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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
1 octobre 2013

CHANGEZ VOTRE ARBRE DE TERRE

 saint_jean_baptiste_marie_vianney

Voyez maintenant, mes frères, les bonnes œuvres que vous avez faites. Les avez-vous faites uniquement pour Dieu, de sorte que le monde n’y ait été pour rien, et que jamais vous n’avez été fâchés de les avoir faites à cause de ces quelques retours d’ingratitude que l’on vous a fait essuyer ? Vous êtes-vous jamais applaudis en vous-mêmes du bien que vous avez fait, rendu au prochain ? Parce que, si tout cela vous est arrivé, ou vous n’avez rien fait, ou il faut tout compter comme pour rien, parce que vous en avez déjà perdu la récompense. Savez-vous mes frères, le parti que vous avez à prendre ? Si vous n’avez rien fait, ou si ce que vous avez fait est perdu pour quelque vue humaine, commencez de suite, afin qu’à la mort, vous puissiez vous trouver encore quelque chose à présenter à Jésus Christ pour qu’il vous donne la vie éternelle.

« Mais, me direz-vous peut-être, je n’ai fait que du mal pendant toute ma vie. Je ne suis qu’un mauvais arbre qui ne peut plus porter de bon fruit. »

Mes frères, cela se peut encore, et je vais vous l’apprendre. Changez cet arbre de terre, arrosez-le avec d’autre eau, fumez-le avec d’autres engrais, et vous verrez que vous porterez du bon fruit, quoique vous en ayez porté de bine mauvais jusqu’à présent. Si cet arbre, qui est vous-mêmes, a été fertile en orgueil, en avarice et en impureté, vous pouvez faire, avec la grâce du bon Dieu, que ses fruits deviennent abondants en humilité, en charité et en pureté. Faites-le vous-mêmes comme la terre qui, avant le déluge, tirait de son sein l’eau pour s’arroser elle-même, sans avoir recours aux nuées du ciel, pour lui donner la fécondité. De même, mes frères, tirez de votre propre cœur cette eau salutaire qui en changera les dispositions. Vous l’aviez arrosé avec l’eau bourbeuse de vos passions. Eh bien ! A présent, arrosez-le avec les larmes du repentir, de la douleur et de l’amour, et vous verrez que vous cesserez d’être un mauvais arbre, pour en devenir un qui portera du fruit pour la vie éternelle. Pour vous montrer mes frères, que cela se peut très bien, en voici un exemple admirable dans la personne de sainte Madeleine. Voyez, d’après Jésus Christ même, combien elle était un mauvais arbre et ensuite, combien la grâce en a fait un bon arbre, qui a porté du bon fruit avec abondance. Saint Luc nous dit qu’elle était une pécheresse, et connue pour telle dans toute la ville de Jérusalem. Je vous laisse à penser ce que ces paroles, sorties de la bouche de Jésus Christ même, veulent nous dire. C’était une jeune fille née avec les passions  les plus vives, une beauté extraordinaire, de grands biens : ce qui est un feu qui allume encore davantage les passions, qui les nourrit et les engraisse continuellement. Elle avait un grand attrait pour les plaisirs du monde, un goût extrême pour les modes et un grand désir de plaire ; de sorte que ses pensées et tous ses soins étaient employés à cela. Un air peu modeste annonçait déjà d’avance que son innocence ne tarderait pas de faire naufrage. Vaine idole du monde, elle cherche autant qu’elle peut à lui plaire, soit dans ses regards enflammés par un feu impur qui sort du fond de son cœur, soit dans toutes ses démarches et cet air efféminé qui paraît sur son front. Tout cela annonce un arbre qui ne peut porter que de biens mauvais fruits. Elle reçoit avec une complaisance incroyable les profanes regards des mondains. Elle reçoit avec amour propre les fades éloges des hommes. Elle aime à se produire, avec une joie au-delà de ce que l’on peut comprendre, dans les assemblées du grand monde. Etant d’une grande beauté, possédant de grandes richesses, jeune et bien faite ; tout le monde, ce semble, n’avait du cœur, des yeux que pour elle. Les danses, les spectacles et le soin de plaire à tout le monde, font toute son occupation. Si elle se rend parmi les fidèles dans les lieux destinés à la prière, elle s’y rend avec empressement, non pour y pleurer ses péchés, comme elle aurait dû faire ; mais, bien mieux, pour s’y placer comme une idole, pour y voir et, encore plus, pour y être vue et admirée. Elle semble, par là, vouloir disputer les cœurs à Dieu même et l’honneur qui n’est dû qu’à lui seul. Enfin, elle va si loin qu’elle finit par être un sujet de scandale à toute la ville de Jérusalem.  Les entretiens avec les jeunes gens, les embrassements, les conversations peu modestes, les corruptions auxquelles elle se livre finissent par ne plus la faire regarder que comme une fille de mauvaise vie. Elle finit par être fuie et méprisée par tous les gens de bien. Tous les gens de la ville ne la nomment plus que la femme pécheresse et scandaleuse. Vous conviendrez avec moi que voilà un bien mauvais arbre. Si vous avez été aussi loin, il n’en est guère qui l’est passée. Hélas ! Mes frères, quel fruit d’orgueil n’a pas porté cette tête embellie et ornée avec tant de soins ? Hélas ! Que de fruits de corruption n’a pas produit ce cœur pourri et brûlé par un feu impur ? Et ainsi de toutes les autres passions qui la dominaient. Je crois, mes frères, qu’il est assez difficile de trouver un arbre plus mauvais. Eh bien ! Mes frères, vous allez voir que si nous voulons nous prêter à la grâce, qui jamais ne nous manquera plus qu’à Madeleine, quelques misérables que nous soyons, nous pouvons changer notre arbre qui, jusqu’à présent, n’a porté que de mauvais fruits. Nous pouvons lui en faire porter de bon, si seulement nous voulons nous prêter à la grâce qui vient à notre secours ? De mauvais chrétien, nous pouvons devenir bon, et porter du fruit digne de la vie éternelle, ce que nous allons voir dans le retour de Madeleine.

Saint Jérôme nous dit que, pendant que Madeleine était ainsi abandonnée à tous ses désordres, le bruit de tant de miracles que le Sauveur faisait en guérissant les malades et ressuscitant les morts remplissait d’étonnement toute la Judée. Chacun s’empressait de voir un homme si extraordinaire. Madeleine pour son bonheur, se trouva de ce nombre. Les premières paroles qu’elle entendit sortir de la bouche du Sauveur, ce fut la parabole de l’Enfant prodigue et celle du Bon Pasteur. Elle se reconnut véritablement dans cet enfant prodigue ; et reconnut le Sauveur pour le Bon Pasteur. Les traits de la grâce étaient trop vifs et trop perçants pour qu’elle n’en ressentît pas l’atteinte. Au récit de cette parole, elle se sentie attendrie et touchée jusqu’aux larmes. Si tant de prodiges qu’elles a vus et entendus elle-même la remplissent d’étonnement, la grâce achève de la changer, en faisant, d’un mauvais arbre, un très bon, qui doit porter des fruits excellents. Mais ce qui achève de la détacher d’elle-même et du péché, en rompant tout ce qui pouvait l’en retenir, ce fut cette grande bonté de Dieu pour les pécheurs. Ah ! Mes frères, que la grâce est puissante quand elle trouve un cœur bien disposé ! La voilà qui commence à ne plus penser ni agir de même, la grâce la poursuit, les remords de sa conscience la tourmentent, elle sent son cœur qui se brise de douleur de ses péchés. Ses yeux, qui, autrefois, étaient si allumés d’un feu impur, et qui savaient si bien l’allumer dans le cœur des autres, commencent à verser des larmes amères. Comme son cœur avait goûté le premier les plaisirs du monde, elle veut aussi qu’il soit le premier à ressentir tout le regret d’avoir fait mal. Dès lors, ce grand monde qui, autrefois, faisait tout son plaisir et son bonheur, ne fait plus que l’importuner et la dégoûter de plus en plus. Elle ne se trouve bien que séparée du monde et dans la retraite, où elle peut réfléchir et verser des larmes en toute liberté. Son cœur se sent toujours percé plus vivement, à mesure qu’elle considère la vie qu’elle a menée jusqu’à présent, l’outrage qu’elle a fait à Dieu, le nombre d’âmes qu’elle a perdues par une vie mauvaise. Cet amour d’elle-même, cette orgueilleuse complaisance qu’elle avait dans sa beauté, tous ces profanes hommages qui la flattaient : tout cela ne lui est plus qu’une vanité insensée et une espèce d’idolâtrie. Ce luxe immodeste, ces amusements mondains, qu’elle avait toujours regardés  comme les privilèges de son âge et de son sexe, ne sont maintenant à ses yeux qu’une vie païenne et une véritable apostasie de sa religion. Ces sentiments passionnés, ces libertés indécentes, ces tendres attachements, autrefois si chers à son cœur, et tous ces mystères d’iniquité ne lui semblent à présent que crimes et abomination. Elle reconnaît, en versant des larmes en abondance, que si le bon Dieu l’avait ornée de tant de dons, ce n’était que pour qu’elle lui fût agréable. Elle n’en conçoit que plus vivement son ingratitude et sa révolte. Dans ces combats, elle apprend qu’un pharisien distingué a le bonheur de recevoir chez lui le Sauveur ; elle se rappelle tout ce qu’elle a entendu du Sauveur : « Oui, se dit-elle à elle-même, je ne peux plus douter qu’il soit ce Pasteur si bon et si charitable, et que moi, je ne sois cette brebis perdue. Ah ! S’écrie-t-elle, c’est-à moi-même qu’il en voulait, lorsqu’il parlait de cet enfant prodigue ! Oui, je me lèverai et j’irai le trouver ! » En effet, ne se possédant plus, elle se lève, foule aux pieds toutes ses plumes et toutes ses vanités. Elle court, ou plutôt la grâce, dont son cœur était déjà tout brûlant, l’entraîne. Foulant tout respect humain, elle entre dans la salle du festin avec un air abattu, ses cheveux, autrefois si bien tirés et frisés, tous épars, les yeux baissés et baignés de larmes, la confusion et la rougeur sur le front. Elle se jette aux pieds du Sauveur qui était à table. « Ah ! Madeleine ! Madeleine ! s’écrie un Père de l’Eglise, que faites-vous et qu’êtes-vous devenue ? Où sont ces plaisirs, cette vanité et cet amour profane ? » Ah ! Non, non, mes frères, plus de Madeleine pécheresse, mais Madeleine pénitente, et une amante fidèle du Sauveur. »

Oui, mes frères, ce fut dans ce moment que tout changea en elle. Si elle avait tant perdu d’âmes par une vie si scandaleuse, elle va, par sa vie pénitente, en gagner encore plus qu’elle n’en a perdu. Elle n’a nul respect humain, elle accuse publiquement ses péchés devant une nombreuse assemblée, elle embrasse les pieds du Sauveur, elle les arrose de ses larmes, elle les essuie de ses cheveux. Non, non, mes frères, Madeleine n’est plus Madeleine, mais une sainte amante du Sauveur ; « Non, non, mes frères, nous dit Saint Augustin, dans Madeleine, plus de vanités, plus de plaisirs, plus d’amour profane, tout est saint et pur en elle. Oui, mes frères, nous dit ce grand saint, ces parfums si recherchés qu’elle avait donnés tout au luxe, cette chevelure si bien parée et ornée, ces yeux animés d’un feu si dangereux, tout cela est maintenant purifié dans les larmes. Ah ! Mes frères, nous dit-il, qui pourrait nous faire connaître ce qui se passe dans son cœur ? Chacun de ceux qui furent témoins de ce coup de générosité la tourne en ridicule, la traite d’insensée, la blâme et la condamne, sinon Jésus-Christ lui-même, qui connaît bien que c’est sa grâce qui a tout fait en elle. » Il en est si touché qu’il ne lui parle nullement de ses péchés. Mais il prend un singulier plaisir à faire l’éloge de tout le bien qu’elle a fait, et cela, devant tout le monde : « Allez, lui dit tendrement le Sauveur, vos péchés vous sont pardonnés, ne pleurez plus…»

Puisque votre âme est aussi précieuse aux yeux de Dieu que celle de Madeleine, vous êtes sûrs, mes frères, que jamais la grâce ne vous manquera pour vous convertir et persévérer.

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