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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
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NOTRE DAME MIRACULEUSE DES ROSES ET MAMMA ROSA
21 septembre 2013

ILS SONT POUR LE MONDE

 saint_jean_baptiste_marie_vianney

Une partie, et peut-être la plus grande partie, sont tout pour le monde. Et, de ce nombre, sont ceux qui sont contents d’avoir étouffé tout sentiment de religion, toute pensée de l’autre vie, qui ont fait tout ce qu’ils ont pu pour effacer la pensée terrible du jugement qu’ils auront à subir un jour. Ils emploient toute leur science et souvent leurs richesses pour attirer autant de personnes qu’ils peuvent dans leur route. Ils ne croient plus à rien. Ils se font même gloire d’être plus impies et plus incrédules qu’ils ne le sont en réalité, pour mieux convaincre les autres, et leur faire croire, je ne dis pas les vérités, mais les faussetés qu’ils voudraient faire naître dans leur cœur. Comme Voltaire, qui, un jour, dans un dîner donné à ses amis, c’est-à-dire à des impies, se réjouissait de ce que, de tous ceux qui étaient là, pas un ne croyait à la religion. Et cependant, lui-même y croyait, comme il le montra bien à l’heure de sa mort. Alors, il demanda avec empressement un prêtre pour pouvoir se réconcilier avec le bon Dieu. Mais c’était trop tard pour lui. Le bon Dieu, contre qui il s’était déchaîné avec tant de fureur, lui avait fait comme à Antiochus : il l’avait abandonné à la fureur des démons. Voltaire n’eut dans ce terrible moment que le désespoir et l’enfer pour partage. « L’impie, nous dit le Saint Esprit, dit en lui-même qu’il n’y a point de Dieu », mais ce n’est que la corruption de son cœur qui le peut porter à un tel excès, il ne le croit pas dans le fond de son âme. Ce mot « il y a un Dieu » ne s’effacera jamais. Le plus grand pécheur le prononcera souvent, même sans y penser. Mais laissons ces impies de côté. Heureusement, quoique vous ne soyez pas aussi bon chrétiens que vous devriez l’être, grâce à Dieu, vous n’êtes pas encore de ce nombre.

Mais, me direz-vous, qui sont ceux qui sont tantôt à Dieu, tantôt au monde ? Mes frères, le voici. Je les compare (si j’ose me servir de ce terme) à ces chiens qui se donnent au premier qui les appelle. Suivez-les du matin jusqu’au soir, du commencement de l’année jusqu’à la fin. Ces gens-là ne regardent le dimanche que comme un jour de repos et de plaisir. Ils restent plus longtemps au lit que les jours de la semaine et, au lieu de donner leur cœur au bon Dieu, ils n’y pensent pas même. Ils penseront, les uns à leur plaisir, aux personnes qu’ils verront ; les autres, aux marchés qu’ils feront ou à l’argent qu’ils iront porter ou recevoir. A peine font-ils un signe de croix, tant bien que mal. Sous prétexte qu’ils iront à l’église, ils ne feront point de prières en se disant : « Oh ! J’ai bien le temps de la faire avant la messe. » Ils ont toujours à faire avant de partir à la messe. Ils ont cru du reste qu’ils auraient le temps de faire leur prière et ils ne sont pas seulement au commencement de la sainte messe. S’ils trouvent un ami en chemin, ils ne font point de difficulté de le mener chez eux et de laisser la messe pour une autre fois. Cependant, comme ils veulent encore paraître chrétiens aux yeux du monde, ils y vont encore quelquefois. Mais c’est avec un ennui et un dégoût mortels. Voilà la pensée qui les occupe : « Mon Dieu, quand est-ce que cela sera fini ? » Vous les voyez à l’église, surtout pendant l’instruction, tourner la tête d’un côté et d’un autre, demander à leur voisin quelle heure il est. D’autres baillent et s’étendent, tournent les feuillets de leur livre, comme pour examiner si le libraire y a fait quelques fautes. D’autres, vous les voyez dormir comme dans un bon lit. La première pensée qui se présente à eux, ce n’est pas d’avoir profané un lieu si saint mais : « Mon Dieu, cela ne finira plus ! … Jamais, je ne reviens… » Et enfin, d’autres à qui la parole de Dieu (qui a tant converti de pécheurs), donne mal au cœur. Ils sont obligés de sortir, disent-ils, pour respirer un peu l’air, pour ne pas mourir. Vous les voyez tristes, peinés pendant les saints offices. Mais lorsque l’office est fini (et même souvent, le prêtre n’est pas encore descendu de l’autel, qu’ils se pressent à la porte à qui sortira le premier), vous voyez alors renaître cette joie qu’ils avaient perdue à l’office. Ils sont si fatigués que souvent, ils n’ont pas le courage de revenir à vêpres. Si on leur demande pourquoi ils ne vont pas à vêpres : « Ah ! vous disent-ils, il faudrait être toute la journée à l’église ; nous avons autre chose à faire ! » Pour ces personnes-là, il n’est question ni de catéchisme, ni de chapelet ni de prière du soir. Tout cela est regardé par elles comme des riens. Si on leur demande ce que l’on a dit à l’instruction : « Ah ! vous répondront-ils, il a assez crié !... Il nous a assez ennuyés !... Je ne m’en rappelle pas seulement !... Si ce n’était pas si long, on retiendrait bien mieux. Voilà ce qui dégoûte le monde d’aller aux offices : c’est parce que c’est trop long… » Vous avez raison de dire : le monde, parce que ces gens-là sont du nombre de ceux qui sont du monde, sans bien le savoir. Mais, allons, nous tâcherons de leur mieux faire comprendre (du moins, s’ils le veulent). Mais étant sourds et aveugles (comme ils le sont), il est bien difficile de leur faire entendre les paroles de vie, et étant aveugles, il sera encore mal aisé de leur faire comprendre leur état malheureux. D’abord, chez eux, il n’est plus question de dire le Bénédicité avant le repas, ni leur action de grâces après, ni leur Angélus. Si, par une ancienne habitude, ils le font, si vous en êtes témoin, cela vous fait mal au cœur : les femmes le font en travaillant, en criant après leurs enfants ou leurs domestiques ; les hommes le font en tournant leur chapeau ou leur bonnet entre les mains, comme pour examiner s’ils ont des trous. Ils pensent autant au bon Dieu, que s’ils croyaient véritablement qu’il n’y en ait point, et que c’est pour rire qu’ils font cela. Ils ne se font point scrupule de vendre ou d’acheter le saint jour du dimanche, quoiqu’ils sachent très bien (ou du moins ils doivent savoir) qu’un marché un peu gros fait le dimanche, sans nécessité, est un péché mortel. Ces gens-là regardent toutes ces choses comme des riens. Ils iront dans une paroisse, en ces saints jours, pour affermer les domestiques. Si on leur dit qu’ils font mal : « Ah ! vous disent-ils, il faut bien y aller quand on peut les trouver. » Ils ne font point difficulté d’aller payer leurs impôts le dimanche, parce que dans la semaine, il faudrait aller un peu plus loin, et prendre quelques moments de plus.

Ah ! Me direz-vous, nous ne faisons pas attention à tout cela.  

Vous ne faites pas attention à tout cela, mon ami, je n’en suis pas étonné, c’est que vous êtes du monde. Vous voudriez être à Dieu et contenter le monde. Savez-vous, mes frères, ce que sont ces personnes ? Ce sont des personnes qui n’ont pas encore entièrement perdu la foi, et à qui il reste encore quelque attachement au service de Dieu, qui ne voudraient pas tout abandonner, car elles blâment elles-mêmes ceux qui ne fréquentent plus les offices ; mais elles n’ont pas assez de courage pour rompre avec le monde, et pour se tourner du côté du bon Dieu. Ces gens-là ne voudraient pas se damner, mais ils ne voudraient pas non plus se gêner. Ils espèrent pouvoir se sauver, sans tant se faire de violences. Ils ont la pensée que le bon Dieu étant si bon, ne les a pas crées pour les perdre, qu’il les pardonnera bien tout de même, qu’un temps viendra où ils se donneront au bon Dieu, qu’ils se corrigeront, qu’ils quitteront leurs mauvaises habitudes. Si, dans quelques moments de réflexion, ils se mettent leur pauvre vie un petit peu devant les yeux, ils en gémissent, et quelquefois même, ils en verseront des larmes…

Hélas ! Mes frères, quelle triste vie mènent ceux qui voudraient être au monde sans cesser d’être à Dieu ! Allons un peu plus loin et vous allez encore mieux comprendre, vous allez voir combien leur vie même est ridicule. Un moment vous les entendrez prier le bon Dieu ou faire un acte de contrition, et un autre moment, vous les entendrez jurer, peut-être même le Saint nom de Dieu, si quelque chose ne va pas comme ils veulent. Ce matin, vous les avez vus à la sainte messe chanter ou entendre les louanges de Dieu et, dans le même jour, vous les voyez tenir les propos les plus infâmes. Les mêmes mains qui ont pris de l’eau bénite, en demandant à Dieu de les purifier de leurs péchés, un instant après, les mêmes mains sont employées à faire des attouchements sales sur eux ou peut-être même sur d’autres. Les mêmes yeux, qui, ce matin, ont eu le grand bonheur de contempler Jésus Christ lui-même dans la sainte hostie, dans le courant du jour, se porteront volontairement sur les objets les plus déshonnêtes, et cela, avec plaisir. Hier, vous avez vu cet homme faire la charité à son prochain, ou lui rendre service. Aujourd’hui, il tâchera de le tromper, s’il peut y trouver son profit. Il n’y a qu’un moment que cette mère souhaitait toutes sortes de bénédictions à ses enfants, et maintenant qu’ils l’ont contrariée, elle les accable de toutes sortes de malheurs : elle ne voudrait jamais les avoir vus, elle voudrait être aussi loin d’eux qu’elle en est près, elle finit par les donner au démon, afin de s’en débarrasser ! Un moment, elle envoie ses enfants à la sainte messe ou se confesser. Un autre, elle les enverra à la danse, ou du moins, elle fera semblant de ne pas le savoir, ou elle le leur défendra en riant, ce qui veut dire : « Pars ! ». Une fois, elle dira à sa fille d’être bien réservée, de ne pas fréquenter les mauvaises compagnies et, une autre fois, elle la voit passer des heures entières avec des jeunes gens, sans rien lui dire. Allez, ma pauvre mère, vous êtes du monde. Vous croyez être à Dieu, par quelque extérieur de religion que vous pratiquez. Vous vous trompez : vous êtes du nombre de ceux à qui Jésus Christ a dit : « Malheur au monde. » Voyez ces gens qui croient être à Dieu et qui sont au monde : ils ne se font pas scrupule de prendre à leur voisin, tantôt du bois, tantôt quelques fruits et mille autres choses. Tant qu’ils sont flattés dans leurs actions, qu’ils font pour ce qui regarde la religion, ils ont même bien du plaisir à le faire, ils montrent beaucoup d’empressement, ils sont bons pour donner des conseils aux autres. Mais, sont-ils méprisés ou calomniés, alors vous les voyez se décourager, se tourmenter parce qu’on les traite de cette manière. Hier, ils ne voulaient que du bien à ceux qui leur font du mal, et aujourd’hui, ils ne peuvent plus les souffrir, ni souvent même les voir ni leur parler.

Pauvre monde ! Que vous êtes malheureux, allez votre train ordinaire, allez, vous ne pouvez espérer que l’enfer ! Les uns voudraient même fréquenter les sacrements, au moins une fois l’année. Mais, pour cela, il faudrait un confesseur bien facile. Ils voudraient seulement… et voilà tout. Si le confesseur ne les voit pas assez bien disposés et qu’il leur refuse l’absolution, les voilà qui se déchaînent contre lui, en disant tout ce qui pourra les justifier de ce qu’ils n’ont pas achevé leur confession. Ils en diront du mal. Ils savent bien pourquoi ils restent en chemin. Mais comme ils savent aussi que le confesseur ne peut rien leur accorder, alors ils se contentent en disant tout ce qu’ils veulent. Allez, monde, allez votre train ordinaire, vous verrez un jour ce que vous n’avez pas voulu voir. Il faudrait donc que nous puissions partager notre cœur en deux ! Mais non, mon ami, ou tout à Dieu ou tout au monde. Vous voulez fréquenter les sacrements ? Eh bien ! Laissez les jeux, les danses et les cabarets. D’ailleurs vous avez bien bonne grâce de venir aujourd’hui vous présenter au tribunal de la pénitence, vous asseoir à la table sainte manger le pain des anges. Dans trois ou quatre semaines, peut-être moins, l’on vous verra passer la nuit parmi les ivrognes qui regorgent de vin, et encore bien plus, faire les actes les plus infâmes de l’impureté. Allez, monde, allez ! Vous serez bientôt en enfer. On vous y apprendra ce que vous deviez faire pour aller au ciel que vous avez perdu bien par votre faute…

Malheur au monde ! Allez, monde, suivez votre maître comme vous l’avez fait jusqu’à présent. Vous voyez très bien que vous vous êtes trompés en suivant le monde. Eh bien ! Mes frères, en serez-vous plus sages ? Non, mes frères, non. Si une personne nous trompe une fois, nous dirons : « Nous ne nous fions plus à elle ; et nous avons bien raison. » Le monde nous trompe continuellement, et cependant, nous l’aimons. « Gardez-vous bien, nous dit Saint Jean, d’aimer le monde et de vous attacher à quoi que ce soit dans le monde. » « C’est en vain, nous dit le Prophète, que nous porterions la lumière à cette sorte de gens. Ils ont été trompés et ils le seront encore. Ils n’ouvriront les yeux que dans le temps, où ils n’auront plus d’espérance de revenir à Dieu. » Ah ! Mes frères, si nous faisions bien réflexion sur ce que c’est que le monde, nous passerions notre vie à recevoir ses adieux et à lui faire les nôtres. A l’âge de quinze ans, nous avons dit adieu aux amusements de l’enfance, nous avons regardé comme des niaiseries que de courir après les mouches, comme font les enfants qui leur bâtissent des maisons de cartes ou de boue. A trente ans, vous avez commencé à dire adieu aux plaisirs bruyants d’une jeunesse fougueuse. Ce qui vous plaisait si fort dans ce temps-là, commence déjà à vous ennuyer. Disons mieux, mes frères, chaque jour, nous disons adieu au monde. Nous faisons comme un voyageur qui jouit de la beauté des pays où il a passé. A peine les voit-il, qu’il faut déjà les quitter. Il en est de même des biens et des plaisirs auxquels nous avons tant d’attache. Enfin, nous arrivons au bord de l’éternité, qui engloutît tout dans ses abîmes. Ah ! C’est alors, mes frères, que le monde va disparaître pour toujours à nos yeux, et que nous reconnaîtrons notre folie de nous y être attachés. Et tout ce que l’on nous a dit du péché !... Tout cela était donc bien vrai, dirons-nous. Hélas ! Je n’ai vécu que pour le monde, je n’ai cherché que le monde dans tout ce que j’ai fait, et les biens et les plaisirs du monde ne sont plus rien pour moi ! Tout m’échappe des mains : ce monde que j’ai tant aimé, ces biens et ces plaisirs, qui ont tant occupé mon cœur et mon esprit !... Il faut maintenant que je retourne vers mon Dieu !... Ah ! Mes frères, que cette pensée est consolante, pour celui qui n’a cherché que Dieu seul pendant sa vie ! Mais qu’elle est désespérante pour celui qui a perdu de vue son Dieu et le salut de son âme.

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