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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
25 septembre 2013

SUR QUI S’ACHARNE LE DEMON ?

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Mais, peut-être pensez-vous, qui sont donc ceux qui sont les plus tentés : ce sont sans doute les ivrognes, les médisants et les impudiques qui se jettent à corps perdu dans leurs ordures, et l’avare qui prend de toutes manières ? Non, mes frères, non, ce ne sont pas ceux-là. Au contraire, les démons les méprisent, ou bien il les retient, crainte qu’ils ne fassent pas assez de mal longtemps parce que, plus ils vivront, plus leurs mauvais exemples trainent d’âmes en enfer. En effet, si le démon avait pressé fortement ce vieux impudique, qu’il ait abrégé ses jours de quinze ou vingt ans, il n’aurait pas enlevé la fleur de la virginité à cette jeune fille en la plongeant dans le plus infâme bourbier de ses impudicités ; il n’aurait pas encore séduit cette femme, ou il n’aurait pas appris le mal à ce jeune qui peut-être le continuera jusqu’à la mort. Si le démon avait porté ce voleur à piller en toute rencontre, depuis longtemps il serait conduit sur l’échafaud, il n’aurait pas porté son voisin à faire comme lui. Si le démon avait sollicité cet ivrogne à se remplir sans cesse de vin, depuis longtemps il aurait péri dans sa crapule ; au lieu qu’en prolongeant ses jours, il en a rendu plusieurs semblables à lui. Si le démon avait ôté la vie à ce musicien, à ce teneur de bal, à ce cabaretier dans une battue ou d’autres occasions, combien qui, sans toutes ces gens, ne seraient pas damnés et qui le seront. Saint Augustin nous apprend que le démon ne tourmente pas beaucoup ces personnes, au contraire, il les méprise et leur crache dessus.

Mais, me direz-vous, qui sont donc ceux qui sont le plus tentés ? Mon ami, le voici ; écoutez-le bien. Ce sont ceux qui sont prêts, avec la grâce de Dieu, de tout sacrifier pour le salut de leur pauvre âme ; qui renoncent à tout ce que sur la terre, on recherche avec tant d’empressement. Ce n’est pas seulement un démon qui les tente, mais des millions qui leur tombent dessus pour les faire tomber dans leurs pièges. En voici un bel exemple. Il est rapporté dans l’histoire, que Saint François d’Assise était rassemblé avec tous ses religieux dans un grand champ où l’on avait bâti de petites maisons de jonc. Saint François, voyant qu’ils faisaient des pénitences si extraordinaires, leur commande d’apporter tous leurs instruments de pénitence. L’on en fit comme des monceaux de paille. Dans ce moment, il y avait un jeune homme à qui le bon Dieu fit la grâce de lui rendre son ange gardien visible : d’un côté, il voyait tous ces bons religieux qui ne pouvaient assez se rassasier de pénitences. D’un autre côté, son bon ange gardien lui fit voir une assemblée de dix-huit mille démons, qui tenaient conseil de la manière dont ils pourraient renverser ces religieux par la tentation. Il y en eut un qui dit : « Vous n’y comprenez rien, ces religieux sont si humbles, ah ! Quelle belle vertu ! Si détachés d’eux-mêmes, si attachés à Dieu. Ils ont un supérieur qui les conduit si bien qu’il est impossible de pouvoir les vaincre. Attendons que le supérieur soit mort, alors nous tâcherons d’introduire des jeunes gens sans vocation qui porteront le relâchement, et par ce moyen nous les aurons. » Un peu plus loin, en entrant dans la ville, il vit un démon seul, qui était assis sur les portes de la ville pour tenter ceux qui étaient dedans. Ce saint demanda à son ange gardien pourquoi est-ce que, pour tenter tous ces religieux, il y avait tant de mille de démons, tandis que pour toute une ville, il n’y en avait qu’un, encore était-il assis ? Son bon ange lui répondit que les gens du monde n’avaient pas même besoin de tentations, qu’ils se portaient assez d’eux-mêmes au mal, tandis que les religieux faisaient bien, malgré tous les pièges que le démon pouvait leur livrer.

Voici, mes frères, la première tentation que le démon donne à une personne qui a commencé à mieux servir le bon Dieu : c’est le respect humain. Elle n’osera plus paraître, elle se cache des personnes avec lesquelles elle avait autrefois pris ses plaisirs. Si on lui dit qu’elle a donc bien changé : elle en a honte ! Ce qu’en dira-t-on est toujours dans sa tête, de sorte qu’elle n’a plus la force de faire le bien devant le monde. Si le démon ne peut la gagner par le respect humain, il fait naître en elle une crainte extraordinaire : que ses confessions ne sont pas bonnes, que son confesseur ne la connaît pas, qu’elle aura beau faire, qu’elle sera tout de même damnée, qu’elle gagne autant de tout laisser que de continuer, parce qu’elle a trop d’occasions. Pourquoi est-ce, mes frères, que quand une personne ne pense pas à sauver son âme, qui vit dans le péché, elle n’est rien tentée ; mais dès qu’elle veut changer de vie, c’est-à-dire qu’elle le désire pour se donner au bon Dieu, tout l’enfer lui tombe dessus ? Ecoutez ce que Saint Augustin va vous dire : « Voilà, nous dit-il, la manière dont le démon se comporte envers le pécheur. Il fait comme un geôlier qui a plusieurs prisonniers renfermés dans sa prison mais qui, tenant la clef dans sa poche, les laisse bien tranquilles, convaincus qu’ils ne peuvent pas sortir. Voilà sa manière d’agir envers un pécheur qui ne pense pas à sortir du péché. Il ne se met pas en peine de le tenter. Il regarde ce temps comme un temps perdu, parce que non seulement il ne pense pas à le quitter, mais il ne fait qu’aggraver ses chaînes : il serait donc inutile de le tenter. Il le laisse vivre en paix, si toutefois l’on peut-être en paix dans le péché. Il lui cache, autant qu’il lui est possible, son état jusqu’à la mort, où il tâche de lui faire la peinture la plus effrayante de sa vie pour le jeter dans le désespoir. Mais une personne qui a résolu de changer de vie pour se donner au bon Dieu, c’est bien autre chose. » Tant que Saint Augustin vécut dans le désordre, il ne s’aperçut presque rien de ce que c’était d’être tenté. Il se croyait en paix, comme il le raconte lui-même. Mais dès le moment qu’il voulut tourner le dos au démon, il fallut se battre avec le démon, jusqu’à en perdre la respiration. Et cela pendant cinq ans. Il employa les larmes les plus amères, les pénitences les plus austères. « Je me débattais avec lui, dit-il, dans mes chaînes. Un jour, je me croyais victorieux, le lendemain j’étais par terre. Cette guerre cruelle et opiniâtre dura cinq ans. Cependant, dit-il, le bon Dieu me fit la grâce d’être victorieux de mon ennemi. » Voyez encore les combats qu’éprouva Saint Jérôme lorsqu’il voulut se donner au bon Dieu, et qu’il eut la pensée d’aller visiter la Terre Sainte. Etant à Rome, il conçut un nouveau désir de travailler à son salut. En quittant Rome, il va s’ensevelir dans un affreux désert pour se livrer à tout ce que son amour pour le bon Dieu pourrait lui inspirer. Alors, le démon, qui prévoyait combien cette conversion en ferait d’autres, semblait crever de désespoir. Il n’y eut sorte de tentation qu’il ne lui livrât. Je ne crois pas qu’il y ait eu un saint qui ait été si fortement tenté que lui. Voici comment il écrivait à un de ses amis : « Mon cher ami, je viens vous faire part de l’affliction et de l’état où le démon veut me réduire. Combien de fois, dans cette vaste solitude, que les ardeurs du soleil rendent insupportables, combien de fois les plaisirs de Rome sont venus m’assaillir. La douleur et l’amertume dont mon âme est remplie me fait verser, nuit et jour, des torrents de larmes. Je vais me cacher dans les lieux les plus écartés pour combattre mes tentations et y pleurer mes péchés. Mon corps est tout défiguré et couvert d’un rude cilice. Je n’ai point d’autre lit que la terre nue, et pour toute nourriture que des racines crues et de l’eau, même dans mes maladies. Malgré toutes ces rigueurs, mon corps ressent encore la pensée des plaisirs infâmes dont Rome est infectée ; mon esprit se trouve au milieu de ces belles compagnies où j’ai tant offensé le bon Dieu. Dans ce désert où je me suis condamné moi-même pour éviter l’enfer, entre ces sombres rochers, où je n’ai point d’autres compagnies que les scorpions et les bêtes farouches, mon esprit brûle encore d’un feu impur mon corps, déjà mort avant moi-même ; le démon ose encore lui offrir des plaisirs à goûter. Me voyant si humilié par des tentations dont la seule pensée me fait mourir d’horreur, ne sachant plus quelle rigueur je dois exercer sur mon corps pour le tenir au bon Dieu, je me jette par terre au pied de mon crucifix, en l’arrosant de mes larmes, et lorsque je peux ne plus pleurer, je prends des pierres, je me frappe la poitrine jusqu’à ce que le sang me sorte par la bouche, en criant miséricorde, jusqu’à ce que le Seigneur ait pitié de moi. Qui pourra comprendre combien mon état est misérable, désirant si ardemment de plaire au bon Dieu et de n’aimer que lui seul. Me voyant sans cesse porté à l’offenser, quelle douleur pour moi ! Aidez-moi mon cher ami du secours de vos prières, afin que je sois plus fort pour repousser le démon qui a juré ma perte éternelle. »

Voilà, mes frères, les combats auxquels le bon Dieu permet que ses grands saints soient exposés. Hélas ! Mes frères, que nous sommes à plaindre, si nous ne sommes pas fortement combattus par le démon ! Selon toute apparence, nous sommes les amis du démon : il nous laisse vivre dans une fausse paix, il nous a endormi sous prétexte que nous avons fait quelques bonnes prières, quelques aumônes, que nous avons moins fait de mal que d’autres. Selon nous, en effet, mes frères, si vous demandez à cette colonne de cabaret si le démon le tente, il vous dira tout simplement que non ; que rien ne le tourmente. Demandez à cette fille de vanité, quels sont ses combats ? Elle vous répondra en riant, qu’elle n’en a point, qu’elle ne sait pas même ce que c’est d’être tentée. Voilà, mes frères, la tentation la plus effroyable, qui est de n’être pas tenté. Voilà l’état de ceux que le démon conserve pour l’enfer. Si j’osais, je vous dirais qu’il prend bien garde de les tenter et de les tourmenter sur leur vie passée, crainte de leur faire ouvrir les yeux sur leurs péchés.

Le plus grand de tous les malheurs, c’est de ne pas être tenté, puisqu’il y a lieu de croire que le démon nous regarde comme lui appartenant, et qu’il n’attend que la mort pour nous traîner en enfer. Rien n’est plus facile à concevoir. Voyez un chrétien qui cherche un tant soit peu le salut de son âme, tout ce qui l’environne le porte au mal, il ne peut souvent pas même lever les yeux sans être tenté, malgré toutes ses prières et ses pénitences. Et un vieux pécheur qui, peut-être depuis vingt ans, se roule et se traîne dans les ordures, il dira qu’il n’est pas tenté ! Tant pis ! Mon ami, tant pis ! C’est précisément ce qui doit vous faire trembler, c’est que vous ne connaissez pas les tentations ; parce que, dire que vous n’êtes pas tenté, c’est comme si vous disiez qu’il n’y a plus de démon ou qu’il a perdu toute sa rage contre les chrétiens. « Si vous n’avez point de tentation, nous dit Saint Grégoire, c’est que les démons sont vos amis, vos conducteurs et vos pasteurs. En vous laissant passer tranquillement votre pauvre vie, à la fin de vos jours, ils vous traîneront dans les abîmes. » Saint Augustin nous dit que la plus grande tentation, c’est de ne point avoir de tentation, parce que c’est être une personne réprouvée, abandonnée du bon Dieu et livrée entre les mains de ses passions. »

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