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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
24 septembre 2013

TOUT CE QUE VOUS DITES DE PLUS VIENT DU DEMON 1

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Il est bien étonnant, mes frères, que le bon Dieu soit obligé de nous faire un commandement pour nous défendre de profaner son saint nom. Peut-on bien concevoir, mes frères, que des chrétiens puissent se livrer au démon, pour être un instrument dont il se sert pour maudire un Dieu si bon et si bienfaisant ? Peut-on bien concevoir qu’une langue, qui a été consacrée au bon Dieu par le saint Baptême, et, tant de fois, arrosée par son sang adorable, soit employée à maudire son Créateur ? Le pourrait-il faire, celui qui croirait véritablement que le bon Dieu ne la lui a donnée que pour le bénir et chanter ses louanges ? Vous conviendrez avec moi que c’est là un crime épouvantable, qui semble forcer le bon Dieu à nous accabler de toutes sortes de malheurs, et à nous abandonner au démon à qui nous obéissons avec tant de zèle. Ce crime fait dresser les cheveux de la tête à toute personne qui n’a pas encore entièrement perdu la foi. Cependant, malgré la grandeur de ce péché, son horribilité, et sa noirceur, y a-t-il un péché plus commun que le jurement, les blasphèmes, les imprécations et les malédictions ? N’a-t-on pas la douleur de voir sortir même de la bouche des enfants, qui à peine savent leur Notre Père, ces sortes de jurements, capables d’attirer toutes sortes de malheurs sur une paroisse ? Je vais donc, mes frères, vous montrer ce que l’on tend par jurements, blasphèmes, reniements, imprécations et malédictions. Tâchez pendant ce temps-là, de bien dormir, afin qu’au jour du jugement, vous ayez fait le mal sans savoir ce que vous faisiez, et que vous soyez damnés parce que votre ignorance sera toute de votre faute.

Pour vous faire comprendre la grandeur de ce péché, mes frères, il faudrait pouvoir vous faire comprendre la grandeur de l’outrage qu’il fait au bon Dieu : ce qui ne sera jamais donné à un mortel. Non, mes frères, il n’y a que l’enfer, il n’y a que la colère, la puissance et la fureur d’un Dieu, toutes réunies sur ces monstres infernaux, qui puissent faire sentir la grandeur de son atrocité. Non, non, mes frères, n’allons pas plus loin, il faut pour cela un enfer éternel. D’ailleurs ce n’est pas mon dessein, je vais seulement vous faire connaître la différence qu’il y a entre les jurements, les blasphèmes, les reniements, les imprécations, les malédictions et les paroles grossières. Une bonne partie les confond, et prend une chose pour l’autre, ce qui est cause que presque jamais vous ne vous accusez de vos péchés comme il faut, ce qui vous expose à faire de mauvaises confessions, et, par conséquent, à vous damner. Le deuxième commandement, qui nous défend de faire des serments faux, inutiles et de ne pas parjurer, s’exprime en ces termes : « Vous ne prendrez point le Nom du Seigneur en vain. » C’est comme si le Seigneur nous disait : « Je vous ordonne et vous commande de révérer ce nom, parce qu’il est saint et adorable. Je vous défends de le profaner, en l’employant pour autoriser le mensonge, l’injustice, et même la vérité, sans raison suffisante. » Et Jésus Christ nous dit de ne le jurer en aucune matière.

Je dis 1° que les personnes peu instruites confondent souvent les blasphèmes avec les jurements. Un malheureux, dans un moment de colère, ou plutôt de fureur, dira : « Le bon Dieu n’est pas juste de me faire souffrir… » Par ces mots, il a renié le bon Dieu. Il s’accusera en disant : « Mon Père, je m’accuse d’avoir juré. » Or, ce n’est pas un jurement mais un blasphème qu’il a proféré. Une personne sera accusée faussement d’une faute qu’elle n’a pas faite. Elle dira pour se justifier : « Si j’ai fait cela, je ne veux jamais voir la face de Dieu ! »  Ce n’est pas un jurement mais une horrible imprécation. Voilà deux péchés qui sont bien aussi mauvais que les jurements. Un autre, qui aura dit à son voisin qu’il est un voleur, un coquin, s’accusera « d’avoir juré après son voisin ». Ce n’est pas jurer mais c’est lui dire des injures. Un autre dira des paroles sales et déshonnêtes et s’accusera « d’avoir dit de mauvaises raisons. » Vous vous trompez, il faut dire que vous avez dit des obscénités. Voici mes frères, ce que c’est que jurer : c’est prendre le bon Dieu à témoin de ce que l’on dit ou promet ; et le parjure est un serment qui est faux ; c’est-à-dire, c’est quand on jure pour un mensonge.

Le nom du bon Dieu est si saint, si grand et si adorable, que les anges et les saints, nous dit Saint Jean, disent sans cesse dans le ciel : « Saint, Saint, Saint, est le grand Dieu des armées ; que son saint nom soit béni dans tous les siècles des siècles ! » Lorsque la Sainte Vierge alla visiter sa cousine Elizabeth, et que cette sainte lui dit : « Que vous êtes heureuse d’avoir été choisie pour être la mère de Dieu ! », la Sainte Vierge lui répondit : « Celui qui est Tout Puissant, et dont le nom est saint, a fait en moi de grandes choses. » Nous devrons donc mes frères, avoir un grand respect pour le nom du bon Dieu, et ne le prononcerons qu’avec une grande vénération, et jamais en vain. Saint Thomas nous dit que de prononcer le nom du bon Dieu en vain, est un grand péché ; qu’il n’en est pas de ce péché comme des autres : dans les autres péchés, la légèreté de la matière en diminue la noirceur  et la malice et, bien souvent, ce qui est péché mortel n’est plus que véniel : comme le larcin qui est un péché mortel ; mais si c’est peu de chose, comme un ou trois sous, ce ne sera qu’un péché véniel. La colère et la gourmandise sont des péchés mortels ; mais une petite colère, une petite gourmandise, ne sont plus que des péchés véniels. Mais pour le jurement, il n’en est plus de même : plus la matière est légère, plus la profanation est grande. La raison en est que plus la matière est légère, plus le mépris est grand ; comme si une personne priait le roi de lui servir de témoin pour une bagatelle, ce serait se moquer de lui et le mépriser. Le bon Dieu nous dit que celui qui jurera son nom sera puni rigoureusement. Nous lisons dans l’Ecriture Sainte que, du temps de Moise, il y avait deux hommes dont l’un jura le saint nom de Dieu. On le prit et on le mena à Moise qui demanda au bon Dieu ce qu’il en fallait faire. Le Seigneur lui dit de le conduire dans un champ, et d’ordonner à tous ceux qui avaient été témoins de ce blasphème de lui mettre la main sur la tête et de l’assommer afin d’ôter le blasphémateur du milieu de son peuple.

Le Saint Esprit nous dit encore que celui qui est accoutumé de jurer, sa maison sera remplie d’iniquités, et que la malédiction ne sortira point de sa maison, jusqu’à ce qu’elle soit détruite. Notre Seigneur Jésus Christ nous dit, dans l’Evangile, de ne point jurer ni par le ciel, ni par la terre, parce que ni l’un ni l’autre ne nous appartiennent. Quand vous voudrez assurer une chose, dites :

« Cela est, ou n’est pas. Oui ou non. Je l’ai fait, ou je ne l’ai pas fait. »

Et tout ce que vous direz de plus, ne vient que du démon. D’ailleurs, une personne qui a l’habitude de jurer, c’est une personne emportée, attachée à ses propres sentiments ; et toujours elle jure, aussi bien pour le mensonge que pour la vérité.

« Mais, me dira-t-on, si je ne jure pas, on ne me croira pas. »

Vous vous trompez. Jamais l’on ne croit une personne qui jure, parce que cela suppose une personne qui n’a point de religion, et une personne sans religion n’est pas digne d’être crue. Il y en a souvent qui ne savent pas vendre la moindre chose sans jurer, comme si leur jurement bonifiait leur marchandise. Si l’on voit un marchand qui jure en vendant, de suite, l’on pense que cette personne n’a point de foi, qu’il faut prendre garde qu’elle ne nous trompe pas. Ses jurements font horreur et on ne la croit pas. Au contraire, une personne qui ne jurera pas, nous ajouterons foi à ce qu’elle nous dit.

Nous disons dans l’histoire un exemple rapporté par le cardinal Bellarmin, qui va vous montrer que les jurements n’avancent rien. Il y avait, nous dit-il, deux marchands dans Cologne, qui semblaient ne pouvoir rien vendre sans jurer. Leur pasteur les engagea fort à quitter cette mauvaise habitude parce que, bien loin d’y perdre, ils y gagneraient beaucoup. Ils suivirent son conseil. Cependant, pendant quelques temps, ils ne vendirent pas beaucoup. Ils allèrent trouver leur pasteur, en lui disant qu’ils ne vendaient pas autant qu’il leur avait fait espérer. Le pasteur leur dit :

« Prenez patience, mes enfants, vous êtes sûrs que le bon Dieu vous bénira. »

En effet, au bout de quelques temps, le concours fut si grand qu’il semblait que l’on donnait la marchandise pour rien. Ils voyaient eux-mêmes que le bon Dieu les bénissait d’une manière particulière. Le même cardinal nous dit qu’il y avait une bonne mère de famille, qui avait une grande habitude de jurer. A force qu’on lui représenta combien ces jurements étaient indignes d’une mère et qu’elle ne pouvait qu’attirer la malédiction sur sa maison, s’étant bien corrigée, elle avoua elle-même que depuis qu’elle avait perdu sa mauvaise habitude, elle voyait que tout réussissait chez elle, et que le bon Dieu la bénissait d’une manière particulière.

Voulez-vous, mes frères, être heureux pendant votre vie, et que le bon Dieu bénisse vos maisons ? Prenez garde de ne jamais jurer, et vous verrez que tout ira bien chez vous. Le bon Dieu nous dit que dans la maison où le jurement règnera, la malédiction du Seigneur y tombera, et elle sera détruite. Et pourquoi, mes frères, vous laissez-vous aller au jurement, puisque le bon Dieu le défend, sous peine de nous rendre malheureux en ce monde et réprouvés dans l’autre ? Hélas ! Que nous connaissons peu ce que nous faisons ! Nous le connaîtrons mais trop tard.

En deuxième lieu, nous disons qu’il y a encore un autre jurement bien plus mauvais : c’est lorsqu’on ajoute au jurement des serments d’exécration, ce qui fait trembler. Comme les malheureux qui disent : « Si ce que je dis n’est pas vrai, je veux bien ne jamais la voir ! » Ah ! Malheureux ! Vous ne risquez que trop de ne jamais la voir ! « Si ce n’est pas vrai, je veux perdre ma place dans le paradis ! Que le bon Dieu me damne ! Ou : que le démon m’emporte ! » Ah ! Vieux endurci ! Le démon ne t’emportera que trop, sans que tu te donnes si longtemps d’avance, à lui. Combien d’autres qui ont toujours le démon à la bouche à la moindre chose qui ne va pas comme ils veulent : « Ah ! Le diable d’enfant, la diable de bête ou d’ouvrage ! … Que tu crèves donc une fois, tant tu m’ennuies ! » Hélas ! Une personne qui a si souvent le nom du démon dans la bouche, il est bien à craindre qu’elle l’ait dans le cœur ! Combien d’autres qui sont toujours après dire : « Oh ! Ma foi, oui… Oh ! Ma foi, non… Oh ! Mâtin d’enfant ! » Ou bien encore : « Pardi ! … Pardi ! … sur ma conscience ! … sur la foi des chrétiens !... »

Il y a une autre sorte de jurements, de malédictions auxquelles l’on ne pense pas, ce sont les jurements que l’on fait dans son cœur. Il y en a qui croient que parce qu’ils ne le disent pas de la bouche, il n’y a point de mal. Vous vous trompez grandement, mes amis. Il vous est arrivé que quelqu’un vous a fait quelque dégât dans vos terres, ou ailleurs, vous leur jurez après dans votre cœur, et vous les maudissez en disant : « Au moins, si le démon les avaient emportés ! … Que le tonnerre les eût écrasés !... Ou que ces raves et ces truffes les eussent empoisonnés en les mangeant ! … » Et vous conserverez ces pensées combien de temps dans votre cœur, et vous croyez que, parce que vous ne les dites pas de bouche, ce n’est rien. Mon ami, c’est un gros péché, il faut bien vous en accuser, sans quoi vous serez perdu. Hélas ! Qu’il y a peu de personnes qui connaissent l’état de leur pauvre âme, telle qu’elle est aux yeux du bon Dieu !

En troisième lieu, nous disons qu’il y en a d’autres, encore plus coupables, qui jurent non seulement pour des choses véritables, mais encore pour des choses fausses. Si vous pouviez comprendre combien votre impiété méprise le bon Dieu, vous n’auriez jamais le courage de le faire. Vous vous comportez envers le bon Dieu comme un vil esclave disant au roi : « Sire, il faut que vous me serviez de faux témoin. » Cela ne vous fait-il pas horreur, mes frères ? Le bon dieu nous dit dans l’Ecriture Sainte : « Soyez saints parce que je suis saint. Ne mentez pas, et ne trompez point votre prochain, et ne vous parjurez point en prenant le nom du Seigneur votre Dieu, à témoin pour un mensonge, et ne profanez point le nom du Seigneur ». Saint Jean Chrysostôme nous dit : « Si c’est déjà un si grand crime que de jurer pour une chose véritable, quelle est la grandeur du crime de celui qui jure faussement, pour assurer un mensonge ? » Le Saint Esprit nous dit que celui qui dit des mensonges périra. Le prophète Zacharie nous assure que la malédiction viendra dans la maison de celui qui jurera pour assurer un mensonge, et qu’elle y restera jusqu’à ce que cette maison soit renversée et détruite. Saint Augustin nous dit que le parjure est un grand crime et une bête féroce, qui fait un ravage effroyable. Voilà ce qui augmente encore ce péché, c’est qu’il y en a qui ajoute au jurement faux un serment d’exécration en disant : « Si cela n’est pas vrai, je ne veux jamais voir la face de Dieu ! … Que Dieu me damne !... Ou que le démon m’emporte ! » Ah ! Malheureux ! Si le bon Dieu vous prenait au mot, où seriez-vous ? Depuis déjà combien d’années vous brûleriez dans les enfers ! Dites-moi, mes frères, peut-on bien concevoir qu’un chrétien puisse se rendre coupable d’un tel crime et d’une telle horribilité ? O mon Dieu ! Un ver de terre pousse la barbarie à un tel excès ! Non, mes frères, non, cela n’est pas concevable pour un chrétien.

Il faut encore examiner si vous aviez résolu de jurer ou bien de faire des serments faux, et combien de jours, vous aviez eu cette pensée ; c’est-à-dire, combien de temps vous avez été disposé à le faire. Une bonne partie des chrétiens n’y fait pas seulement attention, quoique ce soit un gros péché.

« Mais, me direz-vous, j’y ai bien pensé, aussi je ne l’ai pas fait. »

Mais votre cœur l’a fait, et, puisque vous êtes dans la disposition de le faire, vous êtes coupables aux yeux du bon Dieu. Hélas ! Pauvre religion, que l’on te connaît peu !

Nous voyons dans l’histoire un exemple frappant de la punition de ceux qui font de faux serments. Du temps de Saint Narcisse, évêque de Jérusalem, trois jeunes libertins qui s’abandonnaient à l’impureté, calomniaient horriblement leur saint évêque en l’accusant des crimes dont ils étaient coupables eux-mêmes, dans l’espérance qu’il n’oserait pas les reprendre. Ils allèrent devant les juges en disant que l’évêque  avait commis tel péché, et ils assurèrent leurs jurements par des serments affreux. Le premier dit : « Si ce que je dis n’est pas vrai, je veux être étouffé. » Le deuxième : « Si cela n’est pas, je veux être brûlé tout vif. » Le troisième : « Si cela n’est pas, je veux perdre les yeux. » Hélas ! La justice du bon Dieu ne tarda pas de les punir : le premier fut étouffé et mourut misérablement. Le deuxième, le feu se mit dans sa maison par une fusée d’un feu de joie que l’on faisait dans la ville, il brûla tout vivant. Le troisième, quoique puni, fut plus heureux que les autres ; il reconnut sa faute, en fit pénitence, et pleura tant qu’il en perdit la vue. En voici un autre exemple, qui n’est pas moins frappant. Nous lisons dans l’histoire de Saint Edouard, roi d’Angleterre, que le comte Gondevin, qui était beau-père du roi, était si jaloux et si orgueilleux qu’il ne voulait souffrir personne auprès du roi. Le roi lui dit un jour qu’il avait participé à la mort de son frère. « Si cela est, dit le comte, je veux que ce morceau m’étrangle. » Le roi prit ce morceau de pain, fit le signe de la croix dessus sans se douter de rien. L’autre le mangea mais il lui resta au gosier, l’étrangla, et il mourut sur le champ. Vous conviendrez avec moi, mes frères, d’après ces effroyables exemples, combien il faut que ce péché soit affreux aux yeux du bon Dieu pour qu’il veuille les punir d’une manière si terrible.

Il y a encore des pères et des mères et des maîtres et maîtresses qui ont à tout moment à la bouche ces paroles : « Ah ! Charogne d’enfant !… Ah ! Bête d’enfant !... Ah ! Imbécile d’enfant !... Que tu crèves donc une fois, tant vous me tourmentez !... Je voudrais être aussi loin que je suis près !...  Le bon Dieu ne vous punira donc pas une fois !... » (Et, en prononçant le b… et le f… : ceci a rapport aux malédictions, je vous le dis tandis que j’y pense). Oui, mes frères, il y a des parents qui ont si peu de religion, qu’ils ont toujours ces mots à la bouche. Hélas ! Combien de pauvres enfants sont infirmes et faibles d’esprit, revêches, vicieux à cause des malédictions que leurs père et mère leur ont données ! Nous lisons dans l’histoire, qu’il y avait une mère qui dit à son enfant : « Tu ne crèveras donc pas, tant tu me tourmentes ? » Ce pauvre enfant tomba mort à ses pieds. Un autre qui dit à son fils : « Le démon ne t’emportera donc pas ? » L’enfant disparut sans qu’on pût savoir où il passa. Mon Dieu ! Quel malheur ! Malheur pour l’enfant et la mère !

Il y avait dans la province de Vallerie, un homme très respectable par sa bonne conduite. Etant un jour revenu de voyage, il appelle son domestique d’une manière assez négligée, il lui dit : « Viens donc, diable de valet, viens donc me déchausser ! » De suite, sa chaussure commence à se défaire sans que personne ne la tirât. Tout épouvanté, il se mit à crier : « Retire-toi, satan, ce n’est pas toi que j’appelle mais c’est mon valet. » De sorte que le démon s’enfuit sur le champ, et sa chaussure resta à moitié retirée. Cet exemple nous prouve, mes frères, combien le démon roule autour de nous pour nous tromper et nous perdre dès que l’occasion s’en présente. C’est pour cela que nous voyons que les premiers chrétiens avaient tant d’horreur du démon, qu’ils n’osaient pas même en prononce le nom. Vous devez donc bien prendre garde de ne jamais le prononcer, ni le laisser prononcer à vos enfants et à vos domestiques : lorsque vous les entendrez, il faut les reprendre jusqu’à ce que vous voyez qu’ils soient corrigés.

Non seulement, mes frères, il est mal fait de jurer, mais encore de faire jurer les autres. Saint Augustin  nous dit que celui qui est cause qu’une autre personne a juré faussement en justice est plus coupable que celui qui commet un homicide, « parce que, nous dit-il, qui tue un homme ne tue que le corps, au lieu que celui qui fait jurer faussement un autre en justice, tue son âme. » Pour vous donner une idée de la grandeur de ce péché, je vais vous montrer combien l’on est coupable lorsque l’on prévoit que les personnes que l’on appelle en justice jureront faussement. Nous lisons dans l’histoire qu’il y avait un bourgeois dans la ville d’Hippone qui était un homme de bien mais un peu trop attaché à la terre. Il voulut contraindre un homme qui lui devait quelque chose d’aller en justice. Ce misérable jura faussement, c’est-à-dire assura qu’il ne devait rien. La nuit suivante, celui qui avait fait conduire l’autre en justice pour être payé, fut présenté lui-même devant un tribunal, où il vit un juge qui lui parla d’une voix terrible et menaçante, en lui demandant, pourquoi il avait fait parjurer cet homme, s’il ne fallait pas plutôt perdre sa dette que de damner cette âme, qu’il lui faisait grâce pour cette fois à cause de ses œuvres, mais il le condamna à être fouetté avec des verges. En effet, le lendemain, il vit son corps tout en sang.

« Mais, me direz-vous, si je ne fais pas jurer, je perdrai ce qu’il me doit. »

Mais vous aimez donc mieux perdre son âme et la vôtre que de perdre votre argent ? D’ailleurs, mes frères, soyez bien sûrs que si vous faites un sacrifice pour ne pas faire offenser le bon Dieu, vous verrez que le bon Dieu ne manquera pas de vous récompenser d’un autre côté. Cependant, ceci n’arrive pas bien souvent ; mais il faut bien prendre garde de ne jamais donner des cadeaux, ni solliciter ceux qui doivent déposer contre vous en justice de ne pas dire la vérité : vous les damneriez et vous aussi. Si vous aviez fait cela, et que l’on eût condamné quelqu’un qui ne le méritât pas, parce que vous avez dit un mensonge, vous seriez obligés de réparer tout le mal que cela a fait et de dédommager la personne, soit dans son bien, soit dans sa réputation et autant que vous le pourrez, sans quoi vous serez damnés. Il faut encore voir si vous n’avez pas eu la pensée de jurer à faux, et combien de temps cette pensée vos est restée dans l’esprit. Il y en a qui croient que parce qu’ils ne l’ont pas dit, il n’y a point de mal. Mon ami, quoique vous ne l’ayez pas dit, votre péché est commis, puisque vous êtes dans la disposition de le faire. Vous voyez encore si vous n’avez pas donné des demi-conseils. Une personne vous dira :

« Je crois que je vais être appelée en justice par un tel, qu’en penses-tu ? J’ai envie de ne pas dire ce que j’ai vu, pour ne pas le faire condamner : l’autre a bien plus de quoi payer. Cependant, je vais faire mal. »

Vous lui direz :

« Ah ! Le mal n’est pas bien grand… Tu vas trop lui porter perte. »

Si d’après cela, il jure à faux, vous êtes obligé, si celui à qui vous avez conseillé n’a pas de quoi dédommager l’autre, de le faire vous-même. Voulez-vous, mes frères, savoir ce qu’il vous faut faire en justice et ailleurs ? Ecoutez Jésus Christ lui-même qui nous dit : « Plutôt que de plaider, si l’on vous demande votre robe de dessus, donnez celle de dessous, parce que cela vous est beaucoup plus avantageux que de plaider. » Hélas ! Qu’un procès fait commettre de péchés ! Que d’âmes les procès damnent par ces serments faux, ces haines, ces tromperies et ces vengeances !

Mais voici, mes frères, les serments qui se font le plus souvent, ou plutôt, à tout bout de champ. Si nous disons quelque chose à quelqu’un, s’il ne veut pas nous croire, nous jurons même avec serment. Les pères et les mères, les maîtres et maîtresses doivent bien prendre garde à cela : souvent leurs enfants ou leurs domestiques ont fait quelque faute, ils les pressent de leur dire, si c’est eux ; et les enfants ou les domestiques, crainte d’être battus ou grondés, jureront combien de fois que ce n’est pas, qu’ils veulent bien ne pas bouger de la place si cela est. Il vaut bien mieux ne rien dire et en souffrir la perte, que de les faire damner. D’ailleurs, qu’avancez-vous ? Vous offensez tous le bon Dieu, et puis c’est tout ce que vous avez. Quel regret, mes frères, si au jour du jugement, vous voyez ces pauvres enfants damnés pour une bagatelle et une chose de rien.

Il y en a encore d’autres qui jurent ou promettent de faire ou de donner quelque chose à un autre, sans avoir l’intention de la faire. Il faut bien examiner avant de promettre une chose, si on pourra la faire. Avant de le promettre, il ne faut jamais dire : « Si je ne fais pas cela, je veux bien ne jamais voir le bon Dieu, ne pas bouger de la place. » Prenez garde, mes frères, ce sont des péchés plus horribles que vous ne pourrez jamais le comprendre. Si, par exemple, vous avez, dans un excès de colère, promis de vous venger, il est bien certain qu’il ne faudrait pas le faire : mais au contraire, bien en demander pardon au bon Dieu. Le Saint Esprit nous dit que celui qui jurera sera puni…

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