vie soit confrontée avec celle de Jésus Christ lui-même ! Malheur à moi si j’ai la moindre souillure, la moindre tâche ! Malheur à moi si j’ai même l’ombre du péché !

-Hélas ! S’écrient ces pauvres religieuses, quel sera donc notre sort !...

Que sera-t-il donc de nous, mes frères, de nous qui peut-être dans toutes nos pénitences et nos bonnes œuvres, n’avons pas encore satisfait à un seul péché pardonné dans le tribunal de la pénitence ? Ah ! Que d’années et de siècles de tourments pour nous punir !... Que nous paierons cher toutes ces fautes que nous regardons comme un rien, tels que les petits mensonges que nous disons pour nous divertir, les petites médisances, le mépris des grâces que le bon Dieu nous fait à chaque instant, ces petits murmures dans les peines qu’il nous envoie ! Non, mes frères, jamais nous n’aurions la force de commettre le moindre péché, si nous pouvions comprendre combien il outrage le bon Dieu, et combien il mérite d’être puni rigoureusement, même en ce monde.

Dieu est juste, mes frères, dans tout ce qu’il fait. Quand il nous récompense pour la moindre bonne action, il le fait au-delà de tout ce que nous pouvons désirer. Une bonne pensée, un bon désir, c’est-à-dire désirer faire quelque bonne œuvre, quand bien même on ne pourrait la faire, il ne nous en laisse pas sans récompense. Mais aussi, lorsqu’il s’agit de nous punir, c’est avec rigueur, et nous n’aurions qu’une légère faute, nous serons jetés en purgatoire. Cela est vrai car nous voyons dans la vie des saints que plusieurs ne sont allés au ciel qu’après avoir passé par les flammes du purgatoire. Saint Pierre Damien raconte que sa sœur demeura plusieurs années en purgatoire pour avoir écouté une mauvaise chanson avec quelque peu de plaisir. On rapporte que deux religieux se promirent l’un à l’autre que le premier qui mourrait viendrait dire au survivant l’état où il serait. Le bon Dieu permit à celui qui mourut le premier d’apparaître à son ami. Il lui dit qu’il était resté quinze jours en purgatoire pour avoir trop aimé à faire sa volonté. Et comme cet ami le félicitait d’y être si peu resté : « J’aurais bien mieux aimé, répondit le défunt, être écorché vif pendant dix mille ans continus, car cette souffrance n’aurait pas encore pu être comparée à ce que j’ai souffert dans les flammes. » Un prêtre dit à un de ses amis que le bon Dieu l’avait condamné à rester en purgatoire plusieurs mois pour avoir retardé l’exécution d’un testament destiné à faire de bonnes œuvres. Hélas ! Mes frères, combien parmi ceux qui m’entendent ont à se reprocher pareille faute ? Combien en est-il qui, peut-être, depuis huit ou dix ans, ont reçu de leurs parents ou de leurs amis, la charge de faire dire des messes, de donner des aumônes, et qui ont tout laissé ! Combien y en a-t-il qui, dans la crainte de trouver quelques bonnes œuvres à faire, ne veulent pas prendre la peine de regarder le testament que leurs parents ou leurs amis ont fait en leur faveur ? Hélas ! Ces pauvres âmes sont détenues dans les flammes, parce que l’on ne veut pas accomplir leurs dernières volontés ! Pauvres pères et mères, vous vous êtes sacrifiés pour rendre heureux vos enfants ou vos héritiers. Vous avez peut être négligé votre salut pour augmenter leur fortune. Vous vous êtes fié sur les bonnes œuvres que vous laisseriez dans votre testament !... Pauvres parents ! Que vous avez été aveugles de vous oublier vous-mêmes !...

 

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